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 La tradition catholique

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4 participants
AuteurMessage
Alfred Billard

Alfred Billard


Messages : 352
Date d'inscription : 06/04/2019

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MessageSujet: La tradition catholique   La tradition catholique EmptyMer 27 Mai - 18:24

Tradition catholique

La tradition catholique Tradition
Le mot « tradition » (en latin traditio, « acte de transmettre ») vient du verbe tradere, « faire passer à un autre, livrer, remettre ». Littré en a distingué quatre sens principaux : « Action par laquelle on livre quelque chose à quelqu’un » ; « transmission de faits historiques, de doctrines religieuses, de légendes, d’âge en âge par voie orale et sans preuve authentique et écrite » ; « particulièrement, dans l’Église catholique, transmission de siècle en siècle de la connaissance des choses qui concernent la religion et qui ne sont point dans l’Écriture sainte » ; « tout ce que l’on sait ou pratique par tradition, c’est-à-dire par une transmission de génération en génération à l’aide de la parole ou de l’exemple » (Dictionnaire de la langue française).

Les définitions proposées par Littré se rapportent soit au sens particulier, juridique et liturgique, de traditio dans le droit romain et dans certains usages de l’ancien droit français ou lors de la remise de dignités ecclésiastiques, soit au sens général de « transmission ». Le rhéteur Quintilien, dans le De institutione oratoria, donne à traditio le sens d’« enseignement ».

Il faut éviter de confondre entre eux deux verbes que sous-entend la notion de « tradition » : « remettre » et « transmettre », tradere et transmittere. Le premier se rapporte à une « chose remise » ou à un « objet livré » selon une convention ou un contrat entre des parties. Le second répond à l’acte même de la transmission entre des sujets, et désigne non seulement des contenus mais aussi des opérations et une fonction, de portée universelle, car, de même que l’invention ne peut être réduite à la description, à l’histoire ou à l’analyse des objets inventés, la tradition ne saurait l’être à celles des « contenus » transmis, qu’il s’agisse de faits, de coutumes, de doctrines, d’idéologies ou d’institutions particulières.

La tradition ne se borne pas, en effet, à la conservation ni à la transmission des acquis antérieurs : elle intègre, au cours de l’histoire, des existants nouveaux en les adaptant à des existants anciens. Sa nature n’est pas seulement pédagogique ni purement idéologique : elle apparaît aussi comme dialectique et ontologique. La tradition fait être de nouveau ce qui a été ; elle n’est pas limitée au faire savoir d’une culture, car elle s’identifie à la vie même d’une communauté.

Il importe donc de ressaisir activement l’expérience traditionnelle à travers trois relations fondamentales : en tant que médiation et intégration des cultures dans les conditions variables de la nature, en tant qu’apparition d’une communauté à elle-même à travers la perpétuelle « re-création » de ses valeurs, en tant que visée de l’absolu dans ses rapports avec l’expérience du sacré.

Cependant, un événement a profondément modifié la situation : la décision de Mgr Lefebvre de consacrer quatre évêques le 30 juin 1988. Il s’est ensuivi leur excommunication par le pape Jean-Paul II et, dans cette situation de « schisme », un déchirement au sein de la mouvance traditionaliste par le fait de ceux qui voulaient éviter l’impasse (Jean Madiran, Romain Marie, Dom Gérard et l’abbaye du Barroux).

La messe selon l’ancien rite se célèbre dans plus de trente pays, en communion avec la Fraternité d’Ecône et ses évêques. Malgré tout, l’intégrisme apparaît largement comme une particularité du catholicisme français, liée à un courant de pensée dont l’influence a beaucoup perdu de ses moyens et de ses racines. Ce serait oublier qu’il se veut d’abord fidélité à un passé chrétien. Dès lors, sous l’effet du concile de Vatican II, on assiste au dédoublement de ce traditionalisme catholique : l’un aux références préconciliaires, l’autre postconciliaire, favorisé par Jean-Paul II mais sensible les dernières années de Paul VI. Entre eux, la « nouvelle messe » et la « liberté religieuse » restent la ligne de fracture qui n’admet pas de compromis.
La tradition catholique Encyclop-Univer-2015
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mgr gaum

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Messages : 810
Date d'inscription : 04/04/2019

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MessageSujet: Re: La tradition catholique   La tradition catholique EmptyMer 28 Juil - 11:12

Bruno Saglio - les éditions Saint Remi et le combat des penseurs anti libéraux [ conférence ]

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undesdouze

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Messages : 883
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MessageSujet: Re: La tradition catholique   La tradition catholique EmptyJeu 11 Aoû - 19:49

Qu’est-ce la Tradition catholique? 

La tradition catholique 0iwx
 10 Août 2022
de Roberto de Mattei


Ci-après une partie de la conférence sur Qu’est-ce la Tradition Catholique, tenue par le prof. Roberto de Mattei le 15 juillet 2022 à l’Université d’été de Renaissance Catholique. 



Si la crise que vit aujourd’hui l’Église est inédite par ses caractéristiques, elle n’est ni la première ni la dernière de son histoire. Pensons par exemple à l’attaque subie par la papauté au cours des années de la révolution française. 


En 1799, l’armée jacobine du général Bonaparte envahit la ville de Rome. Le pape Pie VI fut fait prisonnier et conduit à Valence, où il mourut le 29 août, épuisé par les souffrances. Les autorités de Valence annoncèrent au Directoire la mort de Pie VI et leur communiqué ajoutait que le dernier pape de l’histoire avait été enterré.


Dix ans plus tard, en 1809, fut arrêté à son tour le successeur de Pie VI, Pie VII, âgé et malade. Après deux années de captivité à Savone, il fut emmené à Fontainebleau où il demeura jusqu’à la chute de Napoléon. Jamais la papauté n’avait montré aux yeux du monde une telle faiblesse. Pourtant, dix ans plus tard, en 1819, Napoléon avait quitté la scène et Pie VII, reconnu comme suprême autorité morale par les souverains d’Europe, avait recouvré son trône pontifical. En cette même année 1819, paraissait à Lyon l’ouvrage Du Pape, chef d’œuvre du comte Joseph de Maistre (1753-1821), qui connut des centaines de réimpressions et anticipa le dogme de l’infaillibilité pontificale, que devait définir plus tard le premier concile du Vatican.




Joseph de Maistre est un grand défenseur de la papauté. On se tromperait toutefois en voulant faire de lui l’apologète d’un pape despotique ou dictateur. Il se trouve aujourd’hui quelques traditionnalistes pour attribuer la responsabilité des abus de pouvoir ecclésiastiques aux catholiques intransigeants du XIXe siècle : les ultramontains et les contre-révolutionnaires auraient attribué au pape un pouvoir excessif, en s’enthousiasmant plus que de raison pour le dogme de l’infaillibilité. De cette conviction erronée découle leur sympathie pour les catholiques gallicans qui niaient l’infaillibilité et la primauté universelle du pape et aussi pour les catholiques libéraux ou semi-libéraux qui, sans nier dans son principe le dogme de l’infaillibilité, en considéraient la définition comme inopportune. Parmi ces derniers se trouvait l’archevêque de Pérouse, Mgr Gioacchino Pecci, devenu pape sous le nom de Léon XIII. Une fois élu, il fut le premier pape moderne à gouverner de manière centralisatrice en imposant comme quasi infaillible le choix politique et pastoral du Ralliement à la troisième République française (cf, Cfr. Roberto de Mattei, Le ralliement de Léon XIII. L’échec d’un projet pastoral, Cerf, Paris 2016).


Le dogme de l’infaillibilité proclamé par Pie IX définit précisément les limites de ce charisme extraordinaire, que ne possède aucune religion hormis la religion catholique (Denz-H, n° 3074). Le pape, dans l’Église, ne peut pas faire tout ce qu’il veut parce que la source de son pouvoir n’est pas sa volonté propre. Le pape a le devoir de transmettre et de défendre, par son Magistère, la Tradition de l’Église. A côté du magistère extraordinaire du pape, qui a sa source dans les définitions ex cathedra, existe un enseignement infaillible qui jaillit de la conformité du magistère ordinaire de tous les papes à la Tradition apostolique. Ce n’est qu’en croyant avec l’Église et sa Tradition ininterrompue que le pape peut confirmer ses frères dans la foi. L’Église n’est pas infaillible parce qu’elle exerce une autorité, mais parce qu’elle transmet une doctrine. 


« La Tradition, c’est moi » : ces paroles attribuées au Bienheureux Pie IX ont parfois scandalisé. Elles doivent toutefois être comprises dans leur sens véritable. Le pape ne veut pas dire que sa propre personne est la source de la Tradition, mais plutôt qu’il n’y a pas de Tradition en dehors de lui, de la même manière qu’il n’existe pas de Sola Scriptura indépendante du Magistère de l’Église.


L’Église se fonde sur la Tradition, mais elle ne peut se passer du pape, dont l’autorité ne peut être transférée ni à un Concile œcuménique, ni à un épiscopat national, ni à un synode permanent.


Dans sa Lettre à une dame russe sur la nature et les effets du schisme, Joseph de Maistre a une phrase qui peut surprendre, comme celle de Pie IX, tout en étant comme elle profondément vraie : « S’il était permis d’établir des degrès d’importance parmi les choses d’institutions divine, je placerais la hiérarchie avant le dogme, tant elle est indispensable au maintien de la foi » (Joseph de Maistre, Lettre à une dame russe sur la nature et les effets du schisme et sur l’unité catholique, in Lettres et opuscules inédits, A. Vaton, Paris 1863, vol. II., pp. 267-268).




