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| Adam et Eve | |
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Alfred Billard
Messages : 373 Date d'inscription : 06/04/2019
| Sujet: Adam et Eve Lun 13 Avr - 4:07 | |
| ADAM En hébreu, le nom commun adam, toujours employé au singulier, signifie « homme » en tant qu’espèce et non en tant qu’individu de sexe masculin. L’étymologie en est discutée. Le récit de la Genèse (II, 7) l’a rapproché du mot adamah, « terre », mais c’est peut-être là jeu de mots significatif plutôt qu’étymologie véritable. Ce nom d’adam est employé dans les récits de la création de la Genèse (I, 3) avec l’article ha, ce qui, en hébreu, montre qu’il s’agit d’un nom commun. Peu à peu, il a été compris comme un nom propre : déjà dans certaines parties de la Genèse (IV, 25 ; V, 3-5), où manque l’article, dans le livre des Chroniques (I Chron., I, 1), vers 350 avant J.-C., et dans la tradition grecque des Septante. Adam est le père de l’humanité dans le judaïsme, et dans les traditions chrétienne et musulmane. Le livre de la Genèse, élaboré dans une société patriarcale traditionaliste, contient un exposé de l’histoire où le destin d’un peuple, d’une tribu, d’un clan, d’une famille est à la fois préfiguré et déterminé par le sort d’un ancêtre lui donnant son caractère propre et son nom : ainsi d’Israël et de ses tribus, d’Édom, d’Ismaël, de Cham et de Canaan, etc. Ces récits relatifs à un ancêtre éponyme schématisaient sans trop d’artifice des faits réels de tradition familiale ou nationale. Il était, dès lors, obvie d’attribuer à l’humanité entière un ancêtre commun, « l’homme », ha adam, en qui se résumerait tout ce que l’on voulait dire de l’espèce dans son ensemble. Cela supposait implicitement une vue, qui n’était pas si répandue dans l’Orient ancien, selon laquelle le genre humain était une unité dont les membres avaient une égalité fondamentale et des devoirs mutuels de bienveillance et d’entraide. Ainsi se constituèrent les récits relatifs à la création, à la condition originelle et au péché de l’homme. Ces textes furent ensuite compris comme retraçant le destin d’un individu réel, premier père véritable de toute la famille humaine. Le goût pour les constructions imaginaires, et aussi des conceptions anthropologiques nouvelles, religieuses ou philosophiques, provoquèrent ultérieurement des développements abondants, brodant sur le canevas beaucoup plus sobre du récit biblique. Il ne sera question ici que de la création et de la condition initiale d’Adam, non de la chute et de ses conséquences [cf. PÉCHÉ ORIGINEL]. 1. De la Bible à la gnose Dans la Genèse, un récit plus ancien, bien que placé en second lieu (Gen., II, 4-25), décrit la formation de l’homme, modelé avec la glaise du sol, puis animé par le souffle de Dieu, qui en fait un être vivant, placé alors dans un jardin divin planté d’arbres fruitiers luxuriants. Dieu lui interdit de goûter aux fruits de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, l’invite à donner un nom aux animaux, enfin lui octroie une compagne qui lui soit adaptée, la femme formée d’une partie de son côté. L’union du premier couple doit être le prototype des mariages ultérieurs. La nudité ne provoque alors aucune honte. Un récit encyclopédique plus récent, bien qu’il ouvre la Genèse (I, 1 - II, 4), place la création de l’homme à la fin de l’œuvre créatrice et l’exprime en termes plus abstraits. L’humanité est constituée à l’image de Dieu ; elle comporte les deux sexes, mâle et femelle ; elle est destinée à peupler et à dominer la terre. Tel est le donné initial, sur lequel se sont greffés ensuite bien des développements. On trouve chez le philosophe juif Philon, au début du premier siècle de notre ère, un effort d’interprétation rationnelle, qui devait inspirer bon nombre de Pères de l’Église. D’autres écrits vont dans une direction franchement imaginative. Le corps d’Adam, d’une