La technique de Lagoya est à expliquer. Elle est l'inverse de celle de Segovia.
Chez Lagoya, on bute les cordes en supination, ce qui est contre nature biomécanique chez l'humain. En contre partie, on perd évidemment en vitesse mais le son est plus puissant. Chez Segovia, on bute en pronation, bord interne des ongles donc, ce qui est naturel, suivant l'école du flamenco. On perd en sonorité, jusqu'au flamenco ou la vitesse est prioritaire au détriment du son, d'où des guitares particulières, les flamencas.
On ne gagne donc jamais en vitesse dans l'école Lagoya, ce n'est absolument pas le but : on abandonne la vélocité au profit de la qualité sonore.
Les conséquences de ces deux écoles opposées sont anatomiques. Ayant eu un professeur de l'école Lagoya, étant sportif en jeux de raquettes divers principalement (CREPS, UREPS), il y avait une totale opposition avec l'enseignement de la biomécanique qui insiste sur le refus de s'opposer aux mouvements naturels de nos articulations. Les clefs de poignet en aïkido sont naturelles en infligeant une supination à son adversaire puisque, n'ayant quasiment aucune course, il bascule en chute pour s'éviter de se briser le poignet, ce qu'on nomme en arts martiaux chinois les Qinas. Ils sont interdits d'enseignement, et réservés aux policiers anti-émeutes... Le son est très puissant, si la guitare suit évidemment. Dans cette école française, la prépondérance est au raffinement. Ces guitaristes n'ont de cesse de soigner leurs ongles constamment, le mieux étant de loin de se faire poser des ongles synthétiques. C'est tout un art et des soins constants. Le danger est dans les blessures : tendinites, arthrose précausse, et l'interdiction formelle des sports faisant travailler justement les poignets (pelote basque, etc.). Ce professeur dut arrêter parce qu'il s'était blessé...
Aujourd'hui, cette école est amoindrie, on préfère agir légèrement dans ce type de butée, se rapprochant de la technique française du luth.
L'école flamenca au contraire a trouvé toute son expression vivante avec une expansion mondiale du jeu de la flamenca, grâce notamment au génie de Paco de Lucia et à la continuation de l'école espagnole omniprésente. On ne peut pas gagner en rapidité avec l'école Lagoya, au contraire. On y cherche tout autre chose, la puissance sonore et la qualité magnifique du son auprès d'un luthier.