Cette phrase pose la question cruciale de la regula fidei dans l’Église. Le Père Giovanni Perrone (1794-1876), fondateur de l’école romaine de théologie, développe ce thème dans les trois volumes de son œuvre Il protestantesimo e la regola di fede (Civiltà Cattolica, Roma 1953, 3 vol.). Les deux sources de la Révélation sont la Tradition et l’Écriture Sainte. La première se fonde sur l’assistance divine, la seconde sur l’inspiration divine. « Ecriture et Tradition se fécondent, s’éclairent, se renforcent à tour de rôle et complètent l’unique et toujours identique dépôt de la révélation divine » (Ibid., vol. I, p. 15). Mais, pour conserver ce dépôt de la foi, toujours unique et identique jusqu’à la fin des siècles, le Christ l’a confié à une autorité toujours vivante et enseignante : l’autorité de l’Église constituée par le corps universel des évêques unis au chef visible de l’Église, le pontife romain, à qui le Christ a conféré le plein pouvoir sur l’Église universelle.


La Sainte Ecriture et la Tradition constituent les normes éloignées de notre foi ; mais la regula fidei prochaine est représentée par l’autorité d’enseignement et de jugement de l’Église, qui a le pape à son sommet. La hiérarchie, dans ce sens, passe avant le dogme. Mais, même si nous voulions attribuer au dogme le primat sur la hiérarchie, nous devrions rappeler que, parmi tous les dogmes, celui qui, en un certain sens, soutient tous les autres, est précisément le dogme de l’autorité infaillible de l’Église. L’Église jouit du charisme de l’infaillibilité, même si elle ne l’exerce de manière extraordinaire que de façon intermittente. L’Église est toujours infaillible : pas depuis 1870, mais depuis que Notre Seigneur a remis à saint Pierre, son Vicaire sur la terre, le pouvoir de confirmer ses frères dans la foi.




La succession apostolique sur laquelle se fonde l’autorité de l’Église est un élément fondamental de sa constitution divine. Le Concile de Trente, en définissant la vérité et les règles de la Foi catholique, affirme qu’elles « sont contenues dans les livres écrits et dans les traditions non écrites qui, reçues par les apôtres de la bouche du Christ lui-même ou transmises comme de main en main par les apôtres sous la dictée de l’Esprit Saint, sont parvenues jusqu’à nous » (Denz-H, n° 1501). 




La première thèse du livre du cardinal Louis Billot (1846-1931), Tradition et Modernisme, est formulée comme suit : « Jésus-Christ a institué dans son Église un organe authentique de la Tradition. Cet organe est la hiérarchie apostolique, à laquelle il a promis son assistance jusqu’à la fin des siècles » (Cardinal Louis Billot, s.j., Tradition et modernisme, Courrier de Rome, Villegenon 2007, p. 13).


« Seule la Tradition qui s’appuie sur la Tradition apostolique est vraie », répète la théologie romaine contemporaine, avec Mgr. Brunero Gherardini (1925-2017) (Quod et tradidi vobis, La Tradizione vita e giovinezza della chiesa, Casa Mariana, Frigento (Av) 2010). Cela signifie que le Pontife romain, successeur de Pierre et prince des apôtres, est le garant par excellence de la Tradition de l’Église. Mais cela signifie également que l’objet de la foi ne peut, en aucun cas, dépasser les bornes de ce qui nous a été donné par le témoignage des Apôtres.
 
Sola scriptura et Sola traditio
Les protestants ont nié l’autorité de l’Église au nom de la « sola scriptura ». Cette erreur conduit de Luther au socinianisme qui est la religion des relativistes modernes. Mais l’autorité de l’Église peut être niée aussi au nom de la « sola traditio », comme le font les orthodoxes et comme risquent de le faire certains traditionnalistes. Séparer la Tradition de l’autorité de l’Église mène dans ce cas à l’autocéphalie, condition de ceux qui sont privés d’une autorité visible et infaillible à laquelle se référer.


Les défenseurs protestants de la sola scriptura et les partisans grecs orthodoxes de la sola traditio partagent le refus de l’infaillibilité du pape et de son primat universel, le refus de la chaire romaine. Pour cette raison, il n’y a, selon Joseph de Maistre, aucune différence radicale entre le schisme oriental et le protestantisme occidental : « C’est une vérité fondamentale dans toutes les questions de religion, que toute Eglise qui n’est pas catholique est protestante. C’est en vain qu’on a voulu mettre une distinction entre les Eglises schismatiques et hérétiques. Je sais bien ce qu’on veut dire ; mais dans le fond toute la différence ne tient qu’aux mots, et tout chrétien qui rejette la communion du Saint-Père est protestant ou le sera bientôt. Qu’est-ce qu’un protestant ? C’est un homme qui proteste ; or, qu’importe qu’il proteste contre un ou plusieurs dogmes ? contre celui-ci, ou contre celui-là ? Il peut être plus ou moins protestant, mais toujours il proteste » (Joseph de Maistre, Du Pape, H. Pélagaud, Lyon-Paris 1878, p. 401) ; — « Le lien de l’unité étant une fois rompu, il n’y a plus de tribunal commun, ni par conséquent de règle de foi invariable. Tout se réduit au jugement particulier et à la suprématie civile qui constituent l’essence du protestantisme » (Ibid., p. 405).


