Rappel du premier message :Tunisie : un policier tué et huit blessés dans deux attentats-suicides à Tunis
Ce double attentat témoigne de la résilience de certains groupes terroristes en Tunisie, malgré une amélioration générale de la situation sécuritaire.
Par Frédéric Bobin et Mohamed Haddad Publié aujourd’hui à 13h46, mis à jour à 15h15
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les forces de sécurité tunisiennes sur l’avenue Bourguiba, à Tunis le 27 juin 2019. FETHI BELAID / AFP
Un policier a été tué et huit autres personnes ont été blessées, jeudi 27 juin à Tunis, dans deux attentats différents dans le centre-ville et devant une caserne de la garde nationale, des incidents témoignant de la résilience de certains groupes terroristes en Tunisie malgré une amélioration générale de la situation sécuritaire.
La première attaque, qui a fait cinq blessés, a été perpétrée par un kamikaze s’étant fait exploser devant une voiture de la police municipale. Selon un journaliste du Monde Afrique présent sur place, l’attaque a eu lieu au niveau des arcades de l’avenue Charles-de-Gaulle qui prolonge la célèbre avenue Bourguiba vers l’entrée de la médina. « J’ai vu les parties du corps du kamikaze se disperser », témoigne une femme en état de choc. Un autre témoin rapporte qu’il a vu la « voiture de police soulevée » par le souffle de l’explosion.
Dans les minutes qui ont suivi, des unités antiterroristes, le visage dissimulé par des cagoules, ont fait leur apparition, bloquant les accès des différentes rues de ce centre-ville très fréquenté. Au milieu des sirènes hurlantes, de nombreux policiers en civil vérifiaient l’identité de passants leur semblant présenter l’apparence de ressortissants étrangers. Par ailleurs, un autre véhicule a explosé sur le parking de la direction antiterroriste de la caserne d’El Gorjani, à Tunis, faisant quatre blessés parmi les policiers.
« Nous avions démantelé ces dernières semaines de nombreuses cellules terroristes dormantes », a commenté un responsable de l’information du gouvernement, Yousef Chahed, qui fait état d’une opération de « démantèlement » jeudi matin dans la région de Gfasa (centre-ouest).
Ce double attentat survient dans un contexte politique tendu, alors que les Tunisiens sont appelés à voter à l’automne pour un double scrutin, législatif et présidentiel. L’adoption d’une nouvelle loi électorale visant à écarter des candidats « outsiders » bousculant les partis politiques établis a soulevé de vives controverses. Pour ne rien arranger à ce climat chargé d’inquiétudes, le président de la République Béji Caïd Essesbsi, âgé de 92 ans, a été hospitalisé jeudi pour un « malaise grave », a annoncé la présidence tunisienne.
Année noire de 2015
Le 29 octobre 2018, une attaque quasi similaire à celle de jeudi s’était produite sur l’avenue Bourguiba. Une femme kamikaze s’était fait exploser à proximité d’un véhicule de police, blessant vingt personnes, dont quinze membres des forces de l’ordre et cinq civils.
Ces deux séries d’attaques – de facture plutôt artisanale – surviennent alors que la Tunisie avait recouvré une certaine sécurité après l’année noire de 2015. Celle-ci avait vu se succéder l’attaque contre le Musée du Bardo le 18 mars (vingt-deux morts, dont vingt et un touristes et un policier), l’assaut contre la station balnéaire de Port El-Kantaoui près de Sousse le 26 juin (trente-huit touristes étrangers tués) et l’attentat-suicide contre un bus de la garde présidentielle dans la capitale le 24 novembre (douze policiers tués).
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Ces trois attaques avaient été revendiquées par l’organisation Etat islamique (EI). Tout comme l’EI avait revendiqué l’attaque du 7 mars 2016 contre Ben Gardane, ville frontalière avec la Libye, qui avait tué, à l’issue de combats très violents, douze membres des forces de l’ordre et sept civils. Quarante-six assaillants djihadistes avaient aussi trouvé la mort.
Depuis lors, le péril terroriste avait cessé de préoccuper la population tunisienne alors que les forces de sécurité poursuivaient leur travail de démantèlement des « cellules dormantes ». La perception extérieure de la Tunisie s’était notablement améliorée comme l’a illustré une reprise de la fréquentation touristique ces deux dernières années.