grande beauté, était gigantesque et s’étendait de la terre au ciel. Les anges reçurent l’ordre de rendre hommage à cette créature, image de Dieu. Tous s’inclinèrent à l’exception de Satan, qui fut chassé du ciel et devint l’ennemi de l’homme. Certains auteurs pensent que le premier être humain avait deux faces et deux sexes : la formation de la femme consista à séparer cet être double en deux moitiés. L’Islam, dans le Coran et dans des écrits postérieurs, a repris certaines traditions extra-bibliques, juives ou chrétiennes. Un trait original du Coran (II, 28-32) est que les noms de toutes choses furent enseignés directement par Dieu à Adam, au lieu que celui-ci les imposât de lui-même. Les systèmes gnostiques, tout en les remaniant profondément, ont mêlé à leurs spéculations des données relatives à Adam, puisées dans la Bible ou le judaïsme, par exemple le caractère androgyne de l’homme primitif. Cela ressortit à une étude de la gnose. 2. La tradition chrétienne Outre les données de la Genèse, la tradition chrétienne doit tenir compte d’un nouvel élément, l’enseignement de saint Paul qui met en parallèle avec Adam, homme terrestre, le Christ, à la fois rédempteur et homme parfait, spirituel, dont nous devons porter l’image. Les Pères de l’Église ont aussi été influencés, plus ou moins inconsciemment, par des conceptions philosophiques, comme celle de l’idéal stoïcien du sage, maître impassible de toutes ses réactions. Selon saint Irénée (fin du IIe s.), Adam a été créé dans un état d’imperfection relative, analogue à celui des enfants, c’est-à-dire de développement incomplet des facultés spirituelles. Pour saint Grégoire de Nysse (seconde moitié du IVe s.), Adam jouissait d’une sorte d’état angélique. Si les sexes existaient dans l’innocence première, c’était en prévision de la chute. Mais celui qui devait exercer la plus profonde influence sur la théologie ultérieure fut saint Augustin (début du Ve s.). Pour lui, la nudité sans honte du premier couple dans le paradis montre que la sensibilité était totalement sous la motion de la volonté aussi longtemps que cette volonté était soumise à Dieu. Toutes les passions de la sensibilité et les mouvements des organes sexuels étaient alors déclenchés par la décision volontaire, comme les mouvements de la main dans notre condition présente. Adam était donc exempt de la concupiscence que nous éprouvons actuellement. De même il n’était pas soumis à la mortalité et à la souffrance. Sa vie terrestre terminée, il aurait été transféré dans un état meilleur et glorieux, sans passer par la corruption. Ces vues ont été reprises à peu près telles quelles dans la tradition théologique occidentale, avec des variations dans le vocabulaire et la systématisation rationnelle. À partir du XVIIe siècle, elles ont subi, de la part de la philosophie et de la critique biblique, des mises en question de plus en plus radicales concernant soit leur conformité au donné de la Genèse, soit la vérité objective de ce dernier. Les figurations d’Adam sont innombrables dans l’art chrétien, depuis les fresques des catacombes romaines au IIe siècle et les bas-reliefs de sarcophages au IVe. Ces images sont inspirées, en proportions diverses, par le désir de proposer un enseignement religieux, ou par le goût pour la représentation du nu. Le crâne et les ossements placés au-dessous de certains crucifix sont ceux d’Adam, conformément à la légende ancienne d’après laquelle la croix aurait été dressée au-dessus de la sépulture d’Adam, lui apportant ainsi le salut. Pour ceux qui reconnaissent au récit biblique une valeur plus ou moins grande de révélation religieuse, des questions doctrinales peuvent se poser. Ainsi dans la nudité du premier couple (Gen., II, 25) faut-il voir l’exemption de la concupiscence, la maîtrise absolue de la volonté sur les réactions sexuelles, selon la pensée de saint Augustin et de la théologie médiévale ? Ou signifie-t-elle que, dans l’innocence première, la défiance et le mépris mutuels n’ont pas envahi les rapports entre individus et que n’existait pas alors la dévaluation sociale résultant de la nudité, aux yeux d’Israël ? Cette seconde interprétation ne fournit plus une base solide aux déductions théologiques édifiées par saint Augustin sur sa propre conception de la perfection originelle d’Adam. Le récit du jardin d’Eden est-il à concevoir comme décrivant, avec quelques traits symboliques, la création et les expériences d’un premier couple, ancêtre unique de toute l’humanité, ou s’agit-il d’un mythe exprimant à la manière des mythes, c’est-à-dire sous la forme d’un événement concret, une vue de l’humanité et de sa condition ? Dans ce cas, le texte biblique n’est pas pour autant privé de vérité, bien qu’il ne s’agisse plus d’un fait individuel, mais d’une représentation schématique de certaines vérités générales sur l’homme, sa destinée, le rôle d’un héritage spirituel à travers les générations. Cette seconde interprétation, d’abord présentée dans des réductions purement philosophiques des récits bibliques sur Adam par des auteurs comme Spinoza ou Kant, se répand assez largement et s’allie fréquemment avec l’appréciation de la profondeur religieuse du texte. Une telle interprétation doit s’appuyer avant tout sur la considération du genre littéraire des chapitres en question. Mais elle a été favorisée par un facteur extrinsèque : le développement des sciences de la vie a mis en cause, rendu de moins en moins probable, puis inacceptable, la création instantanée de l’homme et, à un moindre degré, la dérivation de tout le genre humain à partir d’un seul couple. Ce sont les deux questions de l’évolutionnisme et du polygénisme. Si le conflit entre l’évolutionnisme biologique et la vérité religieuse de la Bible apparaît maintenant comme dépassé, il n’y a pas encore unanimité sur la question du polygénisme. Toutefois, ceux-là même qui n’acceptent pas personnellement la perspective polygéniste reconnaissent souvent qu’elle n’est pas exclue rigoureusement par l’Écriture ou le dogme catholique. | |
| | | marmhonie Admin
Messages : 2839 Date d'inscription : 04/04/2019 Localisation : Asie
| Sujet: Re: Adam et Eve Jeu 17 Sep - 5:13 | |
| Pourquoi n'étudient-ils pas la thélogie hébraïque ? Depuis combien d'années tournent-ils autour de cette question sur qui fut responsable entre le serpent, Ève ou le bon Dieu, dans la confusion & sans rien y trouver ?
Quand les bonnes questions sont posées, une grande partie des réponses sont faites. Suivez les bases du raisonnement logique.
1) D'abord Adam & Ève ne sont pas nés. Ils n'ont donc jamais eu d'expèriences les enseignant. Dieu y avait remédié en leurs donnant quatre dons preter naturel. Qu'est-ce que le preter en français ? Il y a trois niveau dans le naturel : le naturel qui s'acquiert par l'expèrience, le surnaturel qui est acquis totalement sans rien apprendre, et le preter naturel qui est entre les deux, entre le naturel & le surnaturel. 2) Adam & Ève avaient 4 dons preter naturel, selon le judaïsme, & suivi totalement dans le catholicisme, dont celui que vous connaissez déjà : l'immortalité. Ils avaient aussi la science infuse, sachant les causes par avance des actes. Voici qu'ainsi ce don palaiait à leur conception adulte, sans naissance ni apprentissage graduel. 3) Adam & Ève selon selon les paroles de Dieu en Genèse, ont commis deux fautes : la désobéissance que vous pouviez trouver, & l'orgueil. Ève savait donc que le serpent cachait un archange de lumière unique, dépositaire d'un savoir parfait angélique. Elle a choisi de faire confiance aux quatre mensonges de Lucifer. Et Adam a choisi librement pareil. 4) Leur péché mortel est d'avoir mis Dieu en dehors de leurs vies. 5) Plus fort encore, le diviseur, le diabolo, le diable donc, savait par avance qu'ainsi Adam & Ève seraient mortels en chutant.
