La théosophie, si nous appelons par son nom générique le saint- martinisme ; le saint-martinisme, cette théosophie que Saint-Martin jugeait achevée et qui nous occupe ici, est, en même temps, sagesse et science universelle : savoir total, théorique et pratique. En fait, sagesse ou science, l'un et l'autre mots pourraient être considérés comme assez extensifs pour désigner la totalité de la dernière notion. Sagesse, science, au sens plein, profond et juste de ces mots. Et l'on a cantonné, dans cette optique, philosophie et mystique en une acception semblable.
D'où la capacité du saint-martinisme, de la théosophie : la vérité donne sous ses espèces l'évidence physique sur l'origine du bien et du mal, sur l'homme, sur la nature matérielle, la nature immatérielle et la nature sacrée, sur la base des gouvernements politiques, sur l'autorité des souverains, sur la justice civile et criminelle, sur les sciences, les langues et les arts.
La théosophie est, en fin de compte, à appréhender réellement, parce qu'elle s'affirme doctrine réelle et se veut doublement du réel : il la profère et elle en parle. La théosophie, sagesse et science, est aussi, et pour cela même, art de vivre. Chez elle la méthode est au fond de la science. Elle provoque celui qui a abstrait, ou saisi dans leur abstraction, les idées maîtresses de la théosophie. Et cette intelligence d'un genre inférieur n'a d'autre intérêt que de ménager la rencontre, la connaissance.
Or, la méthode s'analyse en deux préceptes :
Un précepte théorique : Expliquer les choses par l'homme, et non l'homme par les choses.
Un précepte pratique : Que la volonté, nous armant de courage et de patience, poursuive, dans le calme de l'imagination, cette lumière que tous les hommes désirent avec tant d'ardeur et qui est Dieu, afin de recouvrer notre image divine.