Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
forum marmhonie des religions
Forum franco-chinois de l'histoire des religions et des civilisations. 中法宗教與文明史論壇。日仏宗教史フォーラム。फ्रेंको-इंडियन फोरम ऑफ रिलिजन एंड सिविलाइजेशन। 종교와 문명사를 위한 한불포럼.
Sujet: Le cas Galilée (1564-1642) Sam 10 Juin - 8:30
Le cas Galilée (1564-1642)
Depuis plusieurs siècles, les ennemis de l’Église Catholique utilisent « le cas Galilée » pour la ridiculiser, l’accusant d’obscurantisme et de « dictatorialisme scientifique ». Nombreux sont les Catholiques qui ont cru ces calomnies, et ont été troublés par les progrès scientifiques qui sembleraient contredire la Révélation. La lumière de la Révélation est Divine, donc infaillible. Mais la lumière qui guide les sciences naturelles physiques est humaine, donc faillible de par sa nature. S’il apparaissait une contradiction entre les résultats de la science humaine, et les enseignements de la Révélation Divine, la science humaine se tromperait et devrait se plier devant la science Divine ! Ne nous inquiétons pas de ce que peuvent dire les scientifiques (ou pseudo-scientifiques), et professons courageusement notre foi, en dépit des rires, mépris et persécutions.
L'attitude de l'Eglise L’Église a toujours été très ouverte aux progrès scientifiques. D’éminents Catholiques étudièrent avec enthousiasme la théorie du mouvement de la terre : Saint Bède le Vénérable (732), Jean Buridan (1342), Nicolas Oresme, Evêque de Lisieux (1377), Nicolas de Cusa, Evêque de Brixen (1450), Nicolas Copernic, Prêtre de Fribourg (1543).
Les règles de Prudence De plus, à l’époque de Galilée, de nombreux astronomes Jésuites croyaient au mouvement de la terre. Le 12 avril 1615, l’Église Catholique, par la voix de Saint Robert Bellarmin, donna aux scientifiques et à Galilée lui-même trois règles de prudence : • Restez exclusivement dans le domaine scientifique, et ne mélangez pas vos travaux avec le texte de la Sainte Écriture. • Laissez à l’Église Catholique le droit exclusif et infaillible d’interpréter les Saintes Écritures, afin de ne pas donner cours au libre examen des protestants. Il n’existe aucun texte de la Bible établissant l’immobilité de la terre. • Aussi longtemps qu’il n’est pas possible de prouver une théorie scientifique, celle-ci doit être présentée comme une simple opinion ou hypothèse de travail.
Galilée et l'Eglise En 1613, dans sa « Lettre sur les taches du soleil », Galilée affirme ouvertement le mouvement de la terre. Il est félicité par les Cardinaux Saint Charles Borromée et Barberini (le futur Pape Urbain VIII). Le 5 mai 1616, la Congrégation de l’Index retire de la circulation le livre de Copernic publié 73 ans auparavant, en demandant quelques corrections mineures. Mais le livre du père Foscarini, qui mêle le mouvement de la terre et les Saintes Ecritures est condamné. Le nom de Galilée n’apparaît même pas dans le décret. Le 28 août 1620, le Cardinal Barberini écrit un poème « Adulatio perniciosa » en l’honneur de Galilée. En 1624, Galilée parle six fois avec le Cardinal Barberini devenu le Pape Urbain VIII, et il quittera Rome avec une bourse pour son fils, une peinture de valeur, une médaille d’or et d’argent, et une lettre de recommandation au nouveau Duc de Toscane dans laquelle le pape exalte les vertus de Galilée, en disant : « C’est un grand homme dont la réputation brille au ciel et sur la terre » ! En 1630, Galilée demande l’Imprimatur pour son grand travail, mais refuse de se soumettre aux conditions de prudence fixées par Saint Robert Bellarmin. Aveuglé par son orgueil, Galilée n’hésitera pas à se moquer du Pape et de l’autorité de ses supérieurs ecclésiastiques, refusant de donner les preuves de ses hypothèses scientifiques, sous le prétexte que ses adversaires sont trop stupides pour les comprendre ! Or Galilée, ne disposait pas de preuves directes du mouvement terrestre et a insulté ses protecteurs religieux qui finançaient sa vie et sa famille. Dans son opus sur les comètes de 1623, il prétendit écriture les mathématiques du livre de l'Univers. Or Galilée s'est trompé au point de ne pas même faire progresser l'algèbre dans ce domaine. Galileo Galilei : "Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo" fut un ouvrage demandé à Galilée par le pape Urbain VIII vers 1624 et publié en 1632. S'il avait été condamné par l'Eglise, comment le pape lui aurait demandé cet ouvrage et le faisant publier ?
