Le saint abandon

On peut faire un bon usage de la santé de la maladie, on peut abuser de l'une et de l'autre.

La santé se recommande assez par elle-même. Il n'est pas nécessaire d'établir qu'il favorise la prière, les pieuses lectures, l'occupation continuelle avec Dieu, qu'elle facilite le travail manuel ou intellectuel, quelle rend moins pénible l'accomplissement de nos devoirs journalier. C'est un précieux bienfaits du ciel, on ne l' apprécie jamais aussi bien qu'après l'avoir perdu.
Pendant qu'on la possède hélas on ne pensera pas toujours à remercier Dieu qui nous le donne. On aura peut-être plus de peine à soumettre le corps à l'esprit, à ne pas trop se répandre dans les soins de la vie présente, à vivre uniquement pour l'éternité qui ne paraît pas imminente.

La maladie, comme la santé, est un don de Dieu. Il nous l'envoie pour éprouver notre vertu ou pour nous corriger de nos défauts, pour nous montrer notre faiblesse ou pour nous désabuser sur notre propre compte, pour nous détacher de l'amour des choses terrestres et des plaisirs sensuels, pour amortir l'ardeur impétueuse et diminuer les forces de la chair, notre plus grand ennemi. Pour nous rappeler que nous sommes ici-bas dans un lieu d'exil et que le ciel est notre véritable patrie. Pour nous procurer enfin tous les avantages qu'on recueille de cette épreuve quand on l'accepte avec gratitude comme une faveur spéciale.

Pour moi dit Saint Alphonse, j'appelle le temps des maladies la pierre de touche des esprits. Car c'est alors qu'on découvre ce que vaut la vertu d'une âme. Si elle supporte cette épreuve sans inquiétude, sans plainte, sans désir, en obéissant aux médecins, à ses supérieurs, si elle reste tranquille, entièrement résignée à la volonté de Dieu, c'est un signe qu'il y a en elle un vrai fond de vertu. Mais que doit-on penser d'un malade qui se plaint du peu de soins qu'il reçoit des autres, de ses souffrances qu'il trouve insupportables, de l'inefficacité des remèdes, de l'ignorance du médecin, et qui va parfois jusqu'à murmurer contre Dieu même, comme s'il le traitait trop durement ?
Dès lors, il n'y a rien de mieux à faire que de nous établir dans une sainte indifférence, et de nous en remettre au bon plaisir divin, quel qu'il soit. C'est la condition nécessaire pour nous tenir toujours prêt à recevoir avec amour et confiance ce que la providence trouvera bon de nous envoyer: la pleine vigueur, la faiblesse, la maladie ou les infirmités.

Confiance
La foi dans la toute-puissante providence de Dieu, la méditation assidue de cet attribut, porte l'âme à la confiance. La confiance est une espérance en Dieu tout imprégnée d'amour. Lorsqu'elle devient habituelle, elle s'épanouit dans l'abandon à notre Père. Alors les épreuves sont acceptées presque immédiatement et amoureusement.
"Même si il me tuait, je continuerais à espérer en lui" s'écriait le saint homme Job au cœur de son épreuve (Job 13:15). Plus près de nous, la petite Anne de Guinié (1911-1922) a brillé par sa foi et son abandon entre les mains de Dieu. Elle avait une nature difficile : coléreuse, très volontaire dominatrice porté à la désobéissance et à l'orgueil. Après sa conversion, elle devint peu à peu par sa prière et ses efforts, un modèle de docilité, d'abandon, de confiance en Dieu. Sa foi l'élevait à la pensée de la providence de Dieu qui ne cesse de nous accompagner.
Chers amis, reposons-nous dans la foi inébranlable à la toute-puissante providence de Dieu. Cela suppose d'éviter la consultation incessantes des nouvelles, des méchancetés sur Internet et, au contraire de consacrer plus de temps à la prière intérieure, à l'étude du mystère de Dieu, mais aussi à celle du mystère d'iniquité, de façon à éviter à la fois l'irénisme et le manichéisme. Si nous savions adorer, rien ne pourrait véritablement nous troubler. Nous traverserions le monde avec la tranquillité des grands fleuves.

La paix intérieure ne demande pas de maturité émotionnelle.

La paix intérieure est en dehors de l'émotionnel. Cette paix n'est pas une réaction contre quelque chose ou quelqu'un, elle est une action libre dans l'abandon à la grâce de Dieu. Ici commence la spiritualité, ici s'achève l'athéisme qui est une impasse.

Mais le prix à payer de la spiritualité sera cette "nuit mystique" dont toutes les saintes & les saints ont rendu témoignages. On devient une coquille vide, on crie à l'abandon de Dieu parce que soudainement tout se dérobe sous vos pieds. Il faut le vivre, sinon on ne comprend rien.

Nous fêtons ce jour 21 mai 2020 férié l'Ascension partout dans le monde. C'est ici que la nuit s'achève & nous comprenons que Dieu ne nous a jamais abandonné, c'est seulement nous qui nous désespérions de quitter les apparences mondaines pour aller au libre abandon.

Le saint abandon n'est pas une lâcheté.
Il y a des gens cruels qui abandonnent leur animal de compagnie pour partir en vacances. Un chien est fidèle, il ne vous abandonnera que pour une vraie raison.

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