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forum marmhonie des religions
Forum franco-chinois de l'histoire des religions et des civilisations. 中法宗教與文明史論壇。日仏宗教史フォーラム。फ्रेंको-इंडियन फोरम ऑफ रिलिजन एंड सिविलाइजेशन। 종교와 문명사를 위한 한불포럼.
Messages : 2839 Date d'inscription : 04/04/2019 Localisation : Asie
Sujet: Vatican II, de l'utopie à l'hérésie Sam 27 Avr - 14:20
Vatican II, de l'utopie à l'hérésie
Un relent de Sillon L’avant-propos veut inviter « toutes les personnes qui portent dans le cœur la foi en Dieu et la foi dans la fraternité humaine, à s’unir et à travailler ensemble ». Cette invitation à travailler à l’avènement d’une fraternité humaine « en sauvegardant la création et tout l’univers et en soutenant chaque personne », est à rapprocher du Sillon de Marc Sangnier (1873-1950) que le pape saint Pie X condamnait dès 1910.
Il s’agissait alors d’une vaste utopie où, sous les grands mots de « la dignité humaine, de la liberté, de la justice et de la fraternité », les modernes novateurs emmenés par Sangnier prétendaient rénover l’Eglise et construire une nouvelle humanité. Ils en appelaient à la naissance d’un nouveau monde où une fraternité mal comprise, basée sur une vague et fausse notion de la dignité humaine, se substituerait à la véritable charité basée sur la foi.
Le saint pape Pie X y voyait la ruine du catholicisme : « Plus étranges encore, effrayantes et attristantes à la fois, sont l'audace et la légèreté d'esprit d'hommes qui se disent catholiques, qui rêvent de refondre la société dans de pareilles conditions et d'établir sur terre, par-dessus l'Eglise catholique "le règne de la justice et de l'amour", avec des ouvriers venus de toute part, de toutes religions ou sans religion, avec ou sans croyances, pourvu qu'ils oublient ce qui les divise : leurs convictions religieuses et philosophiques, et qu'ils mettent en commun ce qui les unit : un généreux idéalisme et des forces morales prises "où ils peuvent".
« Quand on songe à tout ce qu'il a fallu de forces, de science, de vertus surnaturelles pour établir la cité chrétienne, et les souffrances de millions de martyrs, et les lumières des Pères et des Docteurs de l'Eglise, et le dévouement de tous les héros de la charité, et une puissante hiérarchie née du ciel, et des fleuves de grâce divine, et le tout édifié, relié, compénétré par la Vie de Jésus-Christ, la Sagesse de Dieu, le Verbe fait homme ; quand on songe, disons-Nous, à tout cela, on est effrayé de voir de nouveaux apôtres s'acharner à faire mieux avec la mise en commun d'un vague idéalisme et de vertus civiques.
« Que vont-ils produire ? Qu'est-ce qui va sortir de cette collaboration ? Une construction purement verbale et chimérique, où l'on verra miroiter pêle-mêle et dans une confusion séduisante les mots de liberté, de justice, de fraternité et d'amour, d'égalité et d'exaltation humaine, le tout basé sur une dignité humaine mal comprise. Ce sera une agitation tumultueuse, stérile pour le but proposé et qui profitera aux remueurs de masses moins utopistes. Oui, vraiment, on peut dire que le Sillon convoie le socialisme, l'œil fixé sur une chimère ».
Il est douloureux de constater que le pape François met résolument ses pas dans le sillage des héritiers de Marc Sangnier, le fondateur du Sillon. Désormais c’est « au nom de Dieu », « au nom de l’âme humaine », « au nom des pauvres », « au nom des peuples », « au nom de la fraternité », « au nom de la liberté », « au nom de la justice et de la miséricorde » que catholiques et musulmans doivent s’engager par le dialogue à « répandre la culture de la tolérance, de la coexistence et de la paix ».