Jugement rendu de l'Eglise Il n’était pas possible pour le Pape d’accepter de telles insultes contre le trône pontifical. Galilée est donc envoyé au Saint Office qui le condamna à une « prison dorée », à savoir la réclusion perpétuelle dans le palais de l’Ambassadeur de Florence, dans lequel il ne resta d’ailleurs que quinze jours (1633). Il ressortit libre et l'argent de l'Eglise continua de soutenir ses recherches et le bien être de sa famille au plus haut niveau. Pendant son procès romain, il fut même logé somptueusement, et le Pape lui donna l’usage de son carrosse pour voyager à Rome et dans les environs autant qu'il le voulut sans limite de territoire. Galilée, n’en déplaise à nos modernes, fut justement condamné, non pour ses hypothèses scientifiques non démontrées, mais pour des raisons théologiques. En mélangeant ses opinions scientifiques improuvables à son époque et les Saintes Écritures, interprétées à sa façon, il ouvrait la porte au libre examen protestant, et scandalisait les âmes simples. Les condamnations de 1616 et de 1633 étaient simplement disciplinaires, justifiées par les circonstances particulières de l’époque. Galilée n’acceptait aucune critique, raciste et prétendait qu’il était nécessaire de réformer les lois traditionnelles de l’interprétation de l'évangile du Christ. Avec la condamnation de 1633, le tribunal de la Sainte Inquisition ne considéra que le dommage social et individuel causé par le libre examen de Galilée sur les évangiles, en voulant protéger les âmes simples qui n’avaient aucune connaissance scientifique. C’est à cause de cette porte ouverte vers le protestantisme que les théories de Galilée furent condamnées comme « hérétiques » par l’Église Catholique. Le mot « hérétique », utilisé dans les décrets de la Sainte Inquisition contre Galilée ne doit pas être compris dans un sens théologique. Un juge ecclésiastique peut condamner une proposition comme « hérétique » à cause du danger qu’elle représente pour les âmes.
Conclusion On pourrait facilement tirer un parallèle entre le comportement de Galilée et celui d’un autre étudiant universitaire condamné pour l'assassinat de son compagnon intime, Martin Luther. Le bras séculier lui offrit de choisir entre la prison à vie ou une retraite définitive dans un monastère. Luther choisit l'ordre des Augustiniens. Son génie théologique fut mis en valeur et le pape ordonna que sa condamnation soit annulée. Orgueilleux, le moine Luther échangea une série de lettre conservées avec le pape lui demandant de lui succéder à sa mort. Cette requête folle fut refusée et Martin, libre, apostasia. Loin d'avoir perdu son avidité de pouvoir, il fit chanter le pape en lui déclarant qu'il ne serait pas le prochain pontife, il mettrait l'Europe à sang. Ce qu'il fit avec la guerre de Trente Ans.Le protestantisme lui échappait avec de nouveaux révolutionnaires, dont Calvin qui lança les huguenots à détruire tout le patrimoine catholique de l'Europe du Sud. Ils détruisirent un tiers des bibliothèques et des ouvrages en terre de France. Et pourtant, Luther autant que Calvin sont acclamés aujourd’hui dans le monde entier comme des « martyrs de la liberté », alors qu'ils étaient deux pervers sexuels prédateurs (Luther se suicida)...ils étaient deux pervers sexuels prédateurs (Luther se suicida)...ils étaient deux pervers sexuels prédateurs (Luther se suicida)... De même que des hommes d’Église imprégnés de l’esprit du monde cherchent à « réhabiliter » Luther, d’autres individus non moins recommandables veulent « réhabiliter » Galilée afin de salir l’Eglise du Christ et de mettre la confusion dans les âmes. Leurs idées sont présentées comme des certitudes, alors qu’elles ne sont que de simples hypothèses qu’ils sont incapables de prouver. La terre tourne autour du soleil qui tourne dans sa galaxie au sein de l'univers dont le centre se déplace, depuis une récente découverte. L'hypothèse de plusieurs univers devient plausible. Comment savoir ?
