Je trouve étrange que la tonsure ait été abandonnée par la quasi totalité des ordres et congrégations de la mouvance traditionaliste, à l'exception des moines (et encore, Fontgombault y a renoncé).
A ma connaissance, les seuls prêtres séculiers (ou assimilés) qui l'aient conservée sont les prêtres de l'Administration Apostolique Saint-Jean-Marie-Vianney du diocèse de Campos.
Je n'ai jamais obtenu de raison sérieuse qui explique cet abandon dont l'exemple a été donné par Mgr Lefebvre lui-même. Je dis "sérieuse" parce que celle que j'ai entendue ne me paraît pas l'être : "C'est en prévision de persécutions que les prêtres ne la portent plus, afin qu'ils puissent plus facilement se cacher". On peut faire disparaître une tonsure en quelques secondes en se rasant la tête et, de toutes les manières, quand la tonsure a été supprimée, il n'existait pas de persécutions du clergé dans les pays catholiques où elle était portée.
Il existe deux bonnes raisons qui militeraient en faveur de la réintroduction de la tonsure. Tout d'abord son antiquité. On en trouve une trace dans les Actes des Apôtres (18, 18) et la Tradition atteste que St Pierre portait une forme de tonsure. Le refus de cette marque de consécration a été une manifestation supplémentaire (avec l'abandon de l'habit religieux) de tout ce qui contribuait à sacraliser la personne du prêtre.
La deuxième raison est que comme la soutane, la tonsure est une protection pour celui qui la porte. Une soutane ça se troque facilement contre un habit civil. Une tonsure oblige à porter un couvre-chef si on veut la dissimuler temporairement.
Il semblerait que l'abandon de la tonsure trouve son origine dans la pratique du clergé anglo-saxon. Les Américains, même avant 1972 (date officielle de son abandon), ne la portaient pas. De même les Anglais et les Irlandais. Les persécutions que le clergé catholique a subi dans les îles Britanniques jusqu'au XIXème siècle en sont sans doute la raison. Cela explique aussi, probablement, que le clergé américain, majoritairement d'origine irlandaise (notamment la hiérarchie), ne la portait pas.