Rôle des religions dans la construction de la paix mondiale : hérésie et blasphème Le Document co-signé par le Pape verse dans le relativisme doctrinal et l’indifférentisme religieux. En effet, afin de promouvoir « les valeurs de la paix » et la fraternité humaine, la connaissance réciproque et la coexistence commune, « la sagesse, la justice et la charité », « le sens de la religiosité », etc., les religions diverses et variées sont présentées comme voulues par Dieu. Il n’y a plus, contrairement à ce qu’enseigne saint Paul, « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Ep. 4, 5), mais multitude de credos, la vraie foi se trouvant ravalée au rang des croyances inventées par les hommes et les démons. Voici ce que dit la Déclaration : « Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains ».
L’affirmation est fausse – c’est une hérésie – et l’attribution faite à la Sagesse divine est un blasphème. Le Fils de Dieu a clairement dit : « Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé » (Jn 10, 9). Et encore « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14, 6). C’est faire naufrage dans la confession de la vraie foi et manquer de charité envers les égarés, les infidèles ou les incroyants que de taire la vérité salvifique en affirmant que « le pluralisme et les diversités de religion… sont une sage volonté divine ». « Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? ou quelle part a le fidèle avec l'infidèle ? », demandait déjà saint Paul (2 Co 6, 15).
En se basant sur un tel faux principe, le Vicaire du Christ déroule en conséquence les libertés individuelles qui se trouvent dans la Déclaration des droits de l’homme comme dans la Déclaration conciliaire sur la Liberté religieuse : liberté de croyance, de pensée, d’expression et d’action, pour toute personne ou groupe religieux (cf. Dignitatis humanae, 7 décembre 1965). C’est le programme de la maçonnerie.
Vers quelle paix mondiale ? La Déclaration commune catholico-musulmane continue en demandant « la protection des lieux de culte – temples, églises et mosquées » et en insistant sur la condamnation du terrorisme, qui ne saurait instrumentaliser la religion. Une façon de dédouaner l’Islam oppresseur et conquérant, dont le cinquième pilier est pourtant le jihad ? Il est loisible de le penser, puisque le texte évoque vaguement « l’accumulation d’interprétations erronées des textes religieux » mais aussi les « politiques de faim, de pauvreté, d’injustice, d’oppression, d’arrogance… » (sic)
Enfin le Document recommande « d’établir dans nos sociétés le concept de la pleine citoyenneté et [de] renoncer à l’usage discriminatoire du terme minorités, qui porte avec lui les germes du sentiment d’isolement et de l’infériorité ». La Novlangue au service du nouveau monde et de l’intégration des populations musulmanes ?
Le texte ne serait pas complet sans un appel à reconnaître « le droit de la femme à l’instruction, au travail et à l’exercice de ses droits politiques », la défense des droits fondamentaux des enfants, des personnes âgées, des faibles, des handicapés, des opprimés, etc.
La Déclaration s’achève par l’engagement ferme de l’Eglise catholique et de l’Université Al-Azhar à coopérer en faisant connaître ce document, à en promouvoir l’application dans les domaines politiques, législatifs, scolaires et éducatifs, etc. Elle lance enfin de nombreux appels à la fraternité et à la prise de conscience « dans le but d’atteindre à une paix universelle ».
Pas de vraie fraternité sans charité catholique Pour comprendre à quel point cette Déclaration est nocive au véritable esprit catholique et à la vraie foi dans le vrai Dieu, il suffit de lire saint Pie X.
Dans sa Lettre Notre Charge apostolique du 25 août 1910 déjà citée, il explique ce que recouvre cette « notion de fraternité, dont ils [les novateurs] mettent la base dans l'amour des intérêts communs, ou, par-delà toutes les philosophies et toutes les religions, dans la simple notion d'humanité, englobant ainsi dans le même amour et une égale tolérance tous les hommes avec toutes leurs misères, aussi bien intellectuelles et morales que physiques et temporelles :
« Or, la doctrine catholique nous enseigne que le premier devoir de la charité n'est pas dans la tolérance des convictions erronées, quelques sincères qu'elles soient, ni dans l'indifférence théorique ou pratique pour l'erreur ou le vice où nous voyons plongés nos frères, mais dans le zèle pour leur amélioration intellectuelle et morale non moins que pour leur bien-être matériel. Cette même doctrine catholique nous enseigne aussi que la source de l'amour du prochain se trouve dans l'amour de Dieu, père commun et fin commune de toute la famille humaine, et dans l'amour de Jésus-Christ, dont nous sommes les membres au point que soulager un malheureux, c'est faire du bien à Jésus-Christ lui-même. Tout autre amour est illusion ou sentiment stérile et passager. Certes, l'expérience humaine est là, dans les sociétés païennes ou laïques de tous les temps, pour prouver qu'à certaines heures la considération des intérêts communs ou de la similitude de nature pèse fort peu devant les passions et les convoitises du cœur.
