Commentaire du Deuteronome XXVIII-63 (28-63)
On nous cite souvent en Deuteronome XXVIII-63 que Dieu "prend plaisir à nous faire périr et à nous détruire". Cela vient de Voltaire et la traduction est coupée...
Voici le verset complet du Deutéronome XXVIII-63 :
"Autant Yahvé avait pris plaisir à vous rendre heureux et à vous multiplier, autant il prendra plaisir à vous perdre et à vous détruire. Vous serez arrachés à la terre où tu vas entrer pour en prendre possession." (Bible catholique de Jérusalem 2013)
Tout le sens en est changé. Autant nous serons par moments heureux, autant nous nous savons mortels.
On le comprend mieux en latin parce qu'il est plus proche du sens hébreu :
" Et sicut ante laetatus est Dominus super vos bene vobis faciens vosque multiplicans, sic laetabitur super vos disperdens vos atque subvertens, ut auferamini de terra, ad quam ingredieris possidendam. " Saint Jérôme de Stridon, Vulgate.
Comment en comprendre son sens antique ?
L'explication de St Chrysostome[/b] est pertinente :
"Quand Moïse vint annoncer aux Hébreux leur délivrance et la fin de leur captivité, ils ne voulaient pas même l'entendre. Et Moïse nous apprend la cause de cette conduite : Moïse parla au peuple; et le peuple, par pusillanimité, ne voulut point l'entendre.(Ex 6,9) Bien plus, quand le Seigneur menace les Juifs des plus rigoureux châtiments s'ils violent sa loi, la tristesse vient après toutes les autres peines : il les menace de la captivité, de l'exil, de l'esclavage, de la famine, de la peste; il les menace de les réduire à manger la chair des hommes, et il ajoute : Je leur donnerai un coeur affligé, des yeux défaillants, une âme languissante." (Dt 28,63-65) (Chrysostome Tome IV Lettres 107)
"s'ils violent sa loi, la tristesse vient après toutes les autres peines". Les dix commandements sont biens. On nous demande de ne pas tuer, ni voler, etc.
Les deux tables comportaient pour la première, les 3 premiers commandements, et pour la seconde, les 7 autres commandements. La croyance populaire en une répartition égale est fausse.
Un autre point important, on dit toujours "les tables de la Loi" au pluriel. Si on ne comprends pas pourquoi, on ne comprendra strictement rien de correct ensuite.
Il est écrit "s'ils violent", le pire de tout donc. Il n'est pas écrit s'ils trichent, s'ils abusent, s'ils ne respectent pas, non : "s'ils violent..."
Toutes les peines, y compris la mort, ne sont pas comparable à la tristesse. Les rabbins nous enseignent que "la tristesse est la maladie de Babylone". Il s'agit ici d'un contexte historique, absolument pas de l'expression de la Watchtower confuse qui parle de "Babylone la grande" qui désignent toutes les autres religions et surtout l'Eglise catholique pour les témoins de Jéhovah. Ici, il est question de la véritable Babylone antique.
On pourrait dire que cette tristesse est au moins aussi grave qu'une dépression nerveuse inguérissable, pour comprendre le sens dans notre monde moderne.
Qu'est-ce à dire ?
Ce n'est pas une cruauté de Dieu, c'est encore une lamentation. "Malheur à vous" dans les Béatitudes du Christ dans Luc (mieux que dans Matthieu et plus direct) signifie "malheureux que vous êtes", quelle misère vous habite pour agir ainsi ? On est dans cette tristesse, une lamentation de Dieu autant que de son Fils le Christ qui rappellent toujours l'incroyable acharnement dans la condition humaine à rouiller dans le pire.
Oui, rouiller, parce que même si le baptême nous enlève la marque du péché originel où Dieu n'y fut pour rien, puisqu'il donna le libre arbitre, notre état va vite commencer à subir les tentations, comme le fer est oxydé par l'eau et se rouille inexorablement. Il faut donc chez les hébreux comme chez les chrétiens, sans cesse se confesser pour recevoir le pardon qui nettoie de nouveau à neuf, bien que nous allons quasiment de suite faire de nouvelles fautes.
Un saint homme, Thomas A Kempis, disait que si chaque année, nous nous débarrassions par la volonté d'un seul de nos défauts, nous serions saints sur terre. Il a bien raison.
Cette tristesse de Babylone atteint les plus saints, quand plus aucun péché ne peut les atteindre, et ils s'écroulent. On par exemple la tentation de Saint Antoine. Quand bien même nous vivrions seul en ermite, la tristesse plus forte qu'une dépression nerveuse, nous atteindra. Il n'y a aucun refuge. Dieu le rappelle simplement.
Pourquoi avons-nous cela ?
Parce que nous avons le libre arbitre.
Attention, le libre arbitre est confondu chez les modernes, avec la liberté. La liberté est le libre arbitre engagé dans le bien. Sinon ce libre arbitre est de la licence, quand il est engagé dans le mal.