L'’application StopCovid et la vie privéeStopCovid, une application de traçage du Covid-19 qui fait débat StopCovid : le gouvernement envisage un bracelet pour les personnes sans smartphone Seuls 70 % des Français sont équipés d'un smartphone qui permettrait l'utilisation de l'application StopCovid. Pour les autres, le gouvernement envisage la mise en place de boîtiers ou de bracelets électroniques.
Depuis plusieurs semaines, l’une des solutions envisagées par le gouvernement afin de suivre ‘évolution du Covid-19 après le déconfinement est la mise en place d’une application pour smartphone. Baptisée StopCovid, elle serait déployée sur Android et iPhone et utiliserait le Bluetooth afin de permettre de connaître les personnes susceptibles d’avoir été contaminées par une personne porteuse du virus.
UN BOÎTIER OU UN BRACELET CONNECTÉ ENVISAGÉ EN L’ABSENCE DE SMARTPHONEDans cet article, le membre du gouvernement évoque les différentes pistes envisagées, notamment pour les personnes qui ne pourront pas installer StopCovid, n’ayant pas accès à un smartphone. « Dans le contexte du contact tracing, il est essentiel que les populations « déconnectées » ne soient pas exclues des dispositifs sanitaires », explique-t-il. Ainsi, le secrétaire d’État affirme que plusieurs pistes sont envisagées par l’équipe en charge du projet afin que les personnes sans smartphones puissent être également suivies :
Pour ceux ne possédant pas de smartphone, une partie de l’équipe est dédié à essayer de trouver une autre solution — par exemple, un boitier ou un bracelet qui permettraient de se passer des téléphones.
Cédric O prévient néanmoins que le développement d’une telle solution prendra plus de temps encore que celui de l’application StopCovid, « a minima des semaines supplémentaires ».
Dans le même billet, le secrétaire d’État chargé du numérique tente également de rassurer quant à la protection de la vie privée dans le cadre de la mise en place de l’application. Il admet que « le risque zéro n’existe pas » et qu’il est « loin d’être anecdotique s’agissant d’un outil de traçage des interactions sociales ». « Ce n’est qu’au regard du rapport bénéfice/risque que la décision de déployer StopCovid ne pourra, le cas échéant, être prise. En un mot, StopCovid n’est pas une application de temps de « paix » », indique Cédric O.
Signe de la sensibilité du sujet, un document de la Commission européenne, vu par Reuters et portant sur une approche paneuropéenne, prévoit la destruction des données personnelles dès lors que l'épidémie de coronavirus sera sous contrôle.
Trois cents scientifiques internationaux de renom, spécialistes du domaine ont signé une tribune où ils se déclarent "préoccupés que les solutions de suivi envisagées puissent déboucher sur une surveillance sans précédent de la société dans son ensemble". Leur texte insiste sur la nécessité d'un stockage des données décentralisé.
L'efficacité d'un tel dispositif n'est pas prouvée, et il existe déjà de nombreuses contraintes.Le suivi de contacts - ou contact-tracing - est sur toutes les lèvres. Sur celles d’Emmanuel Macron, qui l’a mentionné lors de sa dernière allocution télévisée, et sur celles des membres du gouvernement avant lui. Dernièrement, ce sont Apple et Google qui ont scellé une alliance dont le but est d’accoucher d’une API permettant aux gouvernements qui le souhaitent de développer une app de contact-tracing basée sur leurs travaux. Ils permettent, de fait, l’interopérabilité entre les systèmes iOS et Android, et déverrouillent des accès au Bluetooth, protocole privilégié par les autorités en France notamment. Mais ce solutionnisme technologique pourrait n’être guère plus qu’un coup d’épée dans l’eau.
Il est possible d’obtenir la localisation de quelqu’un par des moyens additionnels, ce que font les spécialistes de la pub (adtech) et autres centres commerciaux pour vous localiser dans un magasin.
L’outil de tracking proposé par le gouvernement n’est ni efficace, ni sans danger.Et surtout, loin de se contenter de menacer la vie privée, ce n’est ni plus ni moins qu’une forme de bracelet électronique généralisée et donc la mise en détention globale de tous les Français qui est aujourd’hui plébiscitée par le gouvernement, et ce, alors même qu’il s’agit en réalité de palier à ses propres carences dans la préparation et la gestion de l’épidémie.
Il faudra aussi pratiquer des dépistages généralisés, sans quoi l’application n’aurait pas raison d’être. S’il est trop tôt pour tirer des conclusions, StopCovid semble d’ores et déjà faire face à des équations très complexes.
De la même façon, une application de ce type permettra aisément à l’exécutif de s’extraire de sa responsabilité en la transférant sur les citoyens qui auront trop peu ou mal utilisé l’application. En réalité, il importe peu que son installation soit volontaire et qu’elle soit accompagnée de quelque comité éthique que ce soit. Le consentement n’est pas un sésame pour toutes les atteintes aux libertés, et ce encore moins quand il est contraint par la peur de l’épidémie, ou par la coercition directe ou indirecte à travers des sanctions plus ou moins informelles – pense-t-on par exemple à la possibilité que l’application soit imposée aux salariés par des employeurs ou à des étudiants par leurs établissements d’enseignement ?