- Je progresse, dit un jour Yen Houei.
- Que veux-tu dire? s'étonna Confucius.
- J'oublie la bonté et la justice.
- C’est bien, dit Confucius, mais ce n’est pas
assez.
Un autre jour, Yen Houei revint trouver le maître et
lui déclara:
- Je progresse.
- C’est à dire? s'enquit Confucius.
- J'oublie les rites et la musique.
- C’est bien, mais c’est encore insuffisant.
Une troisième fois, Yen Houei se rendit chez le
maître et lui dit:
- Je progresse encore.
- C’est à dire?
- Je suis maintenant assis dans l'oubli !
Confucius eut un sursaut et demanda vivement:
- Qu'est-ce que tu entends par là?
- Je laisse aller mes membres, j'offusque ma vue et mon ouïe, je me détache des phénomènes pour me perdre dans le grand Tout. Voilà ce que j'entend par m'asseoir dans l'oubli.
- T'identifiant aux choses, tu n'as plus d'inclination, pris dans les transformations, tu n'es plus soumis à la règle commune.
Tu es un sage.
Permets-moi de te servir comme disciple dit Confucius.