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| Covid-18. Des prélats catholiques signent un texte complotiste | |
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Bernardo Guy
Messages : 256 Date d'inscription : 10/01/2020
| Sujet: Covid-18. Des prélats catholiques signent un texte complotiste Mar 7 Sep - 2:52 | |
| Covid-19, des prélats catholiques signent un texte complotiste Dans un texte co-signé par plusieurs prélats, à l’initiative de Mgr Carlo Vigano, des personnalités catholiques ultra-conservatrices réclament la fin de l’interdiction des cultes dans les pays frappés par le coronavirus. Les promoteurs de cette pétition au contenu complotiste parlent d’un risque de « gouvernement mondial hors de contrôle. »
Parmi les voix catholiques qui se sont élevées ces dernières semaines pour réclamer la reprise des cultes dans les pays touchés par Covid-19, un texte publié jeudi 7 mai et relayé en France par l’hebdomadaire Valeurs Actuelles se distingue par sa virulence et sa tonalité complotiste. Se présentant comme un « appel pour l’Église et pour le monde aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté », il a été initié par Mgr Carlo Maria Vigano. L’ancien nonce apostolique aux États-Unis, en conflit ouvert avec le Pape François, a convaincu plusieurs dizaines de personnalités de signer cette pétition. Ils affirment que « sous prétexte de l’épidémie (…) les droits inaliénables des citoyens ont été violés, en limitant d’une manière disproportionnée et injustifiée leurs libertés fondamentales. »
« Gouvernement mondial »Les signataires voient dans la crise actuelle « un prélude inquiétant à la création d’un gouvernement mondial hors de tout contrôle. » Selon eux, « il existe des pouvoirs forts intéressés à créer la panique parmi la population dans le seul but d’imposer de façon permanente des formes de limitation inacceptables de la liberté. » A plusieurs reprises, ils reprennent des arguments qui circulent abondamment sur des sites populistes ou complotistes. Ils affirment que « les doutes croissent quant à l’effective contagiosité, à la dangerosité et à la résistance du virus », pointant seulement la responsabilité des médias dans la tonalité alarmiste des messages diffusés. Sans plus de précision, ils dénoncent aussi « des censures. »
Position intransigeanteLe texte s’attarde sur la question de la reprise des cultes. Les signataires sont sur une position intransigeante. « L’État, écrivent-ils, n’a pas le droit de s’ingérer, pour quelque raison que ce soit, dans la souveraineté de l’Église. » Ils demandent la suppression des limitations imposées jusqu’à présent et refusent à l’autorité civile « tout droit à interdire (…) le culte public. » S’adressant plus spécifiquement aux croyants, ils les enjoignent de « choisir (leur) camp : avec le Christ, ou contre le Christ. »
Trois cardinaux parmi les signatairesCette tribune se présente comme une pétition, dont la liste des signataires aurait vocation à s’élargir. Pour l’heure, elle compte plusieurs dizaines de noms, au premier rang desquels – outre Mgr Vigano – le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien préfet à la congrégation de la doctrine de la Foi, lui aussi en conflit avec le pape. Deux autres cardinaux ont signé : Joseph Zen, 88 ans, évêque émérite de Hong-Kong et Janis Pujats, 89 ans, évêque émérite de Riga (Lettonie). Parmi les signataires (1) figurent plusieurs évêques, des prêtres ainsi que des scientifiques, médecins, journalistes, avocats ou responsables associatifs qui ont tous en commun une sensibilité conservatrice. Le nom du cardinal Robert Sarah, souvent présenté comme l’un des chefs de fil des conservateurs à la Curie, figurait dans une première version, mais il a été rapidement retiré. « Je ne m’exprimerai pas sur cette pétition qui semble aujourd’hui occuper beaucoup certaines personnes, déclare-t-il vendredi 8 mai sur son compte Twitter. Je laisse à leur conscience ceux qui veulent l’exploiter dans un sens ou un autre. J’ai décidé de ne pas signer ce texte. J’assume parfaitement mon choix. »
(1) Liste complète à retrouver ici. Source La Croix | |
| | | Babeth
Messages : 415 Date d'inscription : 13/11/2019
| Sujet: Re: Covid-18. Des prélats catholiques signent un texte complotiste Mar 7 Sep - 3:03 | |
| Le texte complotiste de Vigano et des ultrasLisant le texte de Mgr Viganò publié intégralement dans Valeurs actuelles1, dont l’intérêt est de manifester clairement les tenants et aboutissants d’une position ultra-conservatrice, la première question que je me suis posée est la suivante : n’est-ce pas perdre réellement son temps que de prendre en compte de tels écrits ? Le paradoxe est qu’il est effectivement vain de perdre son temps à prendre en compte de tels écrits, mais qu’il faut quand même prendre du temps pour expliquer pourquoi c’est vain ! La critique théologique des positions de Viganò pourrait bien être nécessaire – et je ne me déroberais pas entièrement à ce sujet – mais une telle démarche risque de passer à côté de l’essentiel.