« Non, Vénérables Frères, il n'y a pas de vraie fraternité en dehors de la charité chrétienne, qui, par amour pour Dieu et son Fils Jésus-Christ notre Sauveur, embrasse tous les hommes pour les soulager tous et pour les amener tous à la même foi et au même bonheur du ciel. En séparant la fraternité de la charité chrétienne ainsi entendue, la démocratie, loin d'être un progrès, constituerait un recul désastreux pour la civilisation. Car si l'on veut arriver, et Nous le désirons de toute Notre âme, à la plus grande somme de bien-être possible pour la société et pour chacun de ses membres par la fraternité, ou, comme on dit encore, par la solidarité universelle, il faut l'union des esprits dans la vérité, l'union des volontés dans la morale, l'union des cœurs dans l'amour de Dieu et de son Fils, Jésus-Christ. Or, cette union n'est réalisable que par la charité catholique, laquelle seule, par conséquent, peut conduire les peuples dans la marche du progrès, vers l'idéal de la civilisation ».
C’est pour l’avoir oublié que les papes actuels poursuivent une chimère en prêtant la main au grand courant d’apostasie, d’indifférentisme et de confusion qui parcourt le monde. L’origine de cette déviation est à chercher dans le concile Vatican II et sa Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps : « en proclamant la très noble vocation de l’homme et en affirmant qu’un germe divin est déposé en lui, ce saint Synode offre au genre humain la collaboration sincère de l’Eglise pour l’instauration d’une fraternité universelle qui réponde à cette vocation » (Gaudium et Spes, n°3).
En adoptant les valeurs libérales du monde contemporain, l’Eglise a renoué avec l’idéologie du Sillon et son utopie que saint Pie X, pape de foi, avait pourtant condamnées.
Toute la crise actuelle de l’Eglise est là.
Septik
Messages : 418 Date d'inscription : 05/04/2019
Sujet: Re: Vatican II, de l'utopie à l'hérésie Sam 27 Avr - 14:21
un flic tabasse un curé dans une eglise c un sauvage
simple curieu
Messages : 1017 Date d'inscription : 05/04/2019
Sujet: Re: Vatican II, de l'utopie à l'hérésie Mer 7 Aoû - 10:56
Luther seul ne peut faire vraiment grand chose, il est mort. En admettant qu'un pape conciliaire oecuménique canonise Luther puisque la messe Vatican II est protestante, cela ne suffit pas devant l'effondrement de l'Eglise. La vie de débauche de Luther, sa haine contre Marie, l'ont conduit au suicide, ce qu'on sait trop peu. Il y a donc bien eu un grave péril, le R de la Réforme. Cela ne suffit pas. Il y manque les autres R cachés derrière : la Renaissance qui choisit la licence, la Révolution opposée à la Révélation, et la République qui laïcise et donc fait tomber dans l'indifférence. 4 R : le comte y est ! Contre ces 4 R terribles de Satan, un seul R du bon Dieu : le Rosaire !
mgr gaum
Messages : 853 Date d'inscription : 05/04/2019
Sujet: Re: Vatican II, de l'utopie à l'hérésie Sam 30 Mai - 8:21
Au temps de la grandeur de Rome, les romains croyaient que le cumul de toutes les religions état un bienfait social. Rome s'est effondrée de l'intérieur sur elle-même. Aujourd'hui ces papes conciliaires entendent rassembler toutes les hérésies et embrasser les bourreaux de l'antichritianisme.
undesdouze
Messages : 959 Date d'inscription : 06/04/2019
Sujet: Re: Vatican II, de l'utopie à l'hérésie Dim 16 Aoû - 17:25
La tristesse du post modernisme ou les regrets de Vatican II... :suspect:
La conquête de la lune pendant toute la décennie 1960, a contribué à créer cet "esprit du temps" dont Vatican II s'est tant voulu à l'écoute : l'homme s'émancipait de l'attraction terrestre et partait à la conquête des espaces sidéraux ; les Trente Glorieuses étaient à leur apogée ; la société du plein emploi voyait s'envoler le niveau de vie général ; la médecine faisait un bon de géant avec le développement de l'antibiothérapie.