Il appartient à tout un chacun de poursuivre l'étude, ou de tourner en rond. Ainsi, en quoi la désobéissance est-elle une faute & non une erreur ? Pourquoi déguisé en serpent le diable tente de punir de mort ces deux premiers humains ? Quels étaient les autres dons innés d'Adam & Ève pour parfaitement se défendre ? En quoi la faute adamique est-elle un scandale ? Et qu'est-ce que le scandale ? Par là, pourquoi toutes les générations d'humains portent à la naissance le péché originel ? Qu'avait proposé le serpent pour décider Adam & Ève de l'écouter lui plutôt que Dieu ? | |
| | | mgr gaum
Messages : 853 Date d'inscription : 05/04/2019
| Sujet: Re: Adam et Eve Jeu 27 Juin - 4:27 | |
| Bien chers tous En présentant les origines de l'univers d'après les textes du Proche-Orient ancien (Mésopotamie, Egypte et Ougarit) je souhaite vous apporter une contribution limitée, mais réelle, à la compréhension des premiers chapitres de la Genèse. La tristesse de lécafar en découvrant que le Pentateuque écrit Dante du roi Josias au VIIe siècle avant J.C. est compréhensible. La Bible est un recueil de livres inspirés par le divin et certainement pas à lire dans un sens littéral.
Tous ceux qui ont à présenter ces textes à un groupe connaissent les difficultés que l'on rencontre et il est nécessaire d'écarter les incompréhensions dont ils sont l'objet avant d'aboutir à leur véritable signification. Peut-on avoir un regard neuf sur ces vieux textes au XXIe siècle ? Une des voies possibles pour acquérir ce regard est d'accepter un détour par les textes du Proche-Orient ancien. En effet ces textes nous offrent à leur manière une genèse de l'homme et de son monde, c'est-à-dire une compréhension des origines dans une perspective religieuse.
Avant que le peuple d'Israël à la lumière de sa propre foi se donne sa propre vision des origines, d'autres cultures s'étaient efforcées dans le cadre littéraire du mythe ou de la légende d'apporter une réponse aux grandes interrogations de l'homme vivant en société : Que sommes-nous ? Quelle est notre relation aux dieux ? Comment comprendre ces réalités que sont le travail, le couple humain, l'enfantement, le culte ? Quel est l'ordre de ce monde ? Qui préside aux forces présentes en ce monde et à qui obéissent-elles ? Comment comprendre ces fléaux qui s'abattent sur l'humanité (sécheresse, famine, maladies, déluge) ? Pourquoi sommes-nous mortels pour le malheur de nos proches ? Quel sens donner à nos actes ?
Autrement dit, la reflexion d'Israël n'est pas la première en date et, sans cesser de faire œuvre originale, elle s'inscrit dans une longue recherche religieuse ; de part et d'autre les questions sont les mêmes sì les réponses ne sont pas identiques. A cet égard une comparaison des textes bibliques avec les textes du Proche-Orient ancien doit permettre de relever ressemblances et différences; plus fondamentalement elle doit permettre de saisir l'acte de l'esprit humain par lequel celui-ci s'interroge sur les origines, de comprendre à travers une dramatique et un langage symbolique l'enjeu humain qui se manifeste dans les récits. J'espère te faire plaisir lécafar puisque tu préfères la Bible Edouard Dhorme.
Le désir de se comprendre en remontant aux origines n'est pas un jeu puéril, car il en va du sens de l'existence humaine, de son rapport à la divinité et donc d'une certaine espérance. Si la lecture des textes anciens fait découvrir cette perspective, alors il devient difficile de réduire les textes bibliques à quelques images d'Epinal ou encore de leur opposer une vision scientifique du monde et de l'homme.
La première règle de lecture qui s'impose est de prendre au sérieux ces textes, qu'ils soient bibliques ou non, et de ne pas trop vite les considérer comme des tentatives inutiles ou dépassées, incapables de nous instruire. Cette prise au sérieux du mythe comme mode de réflexion sur les origines peut nous aider à lire avec patience les premiers chapitres de la Genèse, ce qui aura pour conséquence de ne pas y projeter nos idées toutes faites ou nos objections.