Dans l’Église catholique, l’authenticité de la tradition est garantie par l’infaillibilité du Magistère. Sans l’infaillibilité, rien ne garantirait que ce qu’enseigne l’Église est vrai. La compréhension de la parole de Dieu serait laissée à l’examen critique individuel et la porte serait grande ouverte au relativisme, comme cela fut le cas pour Luther et ses épigones. La révolution protestante, en niant l’autorité du pape, s’est condamnée aux variations continuelles, dans un tourbillon de devenir doctrinal. Mais en Orient, depuis le schisme de 1054, l’Église orthodoxe qui, au nom de la sola traditioreconnaît seulement les sept premiers conciles de l’Église, s’est condamnée à un immobilisme stérile.




A ceux qui subissent la fascination de l’orthodoxie, il faut rappeler les paroles de Maistre : « Toutes ces Eglises séparées du Saint-Siège, au commencement du XIIe siècle, peuvent être comparées à des cadavres gelés dont le froid a conservé les formes » (Ibid., p. 406). 


Le Père Martin Jugie (1879-1954), théologien, augustinien de l’Assomption, a développé ce thème dans un livre publié en 1923 sur Joseph de Maistre et l’Église gréco-russe dont je recommande la lecture : « Depuis de long siècles, l’Orient s’est habitué à considérer la doctrine révélée comme un trésor que l’on garde, non comme un trésor que l’on exploite ; comme un recueil de formules immuables, non comme une vérité vivante et infiniment riche, que l’esprit du croyant cherche toujours à mieux comprendre et à mieux assimiler » (Martin Jugie, Joseph de Maistre et l’Eglise gréco-russe, Maison de la Bonne Presse, Paris 1923, pp. 97-98).


L’Église n’a pas été fondée par le Christ comme une institution déjà rigidement et irrévocablement constituée, mais comme un organisme vivant lequel, comme le corps, image de l’Église, devait connaître un développement (Card. Alfons Maria Stickler, Il mistero della Chiesa nel Diritto canonico, in Aa. Vv., Il mistero della Chiesa, Paoline, Rome 1962, pp. 177-178). Ce développement de l’Église, sa croissance dans l’histoire, s’accomplit dans la contradiction et la lutte, surtout contre les grandes hérésies qui l’attaquent de l’intérieur. « Lorsque l’on considère les épreuves qu’a subies l’Église romaine par les attaques de l’hérésie et par le mélange des nations barbares qui s’est opéré dans son sein, – poursuit de Maistre – on demeure frappé d’admiration en voyant qu’au milieu de ces épouvantables révolutions, tous ses titres sont intacts et remontent aux Apôtres. Si elle a changé certaines choses dans les formes extérieures, c’est une preuve qu’elle vit ; car tout ce qui vit dans l’univers change, suivant les circonstances, en tout ce qui ne tient point aux essences. Dieu qui se les est réservées, a livré les formes au temps pour en disposer suivant de certaines règles. Cette variation dont je parle est même le signe indispensable de la vie, l’immobilité absolue n’appartenant qu’à la mort » (J. de Maistre, Du Pape, p. 410).


Citant Vincent de Lérins (Commonitorium, chap. XXIII, 3), le premier Concile du Vatican explique que la compréhension des vérités de foi doit grandir et progresser, au fil des âges et des siècles, en intelligence, en science et en sagesse, même si c’est seulement « dans le même dogme, le même sens et la même pensée ». Progrès de la foi ne signifie pas altération de la foi. De même la condamnation de l’altération de la foi ne signifie pas refus de tout développement organique des dogmes qui s’accomplit, sous l’action de l’Esprit-Saint, à travers le Magistère de l’Église et est garanti par le charisme de l’infaillibilité. Mais si l’Église est infaillible, il faut bien qu’existe un sujet qui exerce ce charisme. Ce sujet, c’est le Pape et ce ne peut être que lui. Dans la foi en l’infaillibilité du pape se trouvent les racines de la foi en l’infaillibilité de toute l’Église (Michael Schmaus, Dogmatica cattolica, Marietti, Casale Monferrato 1963, vol. III/1, p. 696).




La constitution Pastor Aeternus du premier Concile du Vatican définit clairement les conditions de l’infaillibilité pontificale. L’infaillibilité du pape ne signifie aucunement qu’il jouisse, en matière de gouvernement et de magistère, d’un pouvoir illimité et arbitraire. Le dogme de l’infaillibilité s’il définit un privilège suprême en fixe les limites précises, en admettant la possibilité de l’infidélité, de l’erreur et de la trahison L’Église, dit le Père Calmel, n’est pas le Corps mystique du pape, mais le Corps mystique du Christ (Roger T. Calmel, o.p., Brève apologie pour l’Eglise de toujours, Editions Difralivre, p. 106-107).  