Tout cela a suscité un optimisme extraordinaire, une confiance infinie dans les potentialités d'une humanité enfin parvenue à l'âge adulte.
Puis est venu le temps des désillusions, l'ère du soupçon, la crise économique, la crise de la famille, la crise de l'Église : le post-modernisme a succédé au modernisme.
Et nous vivons à présent les derniers soubresauts de notre civilisation. Nous sommes les contemporains d'Augustin d'Hippone contemplant amèrement, mais aussi dans l'espérance, l'effondrement de son monde. Vatican II est devenu une désillusion indéfendable. L'interdiction des pélerins dans la grotte de Lourdes à cause du coronavirus en est un triste exemple.
baiyu
Messages : 67 Date d'inscription : 18/01/2020
Sujet: Re: Vatican II, de l'utopie à l'hérésie Dim 29 Aoû - 19:10
Wahou ! Tous les papes depuis Vatican II, de Jean XXIII à Jean-Paul II, ont donc vécu comme des saints ! « Quant à Benoît XVI et [François], [ils sont] sur liste d'attente » (février 2018).
Ce concile est formidable, il ne produit que de bons fruits ! Tout va bien dans le meilleur des mondes !
undesdouze
Messages : 959 Date d'inscription : 06/04/2019
Sujet: Re: Vatican II, de l'utopie à l'hérésie Lun 13 Sep - 4:52
L’autre Vatican II par Aldo Maria Valli
Lors de la rencontre organisée le 30 janvier 2021 par le Bureau de la catéchèse de la Conférence épiscopale italienne (CEI), François a réaffirmé que « le Concile est le Magistère de l’Eglise », insistant : « soit vous êtes avec l’Eglise et donc vous suivez le Concile, et si vous ne suivez pas le Concile ou si vous l’interprétez à votre manière, comme vous le souhaitez, vous n’êtes pas avec l’Eglise ». Ce qui pourrait se traduire par : hors du Concile, pas de salut !
S’appuyant sur une citation de Paul VI, lors de la première assemblée de la CEI qui s’est tenue après le Concile, le pape François a désigné Vatican II comme le « grand catéchisme des temps nouveaux ».
Certes François visait ceux qui, toujours selon Paul VI, veulent « renégocier le Concile pour obtenir plus ». Mais on peut penser que ceux qui veulent ouvrir un débat théologique sur Vatican II pour dénoncer les fractures doctrinales dont il est la cause, sont – eux aussi – dans la ligne de mire du pape.
Dans cette perspective, le livre intitulé L’altro Vaticano II [L’autre Vatican II] que fait paraître le vaticaniste Aldo Maria Valli chez Chorabooks, ne risque pas de recevoir l’imprimatur du pape. Cet ouvrage collectif propose un regard à contre-courant sur le concile Vatican II, « un thème essentiel si l’on veut aborder la question de la crise de l’Eglise et de la foi elle-même », écrit le journaliste italien, rappelant : « Vatican II est issu d’une Eglise qui voulait plaire au monde, comme une mère aimante et douce, fiable et accueillante. Un désir compréhensible, mais qui [dans les faits] a ouvert la porte à l’apostasie. Jésus n’a jamais voulu plaire au monde, ni accorder de rabais d’aucune sorte afin de paraître sympathique et dialoguant. »
Sur son blogue, le 30 janvier, Aldo Maria Valli souligne la nécessité de « dé-dogmatiser » Vatican II : « un Concile qui se voulait non dogmatique [mais qui] est lui-même devenu un dogme. Si, au contraire, nous parvenons à le considérer comme un événement aux multiples visages, avec les espoirs qu’il nous a donnés, mais aussi avec toutes ses limites intrinsèques et les erreurs de perspective qui l’ont marqué, nous rendrons un bon service à l’Eglise et à la qualité de notre foi. Souvent, le fait de regarder en face les origines de la maladie provoque un sentiment de tristesse, et une impression insidieuse d’échec peut survenir. Néanmoins, cela doit être fait si nous voulons trouver le chemin de la guérison. »
L’ouvrage parvient à rassembler sur ce thème des personnalités aussi diverses, voire divergentes, que Enrico Maria Radaelli, le père Serafino Maria Lanzetta, le père Giovanni Cavalcoli, Fabio Scaffardi, Alessandro Martinetti, Roberto de Mattei, le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, Eric Sammons, Mgr Carlo Maria Viganò, Mgr Guido Pozzo, Giovanni Formicola, Don Alberto Strumia, Mgr Athanasius Schneider.
