Le trac devant les autres

C'est grave docteur ?
Comment se faire confiance et jouer avec la même passion que seul quand on s’amuse ?

En fait, notre corps n’est pas serein, il n’est pas prêt à jouer. Tout est dit ! Quand le problème est bien posé, il contient la solution à moitié, toujours.

Je reprends donc les propos que diffusent notre trac devant les autres.
on ne joue pas pour les autres quand on joue devant les autres, on joue toujours pour soi : pourquoi jouer pour les autres ? On sera toujours malheureux si on s'attaches aux autres, parce qu'ils ne dépendent pas de nous. Admettons que tu joues très bien, un seul avis négatif peut blesser ensuite... Tu joues pour toi, à l'intérieur de toi.

succomber au trac : la peur d'avoir peur est une phobie sociale. Tu fermes les yeux, ce qui est selon Karajan la meilleure façon de voir et conduire la musique classique. Qu'est-ce qu'il y a ? Il n'y a que toi. Et si tu observes en simple visiteur indifférent tes pensées automatiques, tes angoisses donc, tu les laisses passer comme des nuages. Souviens-toi de bien t'enraciner. Cela s'apprend. Et là où passent les pensées automatiques, les craintes (qui, par un jeu de mot, sont des criantes) ne laissent aucune trace, comme les nuages du ciel semblent assombrir la terre mais seulement par leurs ombres qui n'existent pas en réalité. Il n'y a donc rien que toi, toi et ta paix profonde quand tu es en relaxation.

mes doigts : comment voyons-nous qu'un arbre est malade ? Par ses feuilles. Et où doit-on le soigner ? A ses racines. Idem, tes doigts sont des feuilles que le vent de la peur font trembler, jusqu'à l'engourdissement. Mais si tu t'enracines par tes pieds, tu es forte et aucun vent ne viendra te déraciner. Il s'agit d'un travail de visualisation très efficace. Je t'en reparlerai.

je connais par coeur : tu connais avec le coeur mais tu confonds les émotions, puisque tu trembles. Au lieu de jouer de la musique, essaye de laisser la musique d'exprimer, c'est à dire une fois les techniques maîtrisées, reviens à toi-même. Tu t'exprimes, tu interprètes, tu vis. Quelqu'un qui porte du charisme ne fait jamais de fausses notes, parce qu'il est authentique. Pourquoi dans la vie personne ne te demande d'être parfaite et soudainement qui te le demande ? Tes angoisses. Laisse tomber les fausses notes par terre, elle sécheront de suite sans prendre racine. Et alors personne ne les entendra, tu comprends ? Je ne connais pas un professionnel qui ne fasse pas de fausses notes en concert. Donc tu triompheras de tes craintes quand tu accepteras les fausses notes parce qu'elles font partie de la vie ! La première victoire est de jouer faux ! Voilà le vrai courage. Et tu n'en es pas persuadée, dis-toi à toi-même : i]"désolée d'être moi-même mais c'est ainsi que j'aime."[/i] Cela te fera grandir dans la vie. N'oublie pas que derrière un arbre il y a la forêt. Eh quoi ! Pour un seul instrument on regarderait aux fausses notes ? Mais alors un orchestre ferait un vacarme fou. Les gens t'écouteront avec leur coeur, les autres ne feront qu'entendre le bruit des mondanités.

j’ai oublié : un truc tout simple est de poser ses partitions sur son pupitre, en demandant qu'une personne vous tourne les pages. Cela ne sert qu'à troubler les autres, et on est plus serein, car si donc de ne pas se tromper en tournant les pages est un exercice stressant, quoique très charmant, l'artiste pardonne, et tout va bien. Quand on est face aux autres, il est essentiel d'intégrer les autres, par exemple à ses conférences. Sinon comment ferais-je devant des centaines de personnes en d'autres langues ? Qui plus est, les lumières ciblent et je vois rien du parterre, tout est obscur. Tout s'apprend. Le propre de tout art est d'arriver à la maîtrise de soi. Le propre de tout art martial n'est pas de maîtriser un adversaire, mais soi-même. Dis-toi que tu n'as pas besoin de la peur pour être bien, et elle te laissera tranquille.

me faire confiance : toute la vie tu te poseras cette question d'existence à soi-même. Tu existes pour toi-même, parce que toi tu existes aussi. Et en toi, tu es chez toi, bien protégée. Pourquoi aller aux autres ? Laisse-les aller à toi.

seule quand je m’amuse : tu as trouvé le but du jeu, s'amuser. Pour ne pas être trop long, la prochaine fois je dirai comment s'entraîner à la maîtrise de soi, c'est à dire à la rencontre avec soi.

En fait, mon corps n’est pas serein : il y a deux écoles de la maîtrise de soi : la cognitive et la comportementale. On en reparlera, promis.

il n’est pas prêt à jouer : si, le corps est prêt à tout. toujours. Il te sauvera. Ta "boîte à idées", ton cerveau donc, n'est pas serein. Il fait son tour de France avec ses petits vélos. Pas de panique, la peur seule se lassera parce qu'elle n'est rien.
Musicalement :bye: