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 Origines de la Révolution française

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Arsene
Alfred Billard
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marmhonie
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marmhonie
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marmhonie


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MessageSujet: Origines de la Révolution française   Origines de la Révolution française EmptyMer 26 Juin - 7:38

Origines de la Révolution française


En avant propos, rappelons que ce n'est pas le peuple qui a tué Louis XVI, à lire l'ouvrage de son valet Jean-Baptiste Cléry ("Journal de Cléry") qui l'accompagna dans la tour où il était prisonnier.

La mort de Louis XVI, la captivité de la famille royale au Temple, le mystère Louis XVII :
cette suite d'événements où l'histoire touche au mythe est par elle-même légendaire. Pour les connaître dans leur réalité quotidienne, il faut retourner aux rares pièces authentiques. Voici donc rassemblés ici trois témoignages majeurs : ceux de Cléry, le valet de chambre du roi, d'Edgeworth de Firmont, le confesseur du roi, enfin de la fille de Louis XVI et de MarieAntoinette, seule survivante du drame qui fit périr sa famille. Grâce à ces textes, nous pouvons revivre heure par heure, et comme si nous y étions, l'un des épisodes les plus émouvants de l'histoire de France
Journal de Cléry
Autre source
Origines de la Révolution française 190626123813635438

Idem, cette Révolution ne fut pas conduite ni produite par le peuple, elle est issue du jansénisme au XVII contre Louis XIV, et conduite par ce qui deviendra la Bourgeoisie.
Elle a décapitée l'Eglise de France et pour le Concordat, Bonaparte colla un pistolet sur la tête du pape en lui proposant de choisir entre sa signature et sa mort. Il a signé...
Du temps de Philippe le Bel, les papes préféraient mourir en martyrs.

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undesdouze

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MessageSujet: Re: Origines de la Révolution française   Origines de la Révolution française EmptyMer 26 Juin - 9:13

"A côté de ce qu'il y avoit de plus vertueux sur la terre, les conspirateurs avoient voulu placer ce qu'ils avoient trouvé de plus vil !"
Jean-Baptiste Cléry, Vallet du Roy Louis XVI.
https://forummarmhonie.forumotion.asia/t272-les-livres

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mgr gaum

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MessageSujet: Re: Origines de la Révolution française   Origines de la Révolution française EmptyJeu 30 Jan - 1:51

Mgr Freppel "La Révolution française et l'histoire de 1789"

Dans ce texte Monseigneur Charles-Émile Freppel démontre que les principes de 1789 conduisent automatiquement à la destruction du christianisme, et plus, de la Sainte Eglise Catholique. Il prévoit la sécularisation de la société, la substitution de Dieu par l’homme, la ruine de l’autorité, la disparition de la Foi et toutes les horreurs consécutives de la destruction en masse de l'homme par l'homme (et le XX siècle ne fut effectivement qu'un empilement de génocides !). Aucun catholique ne peut s'accommoder de l'idéal révolutionnaire si bien résumé par l'indigne Jules Ferry : "Mon but, c’est d’organiser l’humanité sans Dieu et sans roi." (Jules Ferry) Un ouvrage fondamental !
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Alfred Billard

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MessageSujet: Re: Origines de la Révolution française   Origines de la Révolution française EmptyJeu 30 Jan - 2:06

La doctrine de la Révolution : le rationalisme


La Révolution française est l’application du rationalisme à l’ordre civil, politique et social : voilà son caractère doctrinal, le trait qui la distingue de tous les autres changements survenus dans l’histoire des États. Car, on ne saurait trop le répéter, ce serait s’arrêter à la surface des choses, que d’y voir une simple question de dynastie, ou de forme de gouvernement, de droits à étendre ou à restreindre pour telle ou telle catégorie de citoyens. Il y a là toute une conception nouvelle de la société humaine envisagée dans son origine, dans sa constitution et dans ses fins.


L’objectif de la Révolution : la destruction du christianisme


Il ne serait même pas exact de vouloir réduire à une attaque fondamentale contre l’Église catholique l’œuvre commencée par la Constituante, poursuivie par la Législative et la Convention. Assurément la destruction du catholicisme en France, par la constitution civile du clergé d’abord, par la persécution violente, dans la suite, n’a cessé d’être le principal objectif des chefs de la Révolution.
Protestants et jansénistes les ont servis de leur mieux par leurs haines communes contre l’Église et la royauté. Mais si tout s’était réduit à faire triompher le schisme et l’hérésie, le mouvement antireligieux du dix-huitième siècle n’eût pas différé sensiblement de celui du seizième ; or, bien que la Réforme lui ait préparé la voie, en attaquant le principe d’autorité sous sa forme la plus élevée, la Révolution française a été bien autrement radicale dans ses négations. De là vient, comme nous le montrerons plus loin, que les États protestants eux-mêmes sont demeurés plus ou moins réfractaires à ses théories.
Non, ce n’est pas seulement l’Église catholique, sa hiérarchie et ses institutions, que la Révolution française entend bannir de l’ordre civil, politique et social. Son principe comme son but, c’est d’en éliminer le christianisme tout entier, la révélation divine et l’ordre surnaturel, pour s’en tenir uniquement à ce que ses théoriciens appellent les données de la nature et de la raison.
Lisez la « Déclaration des droits de l’homme » soit de 89, soit de 93, voyez quelle idée l’on se forme, à ce moment-là, des pouvoirs publics, de la famille, du mariage, de l’enseignement, de la justice et des lois : à lire tous ces documents, à voir toutes ces institutions nouvelles, on dirait que pour cette nation chrétienne depuis quatorze siècles, le christianisme n’a jamais existé et qu’il n’y a pas lieu d’en tenir le moindre compte. Attributions du clergé en tant que corps politique, privilèges à restreindre ou à supprimer, tout cela est d’intérêt secondaire. C’est le règne social de Jésus-Christ qu’il s’agit de détruire et d’effacer jusqu’au moindre vestige.

La Révolution ou Dieu banni de ce monde


La Révolution, 
c’est la société déchristianisée ; 
c’est le Christ refoulé au fond de la conscience individuelle, 
banni de tout ce qui est public, de tout ce qui est social ; 
banni de l’État, qui ne cherche plus dans son autorité la consécration de la sienne propre ; 
banni des lois, dont sa loi n’est plus la règle souveraine ; 
banni de la famille, constituée en dehors de sa bénédiction ; 
banni de l’école, où son enseignement n’est plus l’âme de l’éducation ; 
banni de la science, où il n’obtient plus pour tout hommage qu’une sorte de neutralité non moins injurieuse que la contradiction ; 
banni de partout, si ce n’est peut-être d’un coin de l’âme où l’on consent à lui laisser un reste de domination.
La Révolution, c’est la nation chrétienne débaptisée, répudiant sa foi historique, traditionnelle, et cherchant à se reconstruire, en dehors de l’Évangile, sur les bases de la raison pure, devenue la source unique du droit et la seule règle du devoir. Une société n’ayant plus d’autre guide que les lumières naturelles de l’intelligence, isolées de la Révélation, ni d’autre fin que le bien-être de l’homme en ce monde, abstraction faite de ses fins supérieures, divines, voilà dans son idée essentielle, fondamentale, la doctrine de la Révolution.


Unité dans l’antichristianisme des rationalistes déistes et athées


Or qu’est-ce que cela, sinon le rationalisme appliqué à l’ordre social, rationalisme déiste ou athée ? Car, depuis son origine jusqu’à nos jours, la Révolution française n’a cessé d’osciller entre ces deux termes, allant du déisme de Voltaire et de Rousseau à l’athéisme de Diderot et d’Helvétius, mais toujours constante dans son dessein de déchristianiser un ordre social où le Christ avait régné pendant quatorze siècles. La haine du surnaturel restera son trait caractéristique.
Au début, elle semble vouloir respecter certaines vérités dans lesquelles la philosophie du dix-huitième siècle résumait la religion naturelle, telles que l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme. Le déisme importé d’Angleterre selon la formule de Bolingbroeke, Collins, Toland, Tindal, paraît devenu le programme officiel. C’est en présence de l’Être suprême que les constituants de 1789 promulguent la « Déclaration des droits de l’homme ». Mais ce document même explique, mieux que toute autre chose, avec quelle facilité et par quel enchaînement rigoureux de faits et d’idées on allait passer du rationalisme déiste au rationalisme athée. Tant il est vrai que dans un pays où la logique exerce un si grand empire, on s’arrête difficilement à moitié chemin, du moment qu’on déserte la tradition pour se lancer dans l’inconnu !

L’homme source de l’autorité, de la loi et de la vérité


C’est en présence de l’Être suprême que les constituants de 1789 font leur déclaration de principes. Fort bien !
Mais cette mention de Dieu en tête de leur profession de foi est-elle autre chose qu’un hors-d’œuvre ? 
A-t-elle la moindre influence sur l’ensemble de leurs doctrines politiques et sociales ?
Est-ce en Dieu qu’ils cherchent le principe et la source de l’autorité ? 
Nullement : c’est dans l’homme, et dans l’homme seul.
La loi est-elle pour eux l’expression de la raison et de la volonté divines déterminant et ordonnant ce qu’il faut faire et ce que l’on doit éviter ? Pas le moins du monde. 
La loi est pour eux l’expression de la volonté générale, d’une collectivité d’hommes qui décident en dernier ressort et sans recours possible à aucune autre autorité, de ce qui est juste ou injuste.
Existe-t-il, à leurs yeux, des vérités souveraines, des droits antérieurs et supérieurs à toute convention positive, de telle sorte que tout ce qui se ferait à l’encontre serait nul de plein droit et non avenu ? Ils n’ont même pas l’air de soupçonner l’existence de ce principe en dehors duquel tout est livré à l’arbitraire et au caprice d’une majorité.
Si le peuple est souverain, y a-t-il au moins des limites à cette souveraineté dans des lois que Dieu, législateur suprême, impose à toute société ? Pas un mot indiquant qu’une déclaration des droits de l’homme implique nécessairement une déclaration corrélative de ses devoirs.
Dans le système philosophique des constituants de 1789, qui est la vraie doctrine de la Révolution française, tout part de l’homme et revient à l’homme, sans aucun égard à une loi divine quelconque. La nature et la raison humaine sont l’unique source et la seule mesure du pouvoir, du droit et de la justice. 
C’est par suite et en vertu d’un contrat d’intérêts que les hommes se réunissent en société, font des lois, s’obligent envers eux-mêmes, sans chercher en dehors ni au-dessus d’eux le principe de l’autorité et le lien de l’obligation. Plus de droit divin d’aucune sorte ; la justice est humaine, toute humaine, rien qu’humaine.

Le terme du mécanisme révolutionnaire : la société sans Dieu


Peu importe, par conséquent, qu’on laisse le nom de l’Être suprême au frontispice de l’œuvre comme un décor ou un trompe l’œil : en réalité, l’homme a pris la place de Dieu, et la conséquence logique de tout le système est l’athéisme politique et social.
Il ne s’agira donc plus seulement pour la Révolution française de détruire l’État chrétien, la famille chrétienne, le mariage chrétien, la justice chrétienne, l’enseignement chrétien. Non, ce qu’elle se verra conduite à vouloir établir, par la logique de son principe, c’est l’État sans Dieu, la famille sans Dieu, le mariage sans Dieu, l’école sans Dieu, le prétoire sans Dieu, l’armée sans Dieu, c’est-à-dire l’idée même de Dieu bannie de toutes les lois et de toutes les institutions.

Permanence de la volonté de substitution l’homme à Dieu


Est-ce que j’exagère le moins du monde ? 
Est-ce que, à cent ans de 1789, nous ne retrouvons pas exactement les mêmes formules dans la bouche et sous la plume de tous ceux qui se réclament des plus pures traditions de la Révolution ? 
Ne sont-elles pas près de passer, si ce n’est déjà fait, dans le droit public et dans la pratique quotidienne des choses ?
On s’étonne parfois que des hommes de gouvernement cherchent à les appliquer avec tant d’opiniâtreté, au risque de nuire à leurs propres intérêts et de soulever contre eux une bonne partie de l’opinion publique. Mais c’est qu’il est très difficile de se soustraire aux conséquences, tant qu’on retient le principe.
Substituer l’homme à Dieu comme principe de la souveraineté, c’était proclamer l’athéisme légal ; dès lors, par une suite toute naturelle, cet athéisme officiel ne pouvait manquer d’imprimer sa marque à toutes les manifestations de la vie publique. C’est le triste spectacle que nous avons sous les yeux ; et, pour en être surpris, il faudrait ne pas se rendre un compte exact de ce qu’il y au fond du mouvement révolutionnaire de 1789.
Car, on voudra bien le remarquer, ce n’est pas dans les excès ni dans les crimes de 1793 que nous cherchons le caractère doctrinal de la Révolution française. Certes, ces épouvantables forfaits ont une relation directe avec les vœux que formait Diderot :

Citation :
Et ses mains, ourdissant les entrailles du prêtre, En feraient un cordon pour le dernier des rois 1.

Sous l’excitation d’un demi-siècle de diatribes furieuses et de calomnies atroces, on vit surgir en France une bande de scélérats tels qu’il ne s’en était jamais vu sur la scène du monde. Auprès des forcenés dont je ne veux même pas citer les noms, les Césars païens les plus cruels pouvaient passer pour des hommes modérés ; et c’est avec raison que Macaulay a pu appeler ces massacres à froid « le plus horrible événement que raconte l’histoire ». Tant il est vrai que l’idée de Dieu une fois disparue, il fait nuit dans l’âme humaine, et qu’on peut y prendre au hasard le vice pour la vertu, et le crime pour la légalité ! Mais laissons là ces pages sanglantes pour aller au fond des doctrines.
Ce n’est pas en 1793, mais bien en 1789 que la France a reçu la blessure profonde dont elle souffre depuis lors, et qui pourra causer sa mort si une réaction forte et vigoureuse ne parvient pas à la ramener dans les voies d’une guérison complète.
C’est en 1789 qu’en renonçant à la notion de peuple chrétien pour appliquer à l’ordre social le rationalisme déiste ou athée, ses représentants ont donné au monde le lamentable spectacle d’une apostasie nationale jusqu’alors sans exemple dans les pays catholiques.
C’est en 1789 qu’a été accompli, dans l’ordre social, un véritable déicide, analogue à celui qu’avait commis, sur la personne, de l’Homme-Dieu, dix-sept siècles auparavant, le peuple juif, dont la mission historique offre plus d’un trait de ressemblance avec celle du peuple français. À cent ans de distance le cri : « Écrasons l’infâme » a trouvé son écho dans cet autre cri, expression plus dissimulée, mais non moins fidèle de la même idée : « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! »
1 Diderot, Les Eleuthéromanes
Source
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Arsene

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MessageSujet: Re: Origines de la Révolution française   Origines de la Révolution française EmptyJeu 30 Jan - 3:29

Très intéressant tout ça. Une question que vous trouverez peut-être naïve : peut-on faire un parallèle entre la révolution française et mai 68 ?
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Alfred Billard

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MessageSujet: Re: Origines de la Révolution française   Origines de la Révolution française EmptyLun 3 Fév - 7:59


Arsene a écrit:
Très intéressant tout ça. Une question que vous trouverez peut-être naïve : peut-on faire un parallèle entre la révolution française et mai 68 ?
On peut le faire parce que la révolution est permanente. Il faut soigneusement noter les trois points suivants :
« La révolution est la haine formelle de tout ordre dans lequel l’homme n’est pas reconnu comme roi et Dieu tout ensemble » (Mgr Gaume). Elle est l’établissement d’un système politique, économique et moral, centré sur l’homme mis à la place de Dieu.
La révolution est l’égout collecteur de toutes les hérésies. Elle est donc à la fois :

  • Naturalisme, en niant le péché originel et ses conséquences ; l’homme est bon par nature, et n’a pas besoin de Notre Seigneur Jésus-Christ, de Sa grâce et de Son Église.
  • Humanisme, mettant l’homme à la place de Dieu, au centre du monde.
  • Subjectivisme, en prétendant que l’homme fait sa propre vérité, déterminant ce qui est vrai et faux.
  • Libéralisme, en donnant les mêmes droits à la vérité et à l’erreur. 

 
 L'histoire de la révolution commence avec Adam et Eve qui se rebellent contre les ordres de Dieu:  « non seviam »,  « je refuse de servir, d'obéir ». A quoi rattacher la révolution de mai 68? Il y a eu plusieurs stades.
1- La révolution HUMANISTE ou RENAISSANCE (XIV - XVème siècles).
Sous l’influence d’Erasme (1466-1536), l’homme devient le centre de la société : c’est la fin de la société « théocentrique » du Moyen Age. La vie surnaturelle s’affaiblit dans les âmes alors que la cour du Roi François Ier recherche les plaisirs du monde ; c’est la « Re-Naissance » sur des principes humanistes et naturalistes. On renait sans Dieu. L'homme se fabriquera lui-même, il décidera de devenir homme ou femme, d'avoir ou non des enfants.
2- La révolution PROTESTANTE (XVI – XVIIèmes siècles)
Le moine débauché et apostat Martin Luther (1483-1546) tente d’éliminer l’influence de l’Église sur les âmes en détruisant le Saint sacrifice de la Messe, la plupart des sacrements et la Grâce. La Cène n'est plus qu'un repas sans le sacrifice aà l'autel qui a la forme d'un tombeau avec ses reliques de saints. Ils mettent à la place une table de cuisine. 
3- La révolution LIBERALE, révolution dite française (XVIIIème siècle).
Après le travail de sape préparé par la Franc Maçonnerie (fondée par Desgulliers en 1717) et le philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1804), l’esprit de liberté, égalité, fraternité explose dans la révolution américaine (1776) et la révolution française (1789).
4- La révolution COMMUNISTE (1917)
Préparée par le Manifeste Communiste du juif Karl Marx (1818-1883), écrit en collaboration avec le philosophe allemand Engels (1820-1895), la révolution russe éclate en 1917.
Avec Engels, c’est la notion même de vérité qui disparaît : la thèse (le vrai) se mélange à l’anti-thèse (le faux) pour produire une synthèse (la nouvelle vérité). Cette nouvelle vérité se mélange alors avec la nouvelle anti-thèse pour produire une nouvelle synthèse...
Ce processus diabolique se perpétue continuellement : c’est là le principe de la révolution permanente : la vérité est en mutation constante. Il n’y a donc pas de vrai : la vérité n’existe plus ou n’existe subjectivement que dans la cervelle de chaque individu. Chacun est donc libre d’avoir sa propre vérité.
5- La révolution MODERNISTE (depuis la mort du Pape Pie XII, en 1958).
Le démon peut maintenant travailler en totale impunité à l’intérieur même de l’Église. Déjà condamné en 1907 par le Pape Saint Pie X, le modernisme explose avec le concile Vatican II (1961-1965), sous la forme de trois bombes à retardement : la Liberté Religieuse (la liberté révolutionnaire), la Collégialité (l’égalité révolutionnaire) et l’Œcuménisme (la fraternité de 1789).
6- La révolution SATANIQUE en mai 1968. 
On la voit aujourd’hui partout : c’est la loi naturelle qui saute. Saturés de vices « selon la nature », les hommes recherchent maintenant les vices « contre nature » (homosexualité, rock and roll, pornographie, euthanasie...). De « théocentrique » (société du Moyen Age, centrée sur Dieu), la société est devenue « anthropocentrique » (centrée sur l'homme) avant de devenir « démonocentrique » (le démon devient le centre et le dieu de la nouvelle société : c’est le « Nouvel Age »).
http://dame-marie.e-monsite.com/
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Arsene

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MessageSujet: Re: Origines de la Révolution française   Origines de la Révolution française EmptyLun 3 Fév - 18:27

Je ne pensais ce sujet si intéressant et riche. Ce qui y est dit paraît censé et vrai. Merci.
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al'zheimer

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MessageSujet: Re: Origines de la Révolution française   Origines de la Révolution française EmptyMar 4 Fév - 1:55

L'exposé est bien construit. Le travail est complet. L'Histoire est une grande dame qui est sans cesse bafouée avec cette autre qu'est la Justice.
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undesdouze

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MessageSujet: Re: Origines de la Révolution française   Origines de la Révolution française EmptyJeu 5 Mar - 21:37

Ce livre de Mgr de Ségur (le fils de la célèbre Comtesse de Ségur) est un classique du genre:
Sur le point de mourir, un de nos plus illustres évêques dévoilait naguère la haine et les projets de la Révolution contre le Souverain Pontife. “Le pape, écrivait-il de sa main défaillante, le pape a un ennemi: la Révolution. Un ennemi implacable, qu’aucun sacrifice ne saurait apaiser, avec lequel il n’y a point de transaction possible. Au début, on ne demandait que des réformes. Aujourd’hui, les réformes ne suffisent pas. Démembrez la souveraineté temporelle du Saint-Siège; jetez aux mains de la Révolution, morceau par morceau, tout le patrimoine de saint Pierre, vous n’aurez pas satisfait la Révolution, vous ne l’aurez pas désarmée. La ruine de l’existence temporelle du Saint-Siège est moins un but qu’un moyen, c’est un acheminement vers une plus grande ruine. L’existence divine de l’Eglise, voilà ce qu’il faut anéantir, ce dont il ne doit rester aucun vestige. Qu’importe, après tout, que la faible domination dont le siège est à Rome et au Vatican soit circonscrite dans des limites plus ou moins étroites? Qu’importent Rome même et le Vatican? Tant qu’il y aura sur terre ou sous terre, dans un palais ou dans un cachot, un homme devant lequel deux cent millions d’hommes se prosterneront comme devant le représentant de Dieu, la Révolution poursuivra Dieu dans cet homme. Et si, dans cette guerre impie, vous n’avez pas pris résolument contre la Révolution le parti de Dieu, si vous capitulez, les tempéraments par lesquels vous aurez essayé de contenir ou de modérer la Révolution n’auront servi qu’à enhardir son ambition sacrilège et à exalter ses sauvages espérances. Forte de votre faiblesse, comptant sur vous comme sur des complices, je ne dis pas assez, comme sur des esclaves, elle vous sommera de la suivre jusqu’au terme de ses abominables entreprises. Après vous avoir arraché des concessions qui auront consterné le monde, elle aura des exigences qui épouvanteront votre conscience.”


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hiramabif

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MessageSujet: Re: Origines de la Révolution française   Origines de la Révolution française EmptyVen 27 Mar - 1:45

Les origines de la révolution française sont dans le fanatisme.

La vogue que connurent au XVIIIe siècle les termes de « fanatisme » et de « fanatique » n’a pas laissé d’imprégner les esprits d’une réprobation qui, jusqu’à nos jours, s’est attachée à la défense intransigeante et outrancière d’une communauté, d’un parti, d’une idée, d’une opinion. En dépit de son acception péjorative, la notion même de fanatisme est restée fidèle à son sens initial, dépourvu de malveillance. Que désigne en effet le mot « fanatique », dérivé de fanum (temple) ? Un devin inspiré, chargé d’interpréter les augures. Plus particulièrement, un prêtre du culte de Bellone, qu’un délire sacré pousse à se mutiler et à verser son sang. Que Bellone, plus tard confondue avec Cybèle, soit la déesse du sol, de la patrie, de la guerre laisse entendre assez clairement comment le furieux qui pratique l’automutilation se mue en forcené qui mutile les autres. Ce fut pendant longtemps et pour bien des sociétés une vertu. L’évolution des mœurs, plus de douceur et moins de gloire militaire ou militante, ont fait du fanatisme un vice, qui ne dédaigne pas, à l’occasion, de se dissimuler sous les signifiés plus avenants de fidélité à une cause, d’esprit d’entreprise, de forte personnalité ou de martyre d’un juste combat.

Le souvenir du devin inspiré ne s’est pas perdu dans l’usage moderne du concept. Le fanatique s’exprime dans le transport d’une fureur divine. La voix démesurée d’un dieu a fait choix de sa faiblesse et de son humilité pour qu’y retentisse une vérité souveraine. Il s’abaisse et se vide de sa substance humaine afin qu’une transcendance le possède et l’emplisse de sa présence invisible. Pourquoi, se réduisant à rien pour recevoir le tout, ne verrait-il pas d’un œil froid l’anéantissement de ceux qui ne partagent pas son sentiment ? Le fait que s’incarne en lui le mandement du ciel, de l’État, de la patrie, de la cause du peuple l’a élu parmi les serviteurs de l’absolu. Légataire d’une vérité universelle, il n’a de comptes à rendre à personne ni à lui-même ; et, comme une vérité d’un ordre aussi élevé exige un renoncement aux plaisirs d’être humain, elle ne peut qu’en appeler, pour assurer le triomphe de l’esprit, aux rigueurs les plus inhumaines. Peut-être n’y a-t-il rien de plus redoutable que cette pensée qui s’arrache du corps pour le dominer, que cet esprit se séparant de la terre pour la mieux gouverner au nom du ciel.



1. Du fanatisme des autres à l’« Encyclopédie »

Comme l’aruspice, le fanatique connaît l’avenir. Il prédit le fatum, le destin inexorable, le fatidique. Le destin n’est rien d’autre que la réalisation de la vérité qui s’échappe de sa bouche, comme les révélations d’une pythie. Mais de lui, à la différence de la pythie, la vérité exige que ses mots soient des actes, qu’il brandisse le glaive du verbe, par lequel, en se sacrifiant, il a mérité de sacrifier le monde entier. Ainsi, la grandeur mythique – l’énormité du mensonge, en d’autres termes – se bâtit sur la petitesse du fanatique. De là, le soupçon qu’il n’y ait pas d’empire, de royaume, de république, d’État qui n’érige sa munificente imposture sur un socle de boue et de sang, de guerre, de répression et de révolution « dévorant ses enfants ».

Il s’est conservé, dans l’absolue sujétion à une idée, quelque manière de cette castration dont la pratique est imputée aux sectateurs de Cybèle. Détourner le corps de ses inclinations naturelles pour le soumettre à un régime d’ascétisme et de discipline qui le rendît plus réceptif à la volonté divine ou aux directives du parti, n’est-ce pas lâcher la proie pour l’ombre, refuser la réalité terrestre pour les chimères célestes, préférer au vivant une forme abstraite qui le comprime et le mutile ? N’y a-t-il pas dans l’archaïque distinction du corps et de l’esprit une séparation qui mutile l’un et l’autre ? Le fanatisme, contempteur du corps et adorateur du monde des idées, envenime une blessure si communément ressentie aujourd’hui qu’elle soutient la vogue des médecines psychosomatiques, comme elle cherchait jadis à s’apaiser dans l’enivrement des conflits d’intérêts. Le fanatique est le serviteur d’un monde qu’il identifie à un temple. S’enorgueillissant d’être au bas de la pyramide et de ne prendre ses ordres que d’en haut, il est le dernier en fait et le premier dans le reflet magnifique que lui renvoie le miroir de l’au-delà. L’idée est tout et l’être n’est rien, tel est l’argument du fanatisme. Dans une civilisation où la représentation sociale a plus d’importance que l’authenticité du vécu, où il faut croire par tradition à ce qui déprécie la vie, comment le fanatique ne serait-il pas de tous les partis ?

L’ironie des choses a voulu qu’un des premiers à parler sur un ton méprisant du fanatisme fût Bossuet, un des plus zélés protagonistes de l’absolutisme religieux. Dans l’Oraison funèbre de la reine d’Angleterre, il stigmatise les quakers, « gens fanatiques, qui croient que toutes leurs rêveries leur sont inspirées ». De même dira-t-il des quiétistes que, « s’estimant très parfaits dans leur esprit, ils s’imaginent être mus par l’inspiration [...], ce qui est pur fanatisme » (Sommaire des maximes des saints). Pour Bossuet, le fanatique n’est pas, comme on le pourrait penser aujourd’hui, Louis XIV révoquant l’édit de Nantes, mais l’illuminé, celui qui, répondant de sa conduite devant son seul Dieu, dédaigne les guides suprêmes de l’Église romaine. L’attaque visait les protestants, qui sont raillés pour la diversité de leurs sectes et auxquels, suivant l’usage polémique, le prélat applique le commun dénominateur de l’enthousiasme, c’est-à-dire de l’identification à Dieu. Ceux-ci entrent à leur tout dans la querelle. En 1723, le pasteur Turretin publie son Préservatif contre le fanatisme. Sa démarche rappelle celle de Bossuet. Elle se disculpe des reproches adressés aux protestants par les catholiques en départageant par une frontière rigoureuse l’orthodoxie calvino-luthérienne et les sectes divagatrices, les nomades de la Réformation. N’est donc pas fanatique Calvin, qui fit chasser Castellion, exécuter Jacques Gruet, brûler Servet, mais Münzer, l’anabaptisme, la communauté des quakers.

Le fanatisme est alors décrit comme une maladie contagieuse, difficile à guérir, comme la peste hérétique dont se plaignait l’Inquisition du Moyen Âge. Il y faut des médecins, qui sont les prêtres et les pasteurs, usant au besoin du scalpel de la justice séculière. Au début du XIXe siècle, l’abbé Pluquet, répertoriant les hérésies dans son Mémoire pour servir à l’histoire des égarements de l’esprit humain par rapport à la religion chrétienne, appellera encore fanatisme l’erreur de ceux qui s’écartent inconsidérément de l’orthodoxie et fondent leur foi sur le seul sentiment d’un dialogue intime avec Dieu. Il désapprouve la cruauté des châtiments appliqués à des insensés qui ne méritaient d’autre sanction que le silence, assorti de quelque thérapie discrète et appropriée. On reconnaît, dans une opinion que n’eût pas désavouée, un siècle et demi plus tard, la psychiatrie soviétique, l’effet du siècle des Lumières et, en particulier, de cette nouvelle mouture de l’obscurantisme plaisamment qualifiée de despotisme éclairé.

Le déclin de l’absolutisme, la fin de l’immobilisme économique qui en soutenait l’existence, l’essor de la libre entreprise et de la notion de liberté qu’elle propageait dans son sillage, tout concourait à porter le vocable « fanatisme » au nombre des mots clés du XVIIIe siècle. L’Encyclopédie de 1777 ne lui consacre pas moins de dix-sept colonnes (l’article est de M. Deleyre, « auteur de l’analyse de la philosophie du chancelier Bacon »). C’est dès lors un concept à la mode. Il circule, avec sa sœur ennemie, la tolérance, frappant la religion qui vacille et la tyrannie qui radote, passant de la main à la main, d’un parti à un autre, déchaînant des passions qui ont parfois l’ardeur de la vie et plus souvent la froideur des idéologies. Voltaire s’en fait le parangon. Il en use avec autant de généreuse éloquence qu’il met de prudence à ne pas gâter les appuis qu’on lui ménage du côté du pouvoir et à tirer de secrets bénéfices du trafic des nègres, où il a des intérêts, en homme d’affaires avisé et curieux de tout. Sa Henriade comporte un combat épique de la tolérance contre le fanatisme, monstre sorti des ténèbres et crachant l’obscurantisme dans la noire fumée des bûchers. C’est « le plus cruel tyran de l’empire des ombres » : « Il vient, le Fanatisme est son horrible nom / Enfant dénaturé de la Religion. » Ailleurs, Voltaire parlera de « cet absurde fanatisme qui rompt tous les liens de la société ». Le propos reste, plus qu’il n’y paraît, dans l’esprit de Bossuet. Les liens de la société, ce qui relie les hommes entre eux, n’est-ce pas la religio ? La modernité de Voltaire tient à ce qu’il prône une religion rénovée, une religion éclairée, dont la raison suffise à éloigner les insensés. Cette religion n’est autre que la philosophie : « Sans la philosophie, écrit-il, on aurait deux ou trois Saint-Barthélemy par siècle [...]. Le fanatisme allume la discorde et la philosophie l’éteint. »

L’Église pressent le danger de ce mouvement de désacralisation dont Voltaire se fait le porte-parole et qui traduit l’émancipation de la vieille ancilla theologiae, la servante de la théologie. Du fanatisme, l’abbé Bergier affirme : « C’est l’épouvantail dont se servent les incrédules pour faire peur à tous ceux qui sont tentés de croire en Dieu ». Mais qu’est-ce qu’une religion sans la conviction qu’elle est la seule vraie ? Par un mouvement irréversible, la philosophie va se substituer à elle. Le règne du mythe unitaire – du monde comme temple et représentation divine – se termine ; celui des idéologies commence. Or la philosophie diffère-t-elle radicalement de la religion ? N’est-elle pas comme elle une pensée séparée de la vie, une domination de l’esprit sur la liberté de nature ? Nicolas Linguet est bien de cet avis lorsque, dans son pamphlet, Le Fanatisme des philosophes, paru en 1776, il retourne l’argument contre la « secte orgueilleuse [...] où ils ont la fureur de publier leurs opinions ». En les traitant d’« enthousiastes dogmatiques », sait-il qu’il annonce les ravages des grandes idéologies à venir, des causes, nécessairement sacrées, que seront la patrie, la race, le socialisme, le nationalisme, le communisme, autant de prétextes à sacrifier sur l’autel de l’abstraction des générations d’êtres humains qui se fussent contentées de plus de bonheur et de moins de gloire ? La référence de Linguet au dogme de la raison universelle et à l’intrusion divine de l’enthousiasme souligne assez par quel biais l’essence de la religion se perpétue dans les idéologies, si profanes, si antireligieuses qu’elles se veuillent. Bien que l’ouvrage fasse la part belle aux facilités outrancières de la polémique, il faut lui accorder le mérite d’avoir soupçonné que, sous les habits de l’émancipation et de la liberté, le fanatisme sacrificateur n’avait rien perdu de sa volonté exemplaire.

2. Fanatisme et esprit religieux

Outre qu’elle s’accorde avec le sens originel du mot, l’idée qu’il n’y a de fanatisme que religieux trouverait aisément à se confirmer dans le fait que la religion est partout présente où règne le pouvoir de l’esprit sur le corps et l’autorité d’un homme sur ses semblables. Tant que les hommes, persuadés de leur impuissance native, persisteront à s’agenouiller à la promesse d’un réconfort que leur misérable attitude leur interdit dès l’abord de recevoir, le fantôme des dieux morts continuera de les hanter et de les jeter éperdument dans une aventure où ils sont assurés de se perdre. Du temps que les mutations économiques – telles que le passage de la structure agraire au capitalisme, la transformation du capitalisme monopolistique en capitalisme d’État – autorisaient le succès momentané de leurs entreprises, les régimes totalitaires n’ont jamais eu de peine à fanatiser le citoyen, à qui la religion de l’État et le culte d’un pouvoir infaillible garantissaient le salut . Nazisme, stalinisme, maoïsme ne le cédèrent en rien à la faveur des archaïques autodafés.

Séparé de la jouissance d’une vie qu’il sacrifie au nom d’une vie désincarnée et parfaitement « idéale », le fanatique en appelle rageusement à l’unité, unité avec Dieu, avec l’Église, avec l’État, avec l’Esprit saint. Et il se montre d’autant plus forcené que lui manque cruellement l’unité fondamentale, celle qui le réconcilierait avec son corps, avec le plaisir du vivant. Être fragmentaire, souffrant d’un combat qui le dresse contre lui-même, il dénonce les diviseurs du parti, les déviants de la ligne droite, les ennemis sournois de la vertu. Pureté de la race ou pureté du marxisme, c’est toujours dans l’image d’une propreté absolue que s’absout la saleté du linge de famille, de secte, de faction. Extirpant de soi la part la plus humaine, qu’il juge entachée de faiblesse, le fanatique manie volontiers le couperet de la rigueur, qui départage impitoyablement le sain de l’avarié. Il faut la cynique candeur de Robespierre pour parler de la « sainte guillotine » et proclamer froidement : « La Révolution n’est que le passage du règne du crime à celui de la justice. » On ne peut mieux dire. Aussi bien est-ce un aveu qui siérait aux fanatiques de la punition pénale, à ceux qui exorcisent, par le moyen des peines de prison, voire de mort, infligées aux malfaiteurs, la malfaisance des pulsions réprimées qu’ils emprisonnent en eux.