Faire de Gen 2:3 une histoire de pomme un peu simpliste, c'est ne pas prendre le texte au sérieux, car il dit quelque chose d'important sur l'homme dans son rapport ayec Dieu. C'est oublier ce que dit le texte de Ecriture : il s'agit de la manducation du fruit de l'arbre de la connaissance; or la manducation, acte fondamental lié à la vie, sert dans le Deutéronome (8:3) à rappeler que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui sort de la bouche de Dieu et ce qui sort de la bouche de Dieu, c'est la Loi du Sinai (cf. Mt 4:4).
Faire de Gen 2:3 un récit de paradis où l'homme ne travaillerait pas n'est pas plus sérieux, car si le texte insiste sur la bienveillance de Dieu à l'égard de l'homme en le plaçant dans le jardin, ce jardin fait partie de la terre et l'homme y est placé par Dieu pour le cultiver et le garder. D'une certaine manière le jardin n'est-il pas symbole de la Terre promise ? Bien loin de nous renvoyer à un passé inaccessible, le texte biblique ouvre un avenir à l'homme en ce monde. Le texte biblique s'efforce de comprendre le destin de l'humanité face au Dieu vivant, celui qui s'est manifesté à Moïse. Il n'y a donc intelligence du texte sacré que dans le cadre de la totalité de l'Ecriture, c'est-à-dire dans le cadre de l'expérience croyante d'Israël.
On objectera peut-être à ce rapprochement entre textes bibliques et textes extra-bibliques que la Palestine ne pouvait connaître ces écrits élaborés en Mésopotamie ou en Egypte. En guise de réponse, nous nous contenterons d'indiquer quelques données concrètes.
А Meguiddo, on a retrouvé un fragment de l'épopée de Gilgamesh, malheureusement hors stratigraphie puisque la découverte a été faite par un touriste. Les fouilles entreprises sur le site de Hacor ont mis au jour un texte divinatoire sur foie en argile portant une inscription en cunéiforme ; l'objet date du Bronze RécentI (1550-1400 av. J.-C.). Enfin, lors de fouilles récentes, on a découvert à Apheq dans la plaine de Sharon un lexique trilingue sumérien-akkadien-cananéen dans un niveau d'occupation du XIIIe av. J.C. Tout ceci montre que l'écriture cunéiforme était répandue en Canaan jusqu'au XIIIe., juste avant l'installation des tribus d'Israël dans le pays. S'il fallait un témoignage supplémentaire, on rappellera l'importante correspondance entre les roitelets de Canaan et le pharaon Aménophis IV trouvée à Tell el Amarna en Egypte; ces lettres du XIVe sont écrites en cunéiforme et comportent des mots et expressions cananéennes. Au même endroit furent retrouvés également des textes mythologiques akkadiens. Ainsi la diffusion de la culture akkadienne iusqu'en Egypte est amplement illustrée. Précisons encore que mon message n'est qu'un instrument de travail; il ne permet pas d'expliquer par le seul jeu des influences tous les détails des textes bibliques, mais il vous fait pénétrer dans un mode de réflexion qui se veut concret.
En décrivant une situation originelle, l'homme cherche à se comprendre ainsi que le monde qui l'entoure. Raconter la formation de l'homme et de la femme ou celle de l'univers, ce dont personne n'a été témoin, est une audace extrême, mais une audace nécessaire pour l'homme qui vit en ce monde. | |
| | | mgr gaum
Messages : 853 Date d'inscription : 05/04/2019
| Sujet: Re: Adam et Eve Jeu 27 Juin - 4:52 | |
| Je poursuis l'identification du Pentateuque originel qui n'est qu'égaré au milieu de la propagande du roi Josias. L'archéologie des civilisations antérieures nous aidera à remettre le dit initial dans l'ordre et sans les ajouts futiles.