Références - Aimé Richardt, « La vérité sur Galilée », émission Au cœur de l'histoire, Europe 1, 27 février 2012. - Cardinal Paul Poupard, « L'Affaire Galilée », Éditions de Paris, octobre 2005. - Encyclopédie universelle - Galileo Galilei "Siderian Nuncius" - Galileo Galilei "Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo" - Galileo Galilei "Siderian Nuncius, montrant de grands et lointains spectacles merveilleux" - Galileo Galilei "Discorso intorno alle cose che stanno in su l ' Acqua et che in quella si muovono" - Galileo Galilei "Le Operazioni del compasso geometryo et militare di Galileo-Galilei" - Galileo Galilei "De motu antiquiora"
Louisneuf
Messages : 320 Date d'inscription : 14/05/2019
Sujet: Re: Le cas Galilée (1564-1642) Sam 10 Juin - 12:41
Contrairement à ce qu’on affirme, l’Eglise catholique n’a jamais combattu Galilée par obscurantisme vis-à-vis de la science
Bonjour à tous, et bienvenue dans cette vidéo qui portera sur la célèbre mais mal connue controverse sur Galilée, astronome condamné par l'Eglise au dix septième siècle. A la suite d'une commission d'étude sur l'affaire Galilée, sollicitant théologiens et historiens, Saint-Jean Paul II déclarait: "À partir du siècle des Lumières et jusqu’à nos jours, le cas Galilée a constitué une sorte de mythe, dans lequel l’image que l’on s’était forgée des événements était passablement éloignée de la réalité. Dans cette perspective, le cas Galilée était le symbole du prétendu refus par l’Église du progrès scientifique, ou bien de l’obscurantisme «dogmatique» opposé à la libre recherche de la vérité. Ce mythe a joué un rôle culturel considérable; il a contribué à ancrer de nombreux scientifiques de bonne foi dans l’idée qu’il y avait incompatibilité entre, d’un côté, l’esprit de la science et son éthique de recherche et, de l’autre, la foi chrétienne. Une tragique incompréhension réciproque a été interprétée comme le reflet d’une opposition constitutive entre science et foi. Les élucidations apportées par les récentes études historiques nous permettent d’affirmer que ce douloureux malentendu appartient désormais au passé." Exposons les faits historiques actuels qui mènent à cette conclusion. Intro: 00:00 + La croyance en la terre plate: 1:27 + Copernic et l'héliocentrisme: 2:07 + Le procès de Galilée et contexte historique: 3:11 + Le second procès et la sentence: 5:47 + La fin du géocentrisme et conclusion: 7:15
Les principales accusations contre l'Église.
Les principales accusations portées contre l'Église sont les suivantes : 1° Les Croisades.
2° La Croisade des Albigeois et Y Inquisition.
3° Les Guerres de religion et la Saint-Barthélemy.
4° Les Dragonnades et la Révocation de l'Édit de Nantes.
5° Le Procès de Galilée.
6° l’ingérence des Papes dans les affaires temporelles.
7° Le Syllabus et la condamnation des libertés modernes.
Aujourd'hui, pour en finir avec les inventions autour du procès de Galilée.
1° Exposé des faits. — Dès 1530, le chanoine Copernic formulait déjà l'hypothèse que la terre et toutes les planètes tournent autour du soleil, et non le soleil autour de la terre, comme l'enseignait le système de Ptolémée, généralement admis jusque-là. Au début du xvi siècle, Galilée, ayant présenté le système de Copernic comme une hypothèse certaine, fut, de ce fait, cité deux fois devant la Saint-Office. Ce sont ces deux procès qui forment le point central de ce qu'on appelle 1' « affaire Galilée ».
