Voici une étude d'un passage de Paul qui peut prêter à confusion, II Corinthiens XII. Je cite le
codex Graecus Vaticanus.
Voici le scan du passage de II Corinthiens XII-2
Je vous propose ma traduction et commentaires :
"Je connais un humain en Christ voici quatorze ans, soit dans son corps ? - je ne sais pas - , soit hors de son corps - je ne sais pas - , Dieu sait. Un tel homme enlevé jusqu'au troisième ciel."Commentaires :*
ΟΙΔΑ : Il s'agit du parfait au sens présent.
"Je connais" va bien en français si vous savez que cela signifie qu'il a des égards, que Paul a compris, qu'il en a été capable. On pourrait presque y retrouver ce qu'il dit dans Ephésiens, V-5 :
"sachez-le bien". Le choix de
"je connais" me parait de loin être le meilleur en français puisqu'on sait que le lecteur ne sait pas lire le grec, sans quoi il n'a plus besoin de traduction imparfaite. C'est plus fort que
"je vois dans ma mémoire un homme" car il y a cette nuance d'égards, Paul témoigne qu'il est capable de savoir sur cet homme. Cependant on va constater que ce savoir n'a rien de décisif parce que ce chapitre XII traite de l'
orgueil justement.
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ΟΥΧΟΙΔΑ :
"ne pas je sais". C'est à dire exactement l'opposé de ΟΙΔΑ : ΟΥΧ ΟΙΔΑ. Qu'est-ce que cela veut dire ? Il va le répéter une seconde fois : ΟΥΧΟΙΔΑ. Donc lui Paul, il ne sait pas ! Mais qui sait alors ? Paul nous le dit et c'est son propos :
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ΘΕΟΣΟΙΔΕΝ :
"Dieu sait". ΘΕΟΣ ΟΙΔΕΝ. Ah, ce n'est plus du tout pareil, c'est un martyr personnel qu'il rend, un témoignage intime. Lui ne sait pas qui est cet
"humain". Attention, ne pas traduire par
"un homme". Non, il le précise au verset suivant, un humain qui est :
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ΤΟΝ ΤΟΙΟΥΤΟΝ ΑΝΘΡΩΠΟΝ :
"ce tel humain". Il n'y a pas de connaissance pure, et il le répète encore au verset 3, ΘΕΟΣ ΟΙΔΕΝ, "Dieu sait".
Paul n'utilise le temps présent JE CONNAIS, il utilise le parfait au sens présent. Lui témoigne, seul Dieu sait mais lui ne sait pas. Quatre occurrences de Paul qu'il n'en sait rien et deux occurrences que "Dieu sait".
Cela n'est surtout pas à ses yeux, ce n'est pas des yeux physiques, c'est une vue mystique. On pourrait comparer Paul ici à
Ramakrishna.
Verset 4 :
ΗΡΠΑΓΗ ΕΙΣΤΟΝ ΠΑΡΑΔΕΙΣΟΝ : il a été enlevé (enlever, pas élever ! ) au Jardin, au Paradis de sa Genèse. Dès lors, revenu devant YHWH, il peut de nouveau le voir
"face à face", ce qui n'était pas permis seulement à Moïse. C'est toute l'espérance de Job, le diable lui a tout pris, et Job se traine dans la mort, comment peut-il encore croire en son Dieu ? Parce que Job va enfin pouvoir le voir. C'est tellement beau. Eh bien, c'est ce que dit Paul, quelle merveille pour cet humain, mais un humain du genre humain, lui ou un autre :
"il a entendu des ineffables paroles que n'est pas permis à l'humain de dire". Nous rendons-nous compte de cet appel mystique de Paul ? Sa mémoire est imparfaite, il ne sait pas, parce que lui est resté en bas, son Seigneur a été
élevé, l'humain a la promesse d'être
enlevé et enfin d'entendre ce que lui, Paul, il ne lui est par permis seulement de prononcer. Le New Age propose de confondre et prétend que l'être humain sera "élevé", mais non.
Nous atteignons en II Corinthiens XII un sommet de la mystique et Paul emploie à plusieurs reprises le mot Dieu : II Corinthiens XII-2 et 3 :
"ΘΕΟΣ ΟΙΔΕΝ".
"Dieu sait". Et quel savoir !
C'est très beau parce que, tandis que cet humain, [i]"tel humain", c'est à dire que c'est très imprécis chez Paul, est revenu au Jardin d'Adam, à la Genèse devant le bois de la Connaissance qui a perdu son genre humain, lui le pauvre Paul, il erre,
"soit dans son corps, soit hors de son corps, je ne sais pas". Comme son âme, comme l'âme de Paul pleure presque, comme il aimerait que ses larmes remontent, soit enlevées aussi, non pour disparaitre, mais pour revenir. Lui, il tombe toujours, tout de son être tombe, même ses larmes.
"ΠΡΟ ΕΤΩΝ ΔΕΧΑΤΕΣΣΑΡΩΝ" ;
"voici quatorze ans", depuis cet instant où Paul parle, et non depuis la crucifixion de Jésus.
"ΑΝΘΡΩΠΟΝ ΕΝ ΧΡΙΣΤΩ" :
"un humain en Christ". Celui-ci dont il parle est
"tel humain" & qu'importe lequel, le sujet de son paragraphe XII est l'ORGUEIL. Paul nous explique XII-5 combien pour ce tel homme il s'enorgueille, mais pas pour lui-même, pauvre Paul qui ne peut montrer lui que ses faiblesses. Pour lui, il a une écharde dans sa chair, frappé par
"un ange de Satan" afin qu'il ne s'enorgueillisse jamais ! Il a prié le Seigneur de lui enlever, XII-8, trois fois. Pour lui, le Seigneur, le Christ, lui a répondu que c'est dans la faiblesse de Paul que la grâce s'accomplit.
Qu'il ne soit donc pas en plus une charge pour les autres.
J'espère que c'est plus clair une fois revenu dans ce codex du IV siècle.