Parmi l’espèce proliférante de ces « maniaques destructeurs de leur être », l’Encyclopédie distingue deux catégories principales : « Dans un tempérament flegmatique, il produit l’obstination qui fait les zélateurs ; dans un naturel bilieux, elle devient frénésie [...]. Toute l’espèce est divisée en deux classes. La première ne fait que prier et mourir, la seconde veut régner et massacrer. »Peut-être faut-il convenir que les deux classes, le plus souvent, n’en forment qu’une ; de même que coexistent en chaque être humain l’actif et le passif, la dureté et la mollesse, le prêtre et le philosophe, le policier et l’insurgé, la raideur et le laisser-aller. Un état succède à l’autre, selon un mouvement de balancier prévisible, mais non cependant sans qu’une fonction particulière, un métier, une responsabilité sociale, un rôle ne viennent favoriser, cristalliser l’une ou l’autre attitude.

Il existe ainsi un singulier encouragement au fanatisme, c’est de confondre le développement des facultés d’éveil de l’enfant et ce que l’on appelait, il n’y a pas si longtemps, la formation du caractère. Ceux qui se flattaient jadis que leur enfant eût du caractère, une manière d’inflexibilité, de raideur opiniâtre qui passait pour la marque d’une « personnalité », savent depuis Wilhelm Reich quels ravages a causés cette carapace qui réprime et refoule les pulsions du corps. Il existe un puritanisme de l’ordre, comme du reste de la subversion, qui ne laisse pas de se débonder, sous couvert de devoir, de rigueur, d’exemplarité, en une inhumaine cruauté. La propreté de la race exige la grande lessive des camps de concentration, la pureté de l’Église ou de la république jacobine a besoin de bûchers et de guillotines, le goulag sauve un certain marxisme des révisions qui en troubleraient la clarté. Toute cela se défend, s’argumente, se raisonne, se conteste. Le malaise vient, pour qui examine, avec le recul du temps, les sanglants conflits religieux, politiques, idéologiques, sociaux qui ont dressés l’un contre l’autre les justes et les injustes, de ce qu’au fanatisme de la tyrannie répond trop souvent le fanatisme empanaché de liberté.

C’est que, indépendamment de la couleur idéologique de tel ou tel engagement, il existe, dans le fait même de s’engager pour une idée, une sorte d’imposture, voire de malformation. Comment sacrifier son inclination naturelle au bonheur et espérer pour l’humanité tout entière une félicité que l’on se refuse au départ ? Le mépris de la jouissance en tant que manifestation de vie conduit l’individu tout autant que les sociétés à une sclérose du comportement, qui est le terrain d’élection du fanatisme. Le défoulement répond au refoulement aussi sûrement que le libertinage à l’austérité des mœurs, l’émeute au despotisme, la révolte à l’autorité, le diable à Dieu. Ceux qui cherchent, pour reprendre l’expression du pasteur Turretin, des préservatifs contre le fanatisme feraient bien d’en découvrir les causes moins dans la perversité des doctrines et des opinions que dans le corps arraché à ses plaisirs, mis impitoyablement au travail, militarisé au service de cet esprit qui entend le dominer et le gouverner, comme le ciel des idées n’a cessé, jusqu’à présent, d’imposer à la terre l’abstraction de ses lois.

S’il existe en chacun une propension au fanatisme ordinaire, elle tient non à la nature humaine mais à sa dénaturation. Que le devoir et la contrainte soient inconciliables avec le sentiment de bonheur et de sérénité indique suffisamment où le bât blesse. Chaque fois que l’appel des obligations quotidiennes fait taire et refoule les sollicitations de la jouissance, résonne l’objurgation de la vieille intransigeance : perinde ac cadaver. Le manque à vivre produit l’inflation des valeurs destructives, comme si l’énergie libidinale employait à se détruire la force qu’elle ne peut investir dans son accomplissement. Cette détermination à marcher au-devant de la mort, à devenir un héros, un saint, un martyr n’a-t-elle pas servi de modèle et d’enseignement à des générations d’écoliers que, selon l’expression consacrée, l’on « armait » ainsi pour « affronter » la vie ? S’étonnera-t-on que la tolérance n’ait été pour beaucoup que l’autre côté du fanatisme, son relâchement, la liberté des résignés de se laisser mourir de faim, d’ennui et, plus simplement encore, de ne rien contempler qu’avec les yeux de la mort ? Le Viva la muerte ! lancé par un général franquiste a été de tous les partis. La franchise du cri avait le mérite de mettre à nu les raisons les plus glorieusement invoquées pour envoyer les combattants de tous bords à la grande réconciliation de l’abattoir. Ôtez des consciences le memento mori que des siècles de mépris de l’homme pour l’homme y ont inscrit, et le fanatisme s’éteindra faute de combustible. Le feu que la littérature romantique voyait briller dans l’œil du fanatique est bien le feu par lequel se consument, en rêvant de consumer le monde, les êtres qu’un renoncement quotidien a conditionnés au réflexe de mort. Il n’y a pas de fanatisme de la vie.
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MessageSujet: Re: Origines de la Révolution française   Origines de la Révolution française EmptySam 6 Nov - 1:37

L'origine de la Révolution française est clairement antichrétienne/anti-catholique, la souche est clairement antichrétienne. Les francs-maçons ont était très impliqués, avec les athées et les suiveurs des Lumières. Augustin Barruel parle de ça dans son livre https://fr.wikisource.org/wiki/M%C3%A9moires_pour_servir_%C3%A0_l%E2%80%99histoire_du_jacobinisme/101

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MessageSujet: Re: Origines de la Révolution française   Origines de la Révolution française EmptySam 6 Nov - 2:35

Augustin Barruel: "Mémoires pour servir l'histoire du jacobisme".

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