La région de la Mésopotamie ancienne qui s'étendait de l'actuelle Baghdad à l'embouchure d'alors du Tigre et de l'Euphrate dans le Golfe Persique était traditionnellement divisée en pays d'Akkad au nord-ouest et pays de Sumer au sud-est. Dans ce dernier, résidait principalement une population dont on ne savait pas si elle y était venue (mais d'où ?) se superposer à une autre entre 3 500 et 3 000 avant J.C., comme on l'a pensé longtemps, ou si elle y était avec une autre depuis toujours, c'est-à-dire depuis que la basse Mésopotamie était devenue habitable, comme on l'a découvert aujourd'hui. Ces gens avaient une langue qu'ils appelaient l'Emegi mais à la suite des anciens Babyloniens nous l'appelons le sumérien (Shoumerou), langue de type agglutinant mais qu'on n'a pu rattacher à aucun groupe linguistique du même type. C'est pour cette langue qu'ils inventèrent, vers 3 200 avant J.C., l'écriture sur tablettes d'argile fraîche que nous appelons écriture cunéiforme, c'est-a-dire en forme de coins ou de clous par suite de la façon dont était taillé et manié le roseau qui servait à écrire. Dès le milieu du 3° millénaire, cette écriture fut adoptée pour transcrire leur propre langue par des sémites établis sur le Moyen Euphrate et en basse Mésopotamie et qui devinrent progressivement majoritaires dans une région où un sémite entreprenant, Sargon l'ancien, se fit roi et fonda une capitale, Akkadé (qu'on a retrouvé). C'est cette capitale qui donna leurs noms au pays auquel on a fait allusion plus haut, le pays d'Akkad, et à la langue qu'on y parlait, l'akkadien (akkadou). Cette langue, totalement différente du sumérien (autant que le français l'est du chinois) et parente de l'hébreu et de l'arabe, supplanta progressivement le sumérien jusqu'à extinction de ce dernier comme langue usuelle vers la fin du 3° millénaire, tandis que disparaissaient aussi les Sumériens comme ethnie. Mais le sumérien resta encore longtemps en usage comme langue savante et langue liturgique. L'époque dite "babylonienne ancienne", qui va du XXe au XViIe siècle inclus fut en effet une époque où non seulement on recopia avec assiduité les trésors de la littérature sumérienne pour qu'il ne s'en perde pas, mais aussi où on continua à composer en sumérien; et, comme le latin en Occident, le sumérien resta pendant des siècles la langue liturgique par excellence. Certaines prières étaient encore faites en sumérien au cours de cérémonies dans le temple du dieu Anou à Ourouk au Ille siècle avant J.C. ! Mais comme le sumérien devenait de moins en moins familier, on composa des textes bilingues, c'est-à-dire où chaque ligne en sumérien était accompagnée, à côté ou en dessous, de sa traduction en akkadien.
Mais on composa aussi en akkadien dès une époque très ancienne. C'est en cette langue que Sargon et ses successeurs de la dynastie d'Akkadé (de 2300 à 2 100) firent rédiger le récit de leurs hauts faits (Sargon le fit aussi en sumérien): à la fin du XIXe siècle, les lois de la ville d'Eshnounna à l'est du Tigre et, au XVIIIe, le célèbre "code" du roi de Babylone Hammourabi (1792-1750) sont en akkadien alors que les recueils de lois antérieurs sont en sumérien ; c'est au plus tard au XVIIe siècle que fut composé le poème d'Atra-hasis qui a été longuement repris en Genèse, premier livre du Pentateuque. Il est l'une des plus belles prières de la littérature akkadienne et date de la même époque.