Et Aldo Maria Valli prévient : « dans ce livre, il y a place pour différentes modulations. Si le père Giovanni Cavalcoli, par exemple, écrit que les résultats pastoraux du Concile peuvent être débattus, mais que les doctrines doivent être acceptées, et si Mgr Guido Pozzo propose un chemin entre renouvellement et continuité, certains, comme Eric Sammons, admettent que s’ils ont autrefois défendu le Concile, ils le contestent maintenant ouvertement. Et si don Alberto Strumia, tout en admettant que le Concile a de nombreux défauts, soutient que nous ne devons pas en faire un bouc émissaire, Mgr Carlo Maria Viganò et Mgr Athanasius Schneider expliquent pourquoi la maladie moderniste doit être diagnostiquée en profondeur, afin de fournir un remède adéquat. »
Aldo Maria Valli rend hommage à Mgr Marcel Lefebvre qui, dès 1976, n’hésitait pas à publier son J’accuse le Concile [Editions Saint-Gabriel, Suisse] : « Un demi-siècle après la fin du Concile, il est enfin nécessaire d’approfondir la substance des questions posées par Mgr Lefebvre, mais aussi par de nombreux autres observateurs et représentants de l’Eglise, jusqu’aux positions récentes prises par Mgr Viganò et Mgr Schneider. »
L’herméneutique de la continuité ou le cercle carré Chez ces deux derniers prélats, la question se concentre sur « l’herméneutique de la continuité » promue par Benoît XVI en 2005. Le vaticaniste écrit fort justement à ce propos : « L’herméneutique de la continuité ne résiste pas à l’épreuve des faits. Par exemple, en ce qui concerne la royauté sociale du Christ et la fausseté objective des religions non chrétiennes, Vatican II marque une rupture avec l’enseignement des papes précédents et conduit à l’issue objectivement inacceptable de la déclaration d’Abou Dabi signée par François.
« Avec l’accusation que les critiques restent attachées à un passé qu’il faut surmonter, la nécessité de “dépasser” l’enseignement de tous les papes jusqu’à Pie XII, est implicitement affirmée. Mais “une telle position théologique”, observe Mgr Athanasius Schneider, “est en fin de compte protestante et hérétique, puisque la foi catholique implique une tradition ininterrompue, une continuité ininterrompue, sans rupture doctrinale et liturgique perceptible”. »
Aldo Maria Valli énumère les récents documents romains qu’il importe d’étudier lucidement : « Avec la déclaration d’Abou Dabi, ce sont Amoris lætitia, Laudato si’ et Fratelli tutti qui devraient nous inciter à réfléchir à l’ampleur de la rupture. Et là, il suffit de voir que l’encyclique sur la fraternité [Fratelli tutti] manque d’un horizon clairement surnaturel et de la proclamation de la vérité selon laquelle le Christ est la source indispensable de la vraie fraternité.
« La destruction de la foi catholique et de la sainte messe, non seulement tolérée mais souvent promue par les plus hautes autorités du Saint-Siège, ne peut laisser les baptisés inertes. Reconnaître les racines de la maladie est un devoir. Une résistance est nécessaire. Cette résistance doit être d’autant plus explicite et cohérente que la dogmatisation du Concile s’y oppose. »
De nouveau, le journaliste italien se réfère à Mgr Lefebvre : « Les problèmes sont arrivés très vite et certains ne les ont pas cachés. En témoigne l’affrontement dramatique qui a eu lieu à Castel Gandolfo le 11 septembre 1976 entre Paul VI et Mgr Marcel Lefebvre. “Vous êtes dans une position terrible ! Vous êtes un antipape”, s’est exclamé Montini. “Ce n’est pas vrai. Je cherche seulement à former des prêtres selon la foi et dans la foi”, a répondu le fondateur de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X.