A. PROCÈS DE 1616. — En défendant la théorie de Copernic comme une hypothèse certaine, Galilée s'était fait de nombreux adversaires, entre autres, tous les savants qui ne juraient que par Aristote. Vers la fin de 1641, François Sizi accuse Galilée de contredire, par son système, les passages de la Bible tels que Josué, x, 12 ; Eccles., i, 5 ; Ps., xviii, 6 ; ciii, 5 ; Eccl., xliii, 2, qui paraissent en faveur du système géocentrique. Galilée pouvait alors se retrancher sur le terrain scientifique et fuir la difficulté en laissant aux théologiens et aux exégètes le soin de la résoudre. Il commit la faute de suivre son adversaire sur le terrain de l'exégèse. Le 19 février 1616, la question fut donc portée devant la Congrégation du Saint-Office.
Onze théologiens consulteurs eurent à examiner les deux propositions suivantes :
1. Le soleil est le centre du monde et il est immobile ;
2. La terre n'est pas le centre du monde et elle a un mouvement de rotation et de translation.
La première proposition fut qualifiée « fausse et absurde philosophiquement, et formellement hérétique parce qu'elle contredit expressément plusieurs textes de la Sainte Écriture suivant leur sens propre et suivant l'interprétation commune des Pères et des Docteurs». La seconde proposition fut censurée « fausse et absurde philosophiquement, et au moins, erronée dans la foi ».
Le 25 février, le pape Paul V donnait au cardinal Bellarmin l'ordre de faire venir Galilée et de l'avertir qu'il eût à abandonner ses idées. Galilée vint et se soumit. Le 5 mars, sur l'ordre de Paul V, paraissait un décret de la Congrégation de l'Index condamnant les ouvrages de Copernic et tous les livres qui enseignaient la doctrine de l'immobilité du soleil. Mais dans cette condamnation il n'était pas fait mention des écrits de Galilée. Celui-ci fut même reçu en audience, le 9 mars, par le pape qui lui déclara qu'il connaissait la droiture de ses intentions et qu'il n'avait rien à craindre de ses calomniateurs.
B. PROCÈS DE 1633. — Après son procès de 1616, Galilée était allé reprendre à Florence le cours de ses travaux. En 1632, il publia son Dialogue sur les deux plus grands systèmes du monde. Cet ouvrage portait l'imprimatur de l'inquisiteur de Florence et celui de Mgr Riccardi, Maître du Sacré-Palais, chargé par office de surveiller la publication de tous les livres qui paraissaient à Rome. Or ce dernier avait bien accordé l'imprimatur, mais sous la condition, que l'ouvrage contiendrait une préface et une conclusion indiquant que le système n'était présenté qu'à titre d'hypothèse. La préface et la conclusion"^ y trouvaient en effet, mais, de la manière dont elles étaient rédigées, elles parurent une moquerie. Les théologiens du Saint-Office furent d'avis que Galilée transgressait les ordres donnés en 1616. En conséquence, il fut cité à nouveau devant le Saint-Office. Après avoir différé plusieurs fois son voyage sous prétexte de maladie, il se mit enfin en route et arriva à Rome le 16 février 1633, où il jouit d'un régime de faveurs, puisque, au lieu d'être interné dans une cellule du Saint-Office, il put descendre chez un de ses amis Niccolini ,l'ambassadeur de Toscane.
Le procès commença le 12 avril, et la sentence fut rendue le 22 juin. Galilée, debout et tête nue, écouta la lecture de sa condamnation : abjuration, prison et récitation, une fois par semaine, pendant trois ans, des sept Psaumes de la Pénitence. Puis, à genoux, la main sur l'Évangile, il signa un acte d'abjuration dans lequel il se déclarait « justement soupçonné d'hérésie», détestait ses erreurs, promettait de ne plus les soutenir et de réciter les pénitences imposées. C'est à ce moment que, d'après une légende tout à fait invraisemblable, vu les circonstances, Galilée se serait écrié en frappant la terre du pied : « E pur si muove» «Et pourtant elle se meut!»
461. — 2° Accusation. — Nos adversaires portent, à propos du procès de Galilée, une triple accusation contre l'Eglise. — a) Ils prétendent d'abord que, dans cette affaire, L'infaillibilité du pape a été mise en défaut: — b) Puis ils accusent l'Église d'avoir frappé un innocent, et — c) d'avoir entravé les progrès de la science.
462. — 3° Réponse- — A. Il est faux de prétendre que l'infaillibilité du pape et par conséquent celle de l'Église ,ait été mise en défaut dans l'affaire Galilée. Sans nul doute, lorsque les juges de Galilée, les papes Paul V et Urbain VIII y compris, jugeaient le système de Copernic contraire à la lettre de l'Écriture, ils commettaient une erreur objective et matérielle. Lorsque Galilée affirmait, au contraire, qu'il ne faut pas toujours prendre les paroles de la Sainte Écriture à la lettre, les écrivains sacrés ayant employé, en parlant du soleil, le langage courant, lequel n'a aucune prétention scientifique et se conforme aux apparences, c'est bien lui qui avait raison. D'où il suit que « le tribunal du Saint-Office, comme celui de l'Index, s'est trompé en déclarant, dans les considérants, fausse en philosophie la doctrine de Copernic, qui est vraie, et contraire à l'Écriture cette doctrine, qui ne lui est nullement opposée.
Mais peut-on trouver dans ce fait un argument contre la doctrine de l'infaillibilité de l'Église ou du Souverain Pontife? Pour répondre à cette question, il n'y a qu'à déterminer la valeur juridique des décrets de 1616 et de 1633. Le décret de 1616 est un décret de la Sacrée Congrégation de l'Index ; celui de 1633, un décret du Saint-Office. Assurément, ces décrets ont été approuvés par le Pape : mais comme dans l'espèce, il s'agit seulement d'une approbation dans la forme simple, commune (in forma communi), les décrets sont et restent juridiquement les décrets de Congrégations, qui valent par l'autorité immédiate des Congrégations.
Or, nous le savons, la question d'infaillibilité ne se pose même pas, quand il s'agit d'un décret d'une Congrégation quelle qu'elle soit, eût-elle comme Préfet le Pape lui-même. »(Choupin, Valeur des décisions doctrinales et disciplinaires du Saint-Siège). Deux conditions leur manquent pour pouvoir être des définitions ex-cathedra, et partant, infaillibles. La première c'est que la censure portée contre la théorie copernicienne ne se trouve que dans les considérants qui ne sont jamais l'objet de l'infaillibilité, et la seconde c'est que les décrets n'ont pas été des actes pontificaux, mais des actes des Congrégations, lesquelles ne jouissent pas du privilège de l'infaillibilité. Au reste, aucun théologien n'a jamais considéré ces décrets comme des articles de foi, et, même après les sentences du Saint-Office, les nombreux adversaires du système copernicien n'ont jamais allégué contre lui qu'il avait été condamné par un jugement infaillible.