Pour le papolâtre — ou « hyperpapiste » —, le pape n’est pas le Vicaire du Christ sur la terre, dont le devoir est de transmettre la doctrine qu’il a reçue dans son intégrité et sa pureté, mais plutôt un successeur du Christ qui perfectionne la doctrine de ses prédécesseurs en l’adaptant aux changements des temps. La doctrine de l’Evangile est en perpétuelle évolution parce qu’elle coïncide avec le Magistère du pontife régnant. Au magistère éternel se substitute un magistère vivant exprimé par un enseignement pastoral qui se transforme chaque jour et a sa propre regula fidei dans le sujet qui exerce l’autorité et pas dans le contenu objectif de la vérité transmise.


Il n’est nul besoin d’être grand théologien pour comprendre que, dans un malheureux cas de contraste — véritable ou apparent — entre le « Magistère vivant » et la Tradition, la primauté ne peut être qu’accordée à la Tradition, et ce pour une raison très simple : la Tradition, qui n’est autre que le Magistère « vivant » considéré dans son universalité et dans sa continuité, est infaillible en elle-même, alors que le soi-disant « Magistère vivant », compris comme la prédication actuelle de la hiérarchie ecclésiastique, ne l’est que sous certaines conditions (R. de Mattei, Apologie de la Tradition, Editions de Chiré, Chiré-en-Montreuil 2015, p. 157). 


Dans l’Église en réalité, l’ultime « règle de la foi » dans les époques d’éclipse de la foi, n’est pas le magistère vivant contemporain en ce qu’il a de non définitoire, mais la Tradition qui constitue, avec la Sainte Ecriture, une des deux sources de la Parole de Dieu. 


Que se passe-t-il lorsque celui qui gouverne l’Église cesse de garder et de transmettre la Tradition et lorsqu’au lieu de confirmer ses frères dans la foi, il crée de la confusion dans leurs esprits et, dans leurs cœurs, amertume et ressentiment ?

Quand cela arrive, c’est le moment de redoubler d’amour pour l’Église et pour le Pape. Mais la réponse à l’hyperpapalisme n’est pas le néo-gallicanisme de certains traditionalistes, ni le Sola Traditio des schismatiques gréco-russes. L’homme de la Tradition n’est pas un anarcho-traditionnaliste mais un catholique qui répète avec Joseph de Maistre : « O sainte Eglise de Rome, tant que la parole me sera conservée, je l’emploierai pour te célébrer. Je te salue, mère immortelle de la science et de la sainteté !Salve, magna parens » (Joseph de Maistre, Du Pape, p. 482); « Au milieu de tous les bouleversements imaginables, Dieu a constamment veillé sur toi, ô ville éternelle ! Tout ce qui pouvait t’anéantir s’est réuni contre toi, et tu es debout ; et comme tu fus jadis le centre de l’erreur, tu es depuis dix-huit siècles le centre de la vérité » (Ibid., p. 483).
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laurence c

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MessageSujet: Re: La tradition catholique   La tradition catholique EmptySam 9 Déc - 21:22

Parmi les multiples témoins de cette mentalité, on peut citer le mythe de l’âge d’or où les hommes étaient plus près des dieux et de la nature, et après lequel la sagesse et le bonheur ne cessèrent de se dégrader ; l’auctoritas vetustatis que, bien avant la fin de l’Antiquité classique, l’on reconnut aux premiers poètes, aux Sept Sages, aux philosophes présocratiques ; le mos maiorum dont le souvenir inspira la république romaine. Une illustration typique de cet état d’esprit apparaît dans les controverses qui opposèrent les différentes cultures sur la priorité chronologique de leurs fondateurs respectifs ; c’est ainsi que les juifs de l’époque hellénistique et les chrétiens des premiers siècles rivalisèrent d’efforts pour établir, contre le paganisme grec, que Moïse et les prophètes avaient précédé, et donc secrètement inspiré Homère, Hésiode ou Platon. Dans cette perspective, toute nouveauté devint synonyme d’erreur ; c’est, au XIXe siècle, la thèse de l’école dite précisément traditionaliste : « La vérité, quoique oubliée des hommes, n’est jamais nouvelle : elle est du commencement, ab initio. L’erreur est toujours une nouveauté dans le monde ; elle est sans ancêtres et sans postérité ; mais par cela même elle flatte l’orgueil, et chacun de ceux qui la propagent s’en croit le père » (L. de Bonald) ; mais, bien auparavant, les défenseurs de l’orthodoxie avaient accoutumé de condamner les hérétiques en tant que novateurs.