« En relisant le contenu de cette très dure confrontation (grâce au procès-verbal dressé par Mgr Giovanni Benelli, alors substitut de la Secrétairerie d’Etat), on comprend que les questions sont sur la table depuis longtemps.
« A un certain moment, Paul VI s’est exclamé : “Vous avez dit au monde entier que le pape n’a pas la foi, qu’il ne croit pas, qu’il est un moderniste, etc. Je dois, oui, être humble, mais vous êtes dans une position terrible. Vous accomplissez des actes, devant le monde, d’une extrême gravité”.
« Et Mgr Lefebvre de répondre : “Ce n’est pas moi qui veux créer un mouvement, ce sont les fidèles qui sont déchirés par le chagrin et qui n’acceptent pas certaines situations. Je ne suis pas le chef des traditionalistes. Je suis un évêque qui, affligé par ce qui se passe, a essayé de former des prêtres comme il le faisait avant le Concile. Je me comporte exactement comme je le faisais avant le Concile. Je ne peux donc pas comprendre comment il est possible que je sois soudainement condamné pour le fait de former des prêtres dans l’obéissance à la saine tradition de la Sainte Eglise”. »
En rejetant la tentative de Benoît XVI de « sauver » le Concile au moyen de « l’herméneutique de la continuité », Aldo Maria Valli reprend le débat de Mgr Lefebvre avec Paul VI, il y a 45 ans : « Aujourd’hui, en l’an 2021, il serait temps de mettre de côté la malheureuse méthode de la “quadrature du cercle”, c’est-à-dire la tentative de justifier l’injustifiable. L’expression “herméneutique de la continuité” ne peut être utilisée comme une formule magique pour cacher la réalité, et la réalité est que le Concile a porté en lui les germes de la catastrophe qui est sous nos yeux aujourd’hui.
« Le paradoxe est que la demande de nombreux laïcs, à savoir que la clarté soit enfin établie, que les erreurs soient reconnues et corrigées, et que l’enseignement soit ramené à la tradition, est méprisée par ce que Mgr Athanasius Schneider appelle “la nomenklatura ecclésiastique”. Précisément les clercs qui, pendant des décennies, ont prêché et sollicité, au nom du Concile, un rôle de premier plan pour les laïcs, retombent aujourd’hui dans le cléricalisme le plus vil et enjoignent aux laïcs de plier, de se taire. “Mais les fidèles laïcs”, dit Mgr Schneider, “doivent répondre à ces clercs arrogants”. […]
« La vérité, comme le soutient Mgr Schneider, est que, au cours du concile Vatican II, “l’Eglise a commencé à s’offrir au monde, à flirter avec le monde, à manifester un complexe d’infériorité par rapport au monde”. Si avant le Concile, les clercs montraient au monde le Christ et non eux-mêmes, à partir du Concile, l’Eglise catholique a commencé à “implorer la sympathie du monde” et aujourd’hui, elle le fait plus que jamais, mais “cela est indigne d’elle et ne lui vaudra pas le respect de ceux qui cherchent vraiment Dieu”. »
L’herméneutique de la continuité et le rocher de Sisyphe Si, à propos de l’herméneutique de la continuité, Aldo Maria Valli parle de « quadrature du cercle », dans une étude parue sur le site américain One Peter Five, le 21 septembre 2020, Mgr Carlo Maria Viganò – lui aussi co-auteur de L’altro Vaticano II – parlait du « rocher de Sisyphe » :
« L’objectif des défenseurs publics de Vatican II apparaît comme l’épreuve imposée à Sisyphe : à peine parviennent-ils, au prix de mille efforts et de mille distinctions, à formuler une solution apparemment raisonnable qui ne touche pas directement leur petite idole, et voici qu’immédiatement leurs paroles sont désavouées par les déclarations en sens contraire d’un théologien progressiste, d’un prélat allemand, de François lui-même. Ainsi, le rocher conciliaire roule à nouveau vers la vallée, où la loi de la gravitation l’attire, là où est sa place naturelle. »
Et le prélat romain de préciser : « Il est évident que, pour le catholique, un concile est ipso facto d’une telle autorité et importance qu’il accepte spontanément ses enseignements avec une dévotion filiale. Mais il est tout aussi évident que l’autorité d’un concile, des pères conciliaires qui approuvent ses décrets et des papes qui les promulguent, ne rend pas moins problématique l’acceptation de documents qui sont en contradiction flagrante avec le Magistère, ou du moins l’affaiblissent.