Si les propos tenus sont théologiquement aberrants, la racine d’une telle aberration n’est pas théologique. La théologie mise en œuvre par l’auteur est en quelque sorte téléguidée par quelque chose qui n’est pas d’ordre théologique, qui est antérieur à la foi elle-même, qui agit dans le sous-sol de l’affirmation croyante et qui surdétermine la croyance religieuse. C’est à juste titre que la sociologue Laurence Kaufmann, professeure à la faculté des sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne, considère que ce texte relève de la mentalité complotiste. « Le complotisme, écrit-elle, n’offre pas la vision d’un désaccord, mais d’un monde séparé, où l’autre camp, identifié comme le mal, est à détruire. »2 En un sens, tout est dit, tout est mis à nu dans cette phrase. En me référant à des catégories qui eurent leur importance dans un certain marxisme, je dirais volontiers que les affirmations de Viganò constituent une superstructure idéologique et religieuse dont le secret se trouve ailleurs que dans ce qui est dit et confessé explicitement. Interrogeons-nous donc sur le sous-sol, sur l’infrastructure qui téléguide les propos tenus, tout en sachant que Viganò a de sérieux concurrents dans la dénonciation du complotisme, telle cette fake news se réclamant à tort d’un rapport Rockfeller de 2010 : la planification d’une pandémie était prévue pour installer une dictature mondiale. De nombreux autres exemples pourraient être donnés. Le présupposé est que le monde est divisé en bien et en mal, séparés l’un de l’autre. L’auteur et les autres cosignataires se rangent bien évidemment du côté du bien. Si les choses sont ainsi divisées, c’est parce qu’il y a un agent du mal qui agit pour faire en sorte que ce qui est bien paraisse mal et mal ce qui est bien. Ainsi, on découvre que le pouvoir prend des mesures favorables au développement de l’épidémie parce que, en réalité, il n’a pas d’autre objectif que de limiter nos libertés : « il existe des pouvoirs fort intéressés à créer la panique parmi la population dans le seul but d’imposer de façon permanente des formes de limitation inacceptable de la liberté. » Il s’agit de « favoriser l’isolement des individus afin de mieux les manipuler et les contrôler ». Evidemment, tout est fait pour « favoriser l’ingérence des puissances étrangères ». La forteresse du bien est assiégée. Une Eglise érigée en forteresse A cette dénonciation du rôle joué par les pouvoirs en place, vient s’ajouter une affirmation inséparable de cette dénonciation : le règne nécessaire de la liberté individuelle et de la liberté sacrée de l’Eglise. En effet, il s’agit bien tout d’abord de la liberté personnelle. Relèvent de celle-ci, pêle-mêle, le droit de visiter les personnes âgées alors que l’on cherche à les pénaliser, le droit de refuser les vaccins, le droit de refuser des méthodes de suivi. Mais l’essentiel de l’agression est de porter atteinte à la liberté de l’Eglise. Là le document renvoie très clairement à une conception de l’Eglise-forteresse qui doit se défendre contre un pouvoir politique qui entend restreindre sa liberté, notamment en matière cultuelle. A lire ce document, on a l’impression que l’Eglise est une puissance souveraine assiégée par un « Etat (qui) n’a pas le droit de s’ingérer, pour quelque raison que ce soit, dans la souveraineté de l’Eglise». En effet, «les droits de Dieu et des fidèles sont la loi suprême de l’Eglise ». Du point de vue théologique, cette approche de l’Eglise s’apparente plus au temps de la chrétienté qu’au monde actuel. Tout d’abord, l’expression « droits de Dieu » est insoutenable. Comme si le Dieu de Jésus-Christ n’avait pas précisément renoncerà ses soi-disant droits : « il s’est anéanti prenant la condition d’esclave » (Philippiens 2, 7) et, s’il s’est ensuite «relevé» de cette condition, ce n’est justement pas pour retrouver la toute-puissance d’un pouvoir illimité. Quant à l’Eglise, elle est d’abord et avant tout une communauté fraternelle en Christ, et non pas, comme c’est le cas dans ce texte, une institution qui doit défendre son périmètre de pouvoir. L’Eglise fraternité est complètement absente. En revanche, la division est l’œuvre de l’ennemi étatique : « Nous nous trouvons en train de lutter contre un ennemi invisible, qui sépare les citoyens entre eux, les enfants des parents, les petits-enfants des grands-parents, les fidèles de leurs pasteurs, les étudiants des enseignants, les clients des vendeurs. » Et tout cela, nous assure-t-on, anéantit des « siècles de civilisation chrétienne ». Vieille nostalgie du temps de la chrétienté ! Il ne faut jamais renoncé au dialogue, mais encore faut-il qu’il soit possible. Et la première condition pour qu’il le soit est que l’on ne divise pas préalablement le monde en bien et en mal, car comment le bien pourrait-il dialoguer avec le mal et comment le mal pourrait-il dialoguer avec le bien ? A mon jugement, et à défaut de dialogue et de débat théologique, on ne peut que souhaiter aux signataires de ce texte, teneurs d’une vision puriste et manichéenne tant du monde que de l’Eglise, de méditer la parole du pharisien et du publicain. Cette lecture peut être aussi recommandée à ceux qui ne supportent pas le texte de Viganò, comme c’est mon cas, car cette parabole peut nous éviter de nous identifier au camp du bien. Alain Durand – Pour aller plus loin : 625. Golias Hebdo n° 625 (Fichier pdf)
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