Le premier principe des manichéens.
Le mal, le péché, le crime ne viennent pas du libre arbitre de l'homme; c'est la créature, sinon la substance même du dieu méchant, qui a fait cet univers visible, le dieu de Moïse, l'auteur de l'Ancien Testament, le Dieu qui punit le crime. Quant au dieu bon, il n'a rien fait de visible, ni ne punit le mal. De là les manichéens concluaient en théorie et en pratique : Puisque le mal est l'œuvre du Dieu méchant, il est injuste d'en punir l'homme; la justice humaine qui punit les malfaiteurs par le glaive est une injustice atroce qu'il faut abolir par le fer et le feu. Ceux qui, comme le Pape, les évêques, les prêtres catholiques, enseignent que l'homme est libre, et par conséquent responsable de ses actions, sont des imposteurs, des ministres de Satan, auxquels il faut courir sus. Puisque les choses visibles, matérielles, physiques, sont l'œuvre de Satan, le mariage, la génération des enfants, étant une chose physique et matérielle, est donc une œuvre de Satan, une œuvre maudite, qu'il faut abhorrer et empêcher par tous les moyens. Voilà comment le manichéisme détruisait le mariage, la société domestique, la justice, la société publique, la morale, la religion, pour reporter, par une impiété satanique, la cause de tous les crimes sur la Divinité même.
(Rohrbacher, Histoire de l'Eglise, volume 17, page 215)