« Et si cette problématique persiste après soixante ans – en parfaite cohérence avec la volonté délibérée des novateurs qui ont préparé les documents et influencé les protagonistes –, nous devons nous demander quel est l’obex, l’obstacle insurmontable qui nous oblige, contre toute raison, à considérer de force comme catholique ce qui ne l’est pas, au nom d’un critère qui vaut uniquement et exclusivement pour ce qui est certainement catholique.
« Il doit être clair que l’analogia fidei s’applique aux vérités de la Foi, précisément, et non à l’erreur, puisque l’unité harmonieuse de la Vérité dans toutes ses articulations ne peut pas chercher la cohérence avec ce qui lui est opposé. Si un texte conciliaire formule un concept hérétique ou proche de l’hérésie, il n’existe aucun critère herméneutique qui puisse le rendre orthodoxe, simplement parce que ce texte fait partie des actes d’un concile.
« Nous savons très bien quelles tromperies et quelles manœuvres habiles ont été mises en place par des conseillers et des théologiens ultra-progressistes, avec la complicité de l’aile moderniste des pères conciliaires. Et nous savons bien avec quelle connivence Jean XXIII et Paul VI ont approuvé ces coups de main, en violation des normes qu’ils avaient eux-mêmes approuvées.
« Le vice substantiel consiste donc à avoir frauduleusement conduit les Pères du Concile à approuver des textes équivoques – qu’ils considéraient suffisamment catholiques pour mériter leur placet –, puis à utiliser cette même ambiguïté pour leur faire dire exactement ce que les novateurs voulaient. […]
« Il faut noter que ce mécanisme inauguré par Vatican II a connu une recrudescence, une accélération, voire un essor sans précédent avec le pape Bergoglio, qui a délibérément recours à des expressions imprécises, astucieusement formulées en dehors du langage théologique, précisément dans l’intention de démanteler morceau par morceau ce qui reste de la doctrine, au nom de l’application du Concile. Il est vrai que chez lui, l’hérésie et l’hétérogénéité par rapport au Magistère sont évidentes et presque éhontées ; mais il est tout aussi vrai que la Déclaration d’Abou Dabi ne serait pas concevable sans la prémisse de Lumen gentium. […]
« Je conclurai en rappelant un fait qui me semble très significatif : si les Pasteurs s’étaient engagés avec la même force que celle déployée depuis des décennies pour défendre Vatican II et “l’Eglise conciliaire”, pour réaffirmer et défendre toute la doctrine catholique, ou ne serait-ce que pour promouvoir auprès des fidèles la connaissance du Catéchisme de saint Pie X, la situation du corps ecclésial serait radicalement différente. Mais il est également vrai que les fidèles éduqués dans la fidélité à la doctrine se seraient armés de fourches pour accueillir les falsifications des novateurs et de leurs protecteurs. »
Tel est bien le débat sur le Concile dont Mgr Brunero Gherardini (1925-2017) considérait à juste titre qu’il devait nécessairement être ouvert [Le concile Vatican II : un débat à ouvrir, Casa Mariana Editrice, 2009], et dont il déplora qu’il n’ait pas eu lieu [Le concile Vatican II : un débat qui n’a pas eu lieu, Editions du Courrier de Rome, 2011]. Les autorités romaines ne pourront pas éluder ce débat indéfiniment.
Source : DICI n°405
capland
Messages : 672 Date d'inscription : 05/04/2019
Sujet: Re: Vatican II, de l'utopie à l'hérésie Jeu 4 Nov - 0:05
L'utopie est la réalité de demain. S'il n'y avait pas eu d'utopistes, l'homme vivrait encore dans les cavernes. L. Campion
delaroche
Messages : 271 Date d'inscription : 10/01/2020
Sujet: Re: Vatican II, de l'utopie à l'hérésie Ven 9 Déc - 6:45
L'Eglise catholique abandonne ses fidèles, son patrimoine, ses églises, ses bibliothèques
Il n'y a plus que Nicolas Offenstadt, médiéviste marxiste, pour pleurer sur ce que les catholiques sont capables de faire avec des livres et des brochures en 2022...