Le Nouveau Testament

Tel est le climat psychologique et culturel où naquit le culte de la tradition. En soi, le prix que, dans le christianisme, on reconnaît à la tradition est indifférent au canal qu’elle emprunte, et qui peut être la parole ou l’écrit ; à l’appui de ce sens large du mot, on cite l’injonction de saint Paul aux chrétiens de Thessalonique : « Demeurez fermes et retenez les traditions que nous vous avons enseignées de vive voix ou par écrit » (II Thess., II, 15). Pourtant, l’habitude se prit de bonne heure de réserver ce vocable à l’enseignement oral, et de l’opposer aux textes écrits. Sous le nom de logia ou agrapha, l’Église primitive faisait grand cas de certains « dits » de Jésus que n’avait pas consignés l’Évangile, et que l’on se transmettait de bouche à oreille. Mais l’idée d’une tradition purement orale n’est pas propre au christianisme. On connaît la notion de « lois non écrites » auxquelles se réfère l’Antigone de Sophocle. À la fin de Phèdre de Platon, plusieurs pages sont consacrées à exalter la valeur irremplaçable de la tradition pour faire connaître les vérités que ne saurait découvrir la réflexion individuelle : « Il y a du moins une tradition que je suis à même de rapporter, une tradition de l’antiquité. Or, le vrai, c’est elle qui le connaît ; si nous pouvions, par nous-mêmes, le découvrir, est-ce qu’en vérité nous nous soucierions encore de ce qu’a cru l’humanité ? » (274 c) ; or, le contenu de cette tradition, c’est justement le récit mythique de l’invention de l’écriture, d’où ressortent la faiblesse du texte écrit et la supériorité de l’enseignement oral : « Celui qui se figure que, dans des caractères d’écriture, il aura laissé après lui une connaissance technique, et celui qui, à son tour, la recueille avec l’idée que des caractères d’écriture produiront du certain et du solide, sans doute ont-ils largement, ces gens-là, leur compte de naïveté » (275 c) ; que ne préfère-t-on « le discours de celui qui sait, discours vivant et animé, duquel en toute justice on pourrait dire que le discours écrit est un simulacre » (276 a) ! À cela on doit joindre l’idée, répandue chez les auteurs anciens, que nombre de civilisations brillantes auraient été englouties, en même temps que leurs monuments écrits, dans des cataclysmes, et que seul en survivrait le souvenir dans la mémoire de quelques sages, c’est-à-dire dans la tradition orale ; une bonne illustration de ce thème se rencontre sous la plume d’Aristote ; on y voit, en outre, que ce modèle d’esprit critique ne laissait pas d’être sensible au prestige de la tradition : « Une tradition, transmise de l’antiquité la plus reculée, et laissée, sous forme de mythe, aux âges suivants, nous apprend que les premières substances sont des dieux, et que le divin embrasse la nature entière  Alors que, selon toute vraisemblance, les divers arts et la philosophie ont été, à plusieurs reprises, développés aussi loin que possible et chaque fois perdus, ces opinions sont, pour ainsi dire, des reliques de la sagesse antique conservées jusqu’à notre temps » (Métaphysique, XII, 8, 1074 b 1-13).

C’est dire combien l’Antiquité classique était convaincue de la validité des traditions non écrites, au point de leur donner le pas sur les textes. L’Écriture prend une tout autre dimension dans les religions du Livre ; pourtant, la tradition y garde tous ses droits. C’est que l’Écriture se présente comme la codification d’une tradition orale antérieure ; cette circonstance apparaît en pleine clarté au début de l’Évangile selon saint Luc (I, 1-4) : « Puisque beaucoup d’autres ont entrepris de raconter les faits accomplis parmi nous, d’après les traditions de ceux qui, dès le début, furent témoins oculaires et ministres de la parole, j’ai cru bon, moi aussi, qui ai mené sur toutes ces choses une longue et minutieuse enquête, de t’en écrire l’histoire suivie  pour te permettre de vérifier la sûreté des renseignements que tu as reçus » ; et un historien des religions contemporaines, G. Van der Leeuw, rejoint étonnamment cette déclaration quand il écrit : « La tradition de la parole sainte est orale à l’origine ; elle vit en étant récitée. Plus tard seulement, la tradition orale fait place à la tradition écrite . La fixation écrite du texte sacré ne contribue pas en première ligne à préciser la tradition , mais elle permet de dominer la parole écrite, dont dès lors on peut faire ce qu’on veut. » Antérieure à l’Écriture, la tradition a, d’autre part, un contenu qui dépasse de beaucoup en étendue celui de l’Écriture ; c’est que la masse des enseignements oraux n’a évidemment pas pu être intégralement transcrite, c’est le sens de l’aveu sur lequel s’achève l’Évangile johannique (XXI, 25) : « Il y a eu bien d’autres choses encore accomplies par Jésus ; si on voulait les relater une à une, je pense que le monde entier ne pourrait en contenir le récit. » Non seulement la tradition fournit à l’écriture sa matière, elle en garde aussi les frontières ; la constitution de toute Écriture sacrée donne lieu en effet, autour d’elle, à toute une prolifération d’apocryphes et de pseudépigraphes avides de s’insérer dans le recueil original ; c’est la tradition qui écarte l’inauthentique, et définit ainsi ce que l’on appelle la canonicité de l’Écriture ; comme le dit Irénée de Lyon dans son VIe fragment conservé en arménien : « Seul est vrai l’Évangile tel qu’il a été transmis par les apôtres et conservé depuis eux, celui qui ne contient ni plus ni moins que ce qui a été rapporté jadis, dont les évêques orthodoxes ont consenti le texte écrit, sans addition ni suppression. » On n’oubliera pas enfin que les Écritures les plus anciennes sont aussi les plus obscures ; des directives pour l’interprétation ne sont pas superflues et c’est la tradition qui peut les procurer.

