Démonstrations de l'existence de DieuCommençons par les erreurs de fausses démonstrations pour ou contre l'existence de Dieu. La première erreur est celle des modernistes qui cherchent une preuve de cette existence par le moyen de l’immanence (c’est-à-dire de l’expérience intérieure). Cette attitude est subjective et non recevable.
La seconde erreur est celle de la philosophie idéaliste kantienne qui nie la possibilité d’une démonstration rigoureuse de l’existence de Dieu. Il s'agit d'une tautologie cyclique.
Démonstration par AristoteThéorie de la démonstrationNous estimons posséder la science d'une chose d'une manière absolue, et non pas, à la façon des Sophistes, d'une manière purement accidentelle5, quand nous croyons que nous connaissons la cause par laquelle la chose est, que nous savons que cette cause est celle de la chose, et qu'en outre il n'est pas possible que la chose soit autre qu'elle n'est. Il est évident que telle est la nature de la connaissance scientifique ; ce qui le montre, c'est l'attitude aussi bien de ceux qui ne savent pas que de ceux qui savent : les premiers croient se comporter comme nous venons de l'indiquer, et ceux qui savent se comportent aussi en réalité de cette même façon. Il en résulte que l'objet de la science au sens propre est quelque chose qui ne peut pas être autre qu'il n'est.
Quand la démonstration est universelle, quel que soit le sujet à démontrer, la démonstration est juste. Aristote démontre d'abord que son invention, la Logique, a l'autorité nécessaire et suffisante pour démontrer. Il est clair aussi que si les prémisses dont procède le syllogisme sont universelles, la conclusion d'une telle démonstration, c'est-à-dire de la démonstration prise au sens absolu, est nécessairement aussi éternelle.
Démonstration en pdfDémonstration par Saint AnselmeElle est résumable par da fameuse phrase : « Si Dieu est un être parfait, il ne peut être privé d'aucune qualité, y compris l'existence. »
Démonstration en pdfL'interprétation classique de l'argumentation d’Anselme peut être schématisée par les six propositions suivantes :
1. Dieu est tel que rien de plus grand ne peut être pensé.
2. Quelque chose de tel que rien de plus grand ne peut être pensé
existe au moins dans l'esprit de l'insensé, qui en nie pourtant l'exis tence réelle.
3. Si ce qui est tel que rien de plus grand ne peut être pensé est seu lement dans un esprit, cela même peut être pensé comme étant aussi dans la réalité, ce qui est plus grand.
4. Si donc ce qui est tel que rien de plus grand ne peut être pensé est seulement dans un esprit, alors ce n'est pas ce qui est tel que rien de plus grand ne peut être pensé.
5. Mais il est contradictoire de dire que ce qui est tel que rien de plus grand ne peut être pensé est tel que quelque chose de plus grand peut être effectivement pensé.
6. Par conséquent, ce qui est tel que rien de plus grand ne peut être pensé existe aussi bien dans la réalité que dans l'esprit.Démonstration par Saint Thomas d'Aquim, commentateur d'AristoteSaint Thomas d’Aquin répond à la question « Dieu existe-t-il ? » en pré- sentant cinq voies de démonstration.
Ces cinq voies épuisent, pensons-nous, tous les genres de démonstrations possibles.
En effet, pour démontrer l’existence de Dieu il faut utiliser une preuve a posteriori, c’est-à-dire qui remonte des effets à leurs causes (voir les articles précédents), et de causes en causes jusqu’à la première cause.
Or il n’y a que cinq genres de causes possibles.
Nous les énumérons ici dans l’ordre des cinq voies : la matière, l’agent (ou cause efficiente), la forme intrinsèque, la forme extrinsèque (ou idéale) et la fin. Ces cinq genres de cases répondent aux diverses questions que l’on peut se poser sur un objet :
1. En quoi cela est-il fait ? (
cause matérielle) ;
2. Qui l’a fait ? (
cause efficiente) ;
3. Qu’est-ce que c’est ? (
cause formelle intrinsèque) ;
4. Sur quel modèle l’a-t-on fait ? (
cause formelle extrinsèque) ;
5. A quoi cela sert-il ? (
cause finale).