Toutes ces congrégations autrefois prestigieuses, incapable de maintenir le flambeau de leurs derniers établissements.
Pauvre P. Bouyer...
Photos sur son compte tweeter.
J'ai aussi des photos de ce genre pour d'anciennes bibliothèques de séminaire... vaguement transformées en bibliothèques diocésaines. Quand un couvent de carmélite ferme, j'espère que vous ne croyez pas qu'il existe une structure interne pour s'inquiéter du sort des livres. J'ai assisté au tri qu'un vicaire provincial (dont je tais le nom) fit dans la bibliothèque des Dominicains de Dijon. Cela a duré une heure : ça, ça, ça pour le Saulchoir (en estimant les tranches d'imprimés en bon état), puis tout le reste, à Abidjan, si cela les intéresse ! Il y avait des bibliothèques personnelles de Frères Universitaires, avec leur unité. Des imprimés dominicains introuvables à la BM de Dijon... Or tout ne pouvait intéresser Abidjan, notamment les tirés à part d'histoire sur le moindre couvent dominicain d'Europe.
Et l'ABEF est depuis longtemps constituée pour moitié de modernistes qui n'ont aucun sens de la transmission et du patrimoine (association des bibliothèques ecclésiastiques de France). Il y a d'ailleurs eu un président prêtre nancéien très complaisant, qui devait plus lire Libé que l'Homme nouveau... Il succédait à un valeureux chanoine de Vannes, André Moisan, docteur d'Etat en littérature médiévale. Pas du tout le même calibre et le même monde. Le premier était prêt à couvrir toutes les erreurs épiscopales, non à protéger les livres ! Il existe toujours des braderies dans l'Eglise, où l'on sait appeler l'antiquaire de la grosse ville voisine pour se faire quatre sous (alors que les testaments des clercs avaient demandé que leurs livres fussent à jamais propriétés du diocèse...).
Quand l'immense bibliothèque jésuite de Chantilly a fermé, des kilomètres sont allés à la BM de Lyon...
Cela écorcherait La Croix de faire sa Une une fois l'an avec ce genre de photos ? C'est l'anti-intellectualisme post-conciliaire appliqué.
delaroche
Messages : 271 Date d'inscription : 10/01/2020
Sujet: Re: Vatican II, de l'utopie à l'hérésie Ven 9 Déc - 6:50
UNE ANCIENNE BIBLIOTHÈQUE ET UNE CHAPELLE DANS LE PLUS VIEUX COLLÈGE DE FRANCE
Chapelle, bibliothèque...
J'avais vu l'an dernier (et je crois l'avoir signalé ici) un beau livre sur les églises et chapelles abandonnées.
Etat de l'Eglise de France actuelle...
clic
Si Juilly était donné pour l'euro symbolique à la FSSP ? ou la FSSPX ?
Je ne suis pas au fait du statut actuel.
Un ami expert en manuscrit me dit ce soir que le lieu a été pillé en bonne et due forme.
Le tribunal pénal machin chose devrait aussi pouvoir faire comparaître les supérieurs de cette congrégation pour haute trahison.
https://youtu.be/woHCjFTZ9YI
simple curieu
Messages : 1017 Date d'inscription : 05/04/2019
Sujet: Re: Vatican II, de l'utopie à l'hérésie Jeu 15 Juin - 12:11
Prêtre tradition contre prêtre conciliaire (archive) Cette archive numérisée d'une K7 VHS de l'époque de La 5, chaine de télévision française disparue, est un petit bijou. Elle montre un curé du Chardonnet contre le vieil escogriffe qui était encore jeune à l'époque. Les méthodes de diffamation sont restées identiques aujourd'hui. Et tout ce que le curé de l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet dans le Vème arrondissement de Paris reste toujours vrai, plus que jamais. Je suis sidéré par les méthodes des conciliaires qui, finalement, sont les plus intolérants de toute la chrétienté.