Les données de l’Écriture sur la tradition

Le Nouveau Testament abonde en appels à la tradition ; on en a déjà vu quelques-uns. C’est qu’au moment où se fondèrent les premières communautés chrétiennes l’Évangile n’était pas encore écrit ; il ne pouvait y avoir de règle de foi que dans le rattachement à l’enseignement oral de Jésus par le canal d’une tradition authentique. Tel est le procédé constant de saint Paul. Bien qu’il n’ait pas été le témoin de la carrière terrestre de Jésus, Paul s’est trouvé en contact avec lui par des révélations personnelles, et c’est sur ce privilège qu’il fonde son propre enseignement ; ainsi écrit-il dans la Ire Épître aux Corinthiens (XI, 23) : « Moi, j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis. » Fort de ce message originel qu’il a conscience de propager sans l’altérer, il instaure une tradition pour laquelle il requiert la fidélité de ses auditeurs ou de ses correspondants ; tel est son précepte à son disciple Timothée : « Conserve le souvenir exact des saines paroles que tu as entendues de moi dans la foi et la charité du Christ Jésus. Garde le bon dépôt à l’aide du Saint-Esprit qui habite en nous tous » (II Tim., I, 13-14). Il appartient à Timothée de devenir lui-même un relais dans la tradition, et de transmettre à son tour ce qu’il aura entendu : « Ce que tu as entendu de ma bouche devant de nombreux témoins, confie-le à ton tour à des hommes fidèles qui soient aptes à l’enseigner à d’autres » (ibid., II, 2). Ainsi rattachée expressément au fondateur de la religion nouvelle, une chaîne se constituait de proche en proche, dont les chrétiens des générations suivantes cherchèrent avidement à se saisir ; c’est dans cette continuité quasi matérielle que réside l’essence de la tradition.

L’élaboration de l’argument de tradition

Ainsi s’explique-t-on le prix que l’Église primitive attacha à ceux de ses membres qui étaient assez vieux pour avoir connu les apôtres (et que l’on appelait pour cette raison « anciens » ou « presbytres »). Parmi eux, saint Irénée mentionne, par exemple, « Clément de Rome, qui succéda en troisième lieu, après Lin et Anaclet, à Pierre et à Paul, qui a vu les apôtres et a conversé avec eux. Leur prédication résonnait encore à ses oreilles et leur tradition était devant ses yeux, et il n’était d’ailleurs pas le seul, puisque, de son temps, il en restait encore beaucoup qui avaient été instruits par les apôtres » (Contre les hérésies, III, III, 3). D’autres n’avaient pas à proprement parler fréquenté les apôtres, mais connaissaient ceux qui les avaient connus, et leur témoignage apparaissait encore de singulière valeur ; tel est, au début du IIe siècle, Papias, évêque de Hiérapolis en Phrygie ; ce que dit de lui l’historien Eusèbe (Histoire ecclésiastique, III, XXXIX, 2-4) en rapportant ses propres termes permet de saisir ce qu’était alors la recherche de la tradition authentique, orale plutôt qu’écrite : « Papias  ne se montre pas lui-même comme ayant jamais été l’auditeur ou le spectateur des saints apôtres, mais il apprend qu’il a reçu ce qui regarde la foi par ceux qui les avaient connus. Voici ses propres paroles : Si quelque part venait quelqu’un qui avait été dans la compagnie des presbytres, je m’informais des paroles des presbytres : ce qu’ont dit André ou Pierre, ou Philippe, ou Thomas, ou Jacques, ou Jean, ou Matthieu, ou quelque autre des disciples du Seigneur ; et ce que disent Aristion et le presbytre Jean, disciples du Seigneur. Je ne pensais pas que les choses qui proviennent des livres me fussent aussi utiles que ce qui vient d’une parole vivante et durable. »