On pourrait encore citer bien d'autres œuvres des mêmes siècles. Si dans quelques cas ce sont les originaux eux-mêmes qui nous sont parvenus, par exemple les inscriptions dédicatoires des rois sumériens de la 1° dynastie de Lagash (de 2490 à 2350) ou les inscriptions des statues du prince Goudéa de Lagash (2141-2122) et le récit, sur les deux cylindres d'argile conservés au Louvre, de la dédicace du temple que ce prince construisit au dieu Ningirsou, dans l'immense majorité des cas nous n'avons de la littérature sumérienne que des copies faites aux alentours du XVIIIe siècle. La situation est d'ailleurs analogue pour beaucoup d'œuvres littéraires en akkadien que nous ne connaissons que par les copies qu'en avait fait faire, au VIle siècle, le roi d'Assyrie Assourbanipal pour sa bibliothèque de Ninive, du vivant du roi Josias. Il arrive pourtant qu'on parvienne à dater un original qui ne nous est pas parvenu. Ainsi, par exemple, quand un hymne à un roi mentionne explicitement celui en l'honneur de qui il a été composé, il est à peu près certain qu'il a été écrit par un poète de cour du vivant du roi mentionné, ce qui, si ce roi est Shoulgi, nous amène au XXIe siècle; quand une œuvre en sumérien est signée de la poétesse Enhédouanna, fille de Sargon l'ancien d'Akkadé, nous atteignons le XXIIIe siècle.
On peut même, exceptionnellement, remonter encore plus haut: ainsi, des fragments d'un hymne connu et représenté par de nombreuses copies des XVIIIe et XVIIe siècles ont été trouvés parmi des tablettes qu'on peut dater des environs de 2 500 et la comparaison a montré que le texte primitif avait été transmis fidèlement, avec peu d'omissions ou d'interpolations pendant près de huit siècles.
Ces quelques notes montrent la haute et même parfois la très haute antiquité des textes dont quelques-uns seront présentés si besoin. Leur antériorité par rapport aux pages de la Bible qui traitent des mêmes sujets est indiscutable; parfois même l'emprunt est manifeste, comme dans le cas de la formation de l'homme avec de l'argile ou dans celui du déluge. La conclusion est certaine: ces traditions mésopotamiennes ont été filtrées pour les mettre en harmonie avec le monothéisme d'Israël qui se fondera sur le choix d'un dieu YHWH d'abord avec son épouse, puis elle fut elle aussi effacée pour ne garder que ce qui était utile à l'évolution spirituelle de ce peuple ou au moins compatible avec ladite évolution. Elohim est un souvenir conservé du polythéisme initial | |
| | | mgr gaum
Messages : 853 Date d'inscription : 05/04/2019
| Sujet: Re: Adam et Eve Jeu 27 Juin - 11:34 | |
| On trouve dans la Bible des rites qui restaurent la pureté légale perdue (le bouc émissaire, par exemple). Aucun qui prétende reconquérir le Paradis et l'arbre de vie. Pourquoi ? La Torah est un ensemble de promesses qui trouveront leur déception finale avec la destruction du second temple en 70. Ce Pentateuque sera remis en cause avec une correction de l'interprétation par le Talmud. Promesse donc est faite, dans la Bible, d'une grasse prospérité, à qui observe les lois de l'Alliance. On y chercherait en vain les conjurations magiques pour écarter d'éventuels déluges. Les légendes du début du monde, trop présentes à la communauté juive pour qu'elle ait besoin de les évoquer magiquement, se fondent, sublimées, méconnaissables dans le mythe de l'Alliance.
Or ce mythe, qui consiste d'abord en promesses, est devant, non derrière. Rien de commun, donc, avec les mytbes jusque-là recensés. Pour isoler la légende et en faire le "mythe du Paradis perdu", il fallut la main des Gentils, dont le travail fut, dès lors, de définir l'innocence primitive, et de l'évoquer du fin fond du passé au moyen des rites. Exercice proprement mythologique. Par quel réflexe de clan, plus fort que l'inertie de foule, Israël se décida-t-il à tenter l'aventure Moïse et sortir d'Egypte ? Quelle force, quarante ans durant, le fait-il errer au désert sans perdre sa cohérence ? Où trouve-t-il le courage, au retour de ses exils, de reconquérir sa Terre et son ancienne gloire ? Pour que ce peuple s'ébranle ou se ressaisisse, deux conditions suffisent, qui n'en font qu'une : derrière, les ponts coupés; devant, les promesses de l'Alliance.