Démonstration en pdfDémonstration par DescartesLe point de départ de cette argumentation demeure le doute. En effet, c'est parce qu'il doute, et que douter est une action de la pensée, que Descartes se convainc qu'il existe. A cet égard, nous pourrions paraphraser Descartes et dire: je doute, donc je pense, donc je suis. Ainsi, de cogito ergo sum nous pouvons passer à dubito ergo sum. Réfléchissant davantage sur ce doute, Descartes remarque qu'une conséquence de cette action de la pensée était que: « mon être n'était pas tout parfait, car je voyais clairement que c'était une plus grande perfection de connaître que de douter ». Le doute rend donc compte de l'imperfection du cogito. Ce cogito s'aperçoit de son imperfection par contraste avec l'idée qu'il possède d'un être plus parfait que lui. Descartes en vient à se poser la question à savoir d'où provient cette idée: « je connus évidemment que ce devait être de quelque nature qui fut en effet plus parfait ». Descartes argumente que le cogito ne peut pas être l'instigateur de cette idée, et ce parce que le cogito est imparfait et qu'il serait contradictoire de soutenir que le plus parfait provient du moins parfait. Ainsi, Descartes affirme que cette idée d'un être plus parfait doit avoir été mise en nous par un être plus parfait que nous, un être : « qui eût en soi toutes les perfections dont je pouvais avoir quelque idée, c'est-à-dire, pour m'expliquer en un mot, qui fût Dieu ».
Effectivement, nous venons de voir que si Dieu est nécessaire pour rendre compte de l'idée de Dieu que nous avons, c'est parce que la cause doit être égale ou supérieure à son effet. CQFD.
Démonstration en pdfDémonstration par FénelonThéorie de la démonstrationDémonstration de l'existence de Dieu tirée du spectacle de la nature et de la connaissance de l'homme, et preuves de l'existence de Dieu tirées de l'aspect général de l'univers.
Principes de la démonstration de FénelonDémonstration en pdfAutres démonstration de l'existence de DieuEn suivant une tripartition assez traditionnelle, et en partie due à Kant, nous nous attacherons à la ou plutôt aux preuves téléologiques, cosmologiques et ontologiques, en restituant à chaque fois quelques éléments d’histoire de ces arguments (Aristote, Maïmonide, Thomas d’Aquin, David Hume, Kant), mais en nous concentrant sur le coût des prémisses et les problèmes qu’elles soulèvent : métaphysiques (ordre, causalité, existence, nécessité) et épistémologiques (nature des inférences, probabilités), et sur les développements apportés par les philosophes plus contemporains (Swinburne, Plantinga, Mackie, Oppy).
- Paley Théologie naturelle
- Clarke Traité de l’existence de Dieu
- Hume Dialogues sur la religion naturelle
- Kant La preuve physico-théologique
- Dawkins L’Horloger aveugle
- Swinburne L’argument du dessein
- Swinburne Probabilité du théisme
- Swinburne Pas d’explication impersonnelle
- Sober The Design Argument
- L’argument cosmologique (1) l’argument du kalam
- Annexe sur le commencement
- L’argument cosmologique (2) : l’impossibilité d’une régression causale
- L’argument cosmologique (3) Le PRS
- L’argument ontologique
Petite bibliographie en françaisDavid Hume, "Dialogues sur la religion naturelle", Vrin
Paul Clavier, "Qu’est-ce que la théologie naturelle ?" Vrin
Cyrille Michon et Roger Pouivet (éd.), "Philosophie de la religion", Vrin
Richard Swinburne, "Y a-t-il un Dieu ?", Ithaque