À la fin du IIe siècle, saint Irénée s’applique à faire la théorie du rôle de la tradition dans l’enseignement chrétien ; parmi les critères plus ou moins douteux requis pour justifier l’origine apostolique d’une tradition, il montre qu’un seul est incontestable, à savoir la succession des évêques, en particulier les évêques de Rome : « Comme il serait trop long de faire le relevé de la succession apostolique dans toutes les Églises, on devra le faire au moins pour la très grande et très ancienne Église de Rome, connue de tous et fondée sur les deux apôtres très glorieux Pierre et Paul : elle a une foi et une tradition qui, des apôtres, est parvenue jusqu’à nous par la succession des évêques » (Contre les hérésies, III, III, 2). Ce plaidoyer pour la primauté romaine était inspiré par l’intention de faire pièce à l’hérésie gnostique. Quelques années plus tard, Clément d’Alexandrie combat les mêmes adversaires sur le même terrain de la tradition ; il se rapproche pourtant d’eux en ce que la tradition telle qu’il la conçoit n’est pas celle de la foi ordinaire, accessible au grand nombre, mais celle de la « gnose », enseignement secret réservé aux parfaits ; portant sur les mystères cachés, ésotérique, exclusivement orale, cette révélation aurait été à l’origine communiquée par Jésus à quelques apôtres, tels Paul et Barnabé ; malgré sa singularité, elle a tous les caractères d’une tradition ; Clément le rappelle dans une formule condensée : « Transmise sans écrit à partir des apôtres, la gnose est parvenue à un petit nombre selon une succession » (Strom., VI, VII, 61, 3).

Tels sont les progrès de l’idée de tradition chez les théologiens de langue grecque. En Occident et dans le même temps, la contribution la plus importante est celle de Tertullien, qui, contre la prétention des gnostiques à disposer de traditions authentiques, mobilise l’argument dit de la « prescription » ; d’inspiration juridique, hérissé des termes techniques du prétoire, celui-ci consiste à soutenir qu’étant en possession des Écritures sans interruption depuis l’origine, les chrétiens en sont les seuls propriétaires légitimes, les hérétiques n’ayant aucun titre pour le devenir ; on voit qu’une telle démonstration s’appuie sur l’existence de la tradition, dont elle renforce l’autorité : « S’il est vrai que la vérité doive nous être adjugée en partage, à nous qui marchons dans cette règle que les Églises nous transmettent après l’avoir reçue des apôtres, les apôtres du Christ, le Christ de Dieu, nous étions donc bien fondés à soutenir que les hérétiques ne doivent pas être admis à nous provoquer . Ce domaine m’appartient, je le possède d’ancienne date, je le possédais avant vous ; j’ai des pièces authentiques émanant des propriétaires mêmes auxquels le bien a appartenu. C’est moi qui suis l’héritier des apôtres . Quant à vous, ce qui est sûr, c’est qu’ils vous ont toujours déshérités » (De la prescription contre les hérétiques, XXXVII, 1-6). Après Tertullien, et dans la même Église d’Afrique, Cyprien et Augustin revendiquent encore les droits de la tradition ; au milieu du Ve siècle, Vincent de Lérins sera l’auteur d’une formule célèbre donnant pour critères de la doctrine véritablement traditionnelle son universalité, son antiquité, le consentement général dont elle bénéficie : « Il faut veiller soigneusement à s’en tenir à ce qui a été cru partout, toujours et par tous » (Id teneamus quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est).

La Réforme et la Contre-Réforme

La tradition devait être ainsi exaltée jusqu’aux attaques que lui portèrent les réformateurs. De la conviction de la primauté absolue de l’Écriture sur toute autre autorité (qui est la thèse catholique) Luther passe à l’idée que cette primauté est exclusive ; toutes les traditions sont, pour lui, humaines, traditiones hominum, et le choix à faire entre l’Écriture et la tradition s’identifie à ses yeux au choix entre Dieu et l’homme ; dès lors, l’autorité est retirée à la tradition pour être réservée à l’interprétation personnelle de l’Écriture sous la motion intérieure de l’Esprit-Saint. Toutes les traditions ne sont pas pour autant rejetées : les plus anciens Conciles sont respectés, les Pères de l’Église sont cités par Zwingli, Calvin et Melanchthon ; mais c’est seulement dans la mesure où ils se conforment à l’Écriture. Ce n’est donc pas le principe de la tradition qui, à proprement parler, est nié, mais les applications en sont soumises rigoureusement au critère de l’Écriture. Comme l’écrit Calvin, « depuis qu’on a une fois commencé de constituer la religion en ces vaines traditions, il s’ensuit incontinent après cette perversité une autre malédiction exécrable, que Christ reprochait aux pharisiens, à savoir que le commandement de Dieu est méprisé et anéanti, pour garder les préceptes des hommes » (Institution de la religion chrétienne, IV, X, 10).

Avec des théologiens comme Melchior Cano et Bellarmin, le catholicisme s’appliqua à rétablir la tradition dans ses droits. Dans sa quatrième session du 8 avril 1546, le concile de Trente affirma solennellement la parité, comme règles de la foi, de l’Écriture et de la tradition orale authentique : « Considérant que la vérité et la discipline des mœurs sont contenues dans les livres écrits et dans les traditions non écrites qui, reçues de la bouche même du Christ par les apôtres, ou par les apôtres à qui l’Esprit saint les avait dictées, transmises comme de main à main, sont parvenues jusqu’à nous, le concile  reçoit tous les livres tant de l’Ancien que du Nouveau Testament , ainsi que les traditions . Il les reçoit et les vénère avec un égal respect et une piété égale. » Plus de trois siècles plus tard, le Ier concile du Vatican devait reprendre une partie de ce texte.
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