Le passé fournit de bonnes leçons, il n'a pas d'efficacité magique. Vis-à-vis de lui, mieux vaut, au contraire savoir les ponts coupés, et aller de l'avant. Le mythe de l'Alliance sous ses multiples formes (postérité nombreuse, Terre promise, Temple éternel, hégémonie du peuple, sainteté universelle) se réfugie dans l'avenir, et dure au plus l'espace d'une vie. L'homme meurt avec une espérance rudement décantée, démythisée. Il en a assez vu pour comprendre en quoi le mythe ment, en quoi il dit vrai. Toujours, pour lui, l'Alliance est "nouvelle et éternelle". L'univers n'a de sens que vu à la fois dans toute l'étendue du temps.
Expulsé du temps, le mythe va-t-il prendre corps dans les choses ? Fuyant, va-t-on le fixer, le condenser sur un certain nombre d'objets sacrés ? Pas même. Le sanctuaire n'est sacré que par rapport au parvis profane. Si l'on consacre le parvis, et la cour, et le pays, et la terre entière, il perd sa consécration. Profane et sacré n'existent que l'un par l'autre.
Ainsi fallait-il que la fondation de Rome par Romulus fût consacrée, dans les mémoires, pour compenser les actions profanes qui se commentaient. Sans la magie du rite, elles eussent à la longue dilué, usé l'ivresse vitale de la Ville, Mais s'il n'est bas d'actes Profanes, à quoi sert le rite de fondation ? Dans la révélation biblique, quand la création entière est manifestation de l'Unique, où est le sacré ? et où le profane ? L'Eternel se plaisait sous la tente plus qu'au Temple.
Mais il y a un Temple, et des lieux saints, et de sacro-saintes lois liturgiques. Ouazza mourut d'avoir osé étayer de sa main l'Arche branlante: 2 Samuel 6: 6-7.
A quoi sert l'arsenal d'ustensiles sacrés décrits au livre de l'Exode ? A quoi, la litanie des lois inscrites au Lévitique ? A distinguer, non pas le sacré du profane, mais l'impur du pur, et la foi, de la mécréance. S'il n'est pas digne à l'homme d'avaler, les yeux fermés, n'importe quelle nourriture, il ne convient pas plus de prier n'importe comment, ni d'avoir n'importe quels amis. Affaire de discernement. Le coin de terre est saint, où Dieu vous fut révélé. Mais dès que le sanctuaire devient sacré, recherché pour lui-même comme moyen de salut, le Prophète tonne contre le sanctuaire, prédit sa ruine et la ruine d'un peuple paien. Car le sacré dispense du discernement. Au sanctuaire de Béthel, on se livrait aux orgies sacrées en même temps qu'aux prières. Dans le Temple aussi, chaque fois qu'on lui crut un pouvoir magique. Ainsi s'exclut d'elle-même la Bible (ainsi s'exclut aussi le Coran) de ce recueil. Mais peut-être cet ostracisme aidera-t-il à définir l'aire mythologique où nous nous mouvons.
Car la piété — qui n'est pas la religion — a plus d'une fois commis, partant de la Bible, une foule de textes authentiquement mythologiques. Les Apocryphes de l'Ancien Testament emplissent un des gros in-quarto de la collection Migne, publiée au siècle dernier; et ils ne sont pas recensés ! Je pourrais citer le fragment intitulé "Le Combat d'Adam et Eve", et provenant probablement d'une collection éthiopienne, reprend, en un langage pour nous plus familier que le langage de la Genèse, l'histoire de nos premiers parents.
Dieu commande à Adam et Eve, chassés du Paradis, d'habiter la fameuse "caverne des trésors", ainsi nommée parce qu'elle contient des objets venus d'Eden (elle servira dans la légende, de tombeau aux Patriarches). Les Proscrits s'en vont chaque jour errer près du Jardin interdit et se livrent à de multiples pénitences pour tenter de fléchir la rigueur de Dieu. Satan, de son côté, tente de les séduire tantôt, et tantôt de les prier, par mille ruses.
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