L'infaillibilité du Pape mise hors de cause, l'on peut s'étonner à bon droit de l'erreur des juges du Saint-Office. Il y a cependant de bonnes raisons qui expliquent, et même justifient, leur conduite On a dit que la condamnation de Galilée était le résultat d'une machination tramée contre lui par des adversaires jaloux, que le pape Urbain VIII se serait reconnu dans le « Dialogue » sous le personnage un peu ridicule de Simplicio dans la bouche duquel se trouvait un argument que le pape, alors qu'il n'était encore que le cardinal Maffeo Barberini, avait opposé à Galilée, et que son amour-propre blessé l'aurait poussé à la vengeance. Quoi qu'il puisse y avoir de vrai dans ces allégations, il y eut d'autres raisons plus sérieuses qui déterminèrent les juges de l'Inquisition à prononcer une sentence de condamnation, et ces raisons furent les suivantes. C'était alors une règle courante en exégèse, — et cette règle n'a pas changé, — que les textes de la Sainte Écriture doivent être pris dans leur sens propre quand l'interprétation contraire n'est pas imposée par des motifs tout à fait valables. Or, à cette époque, l'on interprétait les passages en question, et en particulier, celui où Josué commande au soleil de s'arrêter, au sens propre et obvie, et par conséquent d'après le système astronomique de Ptolémée. Aussi longtemps que ce dernier système n'était pas démontré faux et que Galilée ne pouvait apporter aucune preuve péremptoire et scientifique de la vérité du système de Copernic, c'était le droit de la congrégation du Saint-Office, et même son devoir, de garder l'interprétation littérale et d'arrêter, par une décision disciplinaire, toute doctrine qui contredirait cette interprétation et voudrait substituer le sens métaphorique au sens littéral. Ajoutons que la Congrégation était d'autant plus portée à s'en tenir à l’interprétation traditionnelle que l'on se trouvait alors en pleine effervescence du protestantisme, et que, en prétendant interpréter les textes de la Sainte Écriture à sa façon, Galilée semblait favoriser la théorie du libre examen.
C. Dans quelle mesure peut-on dire que l'Église a frappé un innocent et que Galilée est un martyr de la science?Qu'il ait eu à souffrir pour la défense de ses idées, que, mis dans l'alternative d'avoir à les sacrifier ou de désobéir à l'Église, il ait enduré dans son intelligence et dans son cœur de cruelles tortures, la chose ne semble pas contestable. Mais dire, que l'Église l'a martyrisé, c'est aller un peu loin.
— 1. Tout d'abord, il est faux de prétendre qu'il fut forcé d'abjurer une doctrine qu'il savait être certaine. Il lui semblait bien par les expériences qu'il avait faites que le système de Copernic était une hypothèse plus vraisemblable que celle de Ptolémée, mais de la vérité de cette hypothèse il n'eut jamais la certitude évidente.
— 2. Encore moins peut-on dire qu'il fut traité avec rigueur. « On peut défier les plus fanatiques de citer où et quand, pendant ou après son procès, Galilée aurait subi une heure de détention dans une prison proprement dite.»(Gilbert, Revue des Questions scientifiques, 1877.) Le pape Paul V admirait Galilée et lui donna de nombreuses marques de bienveillance. — L'on objecte, il est vrai, qu'URBAiN VIII le fit menacer de la torture. Mais cette menace, qui ne fut d'ailleurs pas exécutée, était un des moyens juridiques d'alors, analogue à l'isolement et au secret dont on se sert aujourd'hui, pour provoquer les aveux des prévenus. Il serait, d'autre part, injuste de dire qu'URBAiN VIII fut dur à son égard puisque, le lendemain de sa condamnation, le 23 juin 1633, Galilée fut autorisé à quitter les appartements du Saint-Office où il devait être détenu, et à se rendre dans le palais de son ami, le Grand-Duc de Toscane ; d'où il put bientôt repartir pour sa villa d'Arcetri. Et c'est là qu'il mourut, après avoir reçu tous les ans une pension que le Pape lui accordait depuis 16.30.
D. La condamnation de Galilée a-t-elle vraiment entravé les progrès de la science?« Accordons sans peine que les décrets de l'Index ont pu empêcher ou retarder la publication de quelques ouvrages, tel le Monde de Descartes ; mais, de bonne foi, peut-on affirmer que le triomphe du système en a été reculé?... L'accord avec l'expérience pouvait seul donner à l'hypothèse de Copernic une confirmation décisive, et les décrets de l'Index n'empêchaient personne de chercher à réaliser cet accord. »( Pierre de Vregille, art. Galilée (Dict. d'Alès)
Conclusion.— De ce qui précède il résulte que, si la condamnation de Galilée fut, de la part de la Congrégation du Saint- Office et même des papes Paul V et Urbain viii. une erreur infiniment regrettable, elle n'atteint en rien la doctrine de l'Église sur l'infaillibilité pontificale, pas plus qu'elle ne témoigne d'une hostilité systématique